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En 2023, la spirale des incertitudes n’est pas une fatalité


Rédigé le Mercredi 1 Mars 2023 par Jean-Christophe Barla


En présentant le 28 février leurs enquêtes de conjoncture sur la région et la Métropole, la Banque de France Provence-Alpes-Côte d’Azur et la CCI Aix-Marseille-Provence ont démontré que les entreprises ont de la ressource, malgré les crises. Et qu’investir est la meilleure façon de s’en sortir.


Nicolas Ferand, Philippe Deveau, Jean-Christophe Ehrhardt, Serge Hincker, Eric Salle et Maurice Wolff se sont partagés l’évocation de la conjoncture économique ressentie par les entrepreneurs (photo JC Barla).
Nicolas Ferand, Philippe Deveau, Jean-Christophe Ehrhardt, Serge Hincker, Eric Salle et Maurice Wolff se sont partagés l’évocation de la conjoncture économique ressentie par les entrepreneurs (photo JC Barla).
Par le passé, les enquêtes de conjoncture disaient mesurer « le climat des affaires ». Le terme s’est perdu, mais depuis trois ans, la température s’est sensiblement élevée dans les entreprises régionales qui essuient les tempêtes les unes après les autres en s’efforçant de ne pas dévier de leur cap. Si elles en ressortent secouées et bien trempées, parfois ébranlées par des avaries pour certaines, elles tiennent bon dans une météo appelée à rester agitée encore plusieurs mois… Le 28 février, la Banque de France Provence-Alpes-Côte d’Azur et la CCI Aix-Marseille-Provence ont analysé au Palais de la Bourse les remontées des dirigeants qu’elles ont interrogés dans l’industrie, les services marchands et la construction, pour tirer le bilan de 2022 et évaluer leur ressenti pour 2023. Les motifs d’inquiétude, les préoccupations sont réels sur la hausse des coûts de l’énergie, les problèmes d’approvisionnement en matières premières, les difficultés à recruter la main d’œuvre apte à assurer la réalisation des carnets de commandes, l’élévation des taux d’intérêt, l’inflation, les comportements déroutants des consommateurs, un contexte géopolitique brinquebalé par les tensions… Pourtant, c’est la force du tissu économique régional à s’adapter à ces configurations changeantes qu’il semble primordial de ressortir. Parce qu’elle semble la plus porteuse d’espoir pour retrouver de la vitesse quand le temps s’apaisera.

Un bilan « moins horrible que prévu »

Pour 2022, Maurice Wolff, membre élu de la CCIAMP, et Jean-Christophe Ehrhardt, directeur régional de la Banque de France, et son adjoint aux affaires régionales, Eric Salle, opèrent le même constat pour les différents secteurs : les carnets de commandes se sont bien tenus, les investissements se sont plutôt poursuivis et l’emploi n’a pas pâti de circonstances perturbées et de l’altération des marges. Parfois, les performances sont même étonnantes pour la Banque de France avec des investissements estimés en 2022 à + de 31% dans les équipements électriques et électroniques et même 38,6% dans la fabrication de matériels de transports où une hausse de 46,9% est à nouveau prévue en 2023. Dans les services marchands, transports et entreposage ont vu le chiffre d’affaires grimper de 15,8% l’an dernier, et le monde de l’information/communication, rassuré par la reprise des grands événements, accroître ses investissements de 16,9% et projeter de progresser en 2023 en chiffre d’affaires, emploi et investissement. Dans la construction, le gros œuvre a le mieux tiré profit (+ 8,3%) du contexte positif de 2022 en production totale pour tous les segments du BTP, mais c’est le second œuvre qui a le plus investi (+ 14,2%). Pour 2023, la situation est plus mitigée, 58,5% des entreprises s’attendant à une stabilité de leur carnet de commandes, 23,1% envisageant une augmentation.

Toujours le bon moment d’investir

Jean-Christophe Ehrhardt conseille d’investir dans « la sobriété énergétique et l’innovation » pour ceux qui ne s’y sont pas attelés, puisque l’inflation va durer jusqu’à fin 2024-2025. Ce sera un moyen de tenter de préserver au mieux ses marges futures. Il avertit cependant : « Il va falloir apprendre à réintégrer le prix de l’argent dans l’évaluation de son taux de retour sur investissement. Il ne sera pas possible de se financer en-dessous de 4%. Nous nous employons à lutter contre les anticipations inflationnistes. La banque centrale fera tout ce qu’il faut pour refroidir la température tant que nécessaire ». Pour Maurice Wolff, « les résultats ne se dégraderont pas autant qu’on ne le pense. On ne parle pas de récession. On ne veut donc pas passer un message morose pour 2023, même si ce sera compliqué de naviguer cette année ! ». A ses yeux, il importe prioritairement de réussir la stratégie de réindustrialisation du territoire, en permettant des implantations plus rapides lorsque des investisseurs se manifestent. « Nous devons convaincre que la réussite de notre territoire passe par cette réindustrialisation et le regain de souveraineté » dit-il.

Réformer pour mieux former

Pour Serge Hincker, président de l’ARIA Sud (agroalimentaire), Philippe Deveau, au nom de la construction, et Nicolas Ferand, président de l’Ordre des Experts-Comptables Provence-Alpes-Côte d’Azur, une autre des clés de l’avenir, pour pallier la pénurie de compétences dans tous les secteurs, réside dans la réforme de la formation professionnelle. Tant pour les jeunes que pour les séniors dont le sort est si souvent évoqué dans le cadre de la réforme des retraites. « Il n’y a pas de réforme plus urgente à mener » résumait Jean-Christophe Ehrhardt. Une opinion également martelée une heure plus tôt par Jean-Louis Maurizi, président du Medef Sud, lors de son point trimestriel, pour combler les 58 000 emplois à pourvoir sur la région et conserver plus longtemps les salariés séniors dans les entreprises… « Plus que l’âge de départ, le vrai enjeu de la réforme des retraites » assure-t-il.




Jean-Christophe Barla

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