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Alain Dousse, président de l’UPE 13 Aubagne-Gémenos-La Ciotat : « Le territoire de l’Est de la métropole ne peut pas rester sans solution de mobilité »


Rédigé le Mercredi 18 Novembre 2020 par Jacques Poulain


Le Val’tram remis sur les rails ? Mis sur pause en 2018, le projet de tramway périurbain appelé à relier Aubagne aux communes de l’arrière-pays revient discrètement à la lumière. La Métropole Aix-Marseille-Provence a relancé les études de ce Tcsp (transport en commun en site propre) selon un devis plus frugal (de 153 M€ à 136 M€) avec en ligne de mire un raccordement au réseau de transports marseillais. Une nouvelle mouture qui fait réagir Alain Dousse, président de l’UPE Aubagne-Gémenos-La Ciotat.


Le tracé du Val'Tram, tramway appelé à relier Aubagne à La Bouilladisse © DR
Le tracé du Val'Tram, tramway appelé à relier Aubagne à La Bouilladisse © DR
La Métropole relance le Val’Tram. Croyez-vous aux chances de voir le projet se concrétiser enfin ?
Alain Dousse : On a perdu cinq ans. Il faut arrêter de tergiverser. Ce projet doit avancer. Le territoire de l’Est de la métropole ne peut pas rester indéfiniment sans véritable solution de mobilité. Mais il reste à développer un projet réaliste qui puisse être mis en œuvre rapidement. Car en matière d’infrastructure, le mieux est souvent l’ennemi du bien... Si c’est pour relancer une opération que l’on sera incapable de financer, mieux vaut renoncer à s’engager dans une nouvelle série d’études. Ce que le pays d’Aix a été capable de réaliser en aménageant son bus à haut niveau de service (Bhns) à 100 millions d’euros en moins de trois ans, nous devrions être en mesure de faire de même dans le pays d’Aubagne. D’autant que la collectivité détient l’emprise de l’ancienne voie de Valdonne.

Les élus du territoire, Serge Perottino en tête (président du conseil de territoire du pays d’Aubagne), rêvent de raccorder le Val’Tram au réseau de tramway marseillais. Bonne idée ?
Sur le papier, c’est une idée pertinente. Si on veut que les gens utilisent les transports collectifs, il faut éviter les ruptures de charge. Mais est-ce techniquement réaliste ? Le tramway aubagnais pourra-t-il circuler sur les voies du réseau marseillais jusqu’à la Blancarde ? Si l’harmonisation des deux réseaux implique des travaux lourds, ne risque-t-on pas de nouveau de se trouver face à une équation financière insoluble ? Encore une fois, soyons pragmatiques : nous n’avons plus le temps d’attendre. En pointe, il faut parfois près d’une heure pour aller de La Bouilladisse à Aubagne. On doit impérativement désengorger la zone des Paluds et le haut de la vallée de l’Huveaune.

La Métropole a justement lancé le projet « Chronobus », le Bhns qui doit desservir la zone des Paluds. Le dossier avance, non ?
Effectivement. C’est un premier pas. On nous annonce des travaux pour 2022 en vue d’une mise en service en 2024. Mais ce sera un Bhns qui ne sera en site propre que sur un tiers de son parcours (2,2 km sur 6,4 km). Le projet aura au moins le mérite de rénover la chaussée dans la zone des Paluds.

La gratuité des transports publics reste en vigueur dans le pays d’Aubagne. Etes-vous favorable à cette mesure ?
La gratuité a un coût qui est aujourd’hui en grande partie supporté par les entreprises par le truchement du versement transport. Ce dernier est passé de 0,6 au plafond de 2% de la masse salariale (ndlr. des entreprises de plus de 9 salariés). Or, en dix ans, l’offre de Tcsp ne s’est étoffée que d’un petit tronçon de tramway qui circule dans le centre d’Aubagne, de la gare Sncf au Charrel (sur 2,3 km). On paie pour un service qui reste notoirement insuffisant. En outre, on subit toujours une inégalité de traitement en matière de desserte autoroutière : un Aixois qui va à Marseille ne paie pas pour emprunter l’autoroute ; s’il vient à Aubagne, il paie 3,70 euros. Et le tarif ne cesse d’augmenter : il y a vingt ans, le péage coûtait 4 francs.




Jacques Poulain




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