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Les métiers de la propreté : oubliés de la ligne de front ?


Rédigé le Jeudi 19 Novembre 2020 par Orianne Olive


Grands oubliés de la liste des métiers qui affrontent la crise du Coronavirus de plein fouet, ceux de la propreté sont pourtant en première ligne et sont devenus la clef de voute indispensable pour permettre aux entreprises et aux collaborateurs de travailler en toute sécurité. Un secteur qui a dû s’adapter et gagner en une extrême flexibilité pour répondre aux besoins de chacun et à l’urgence sanitaire en cours. Rencontre avec Chloé Tourret, directrice générale déléguée de l’agence Proclair, qui explique le changement de perception de ces métiers jusqu’alors « trop peu valorisés ».


Les métiers de la propreté ont été peu cités depuis le début de la crise, à l’instar des caissiers ou des infirmiers par exemple, pourtant vous êtes sur la ligne de front ?

Nous sommes en effet en première ligne en cas d’épidémie. Lors du premier confinement, nous avions des désinfections règlementaires ponctuelles, surtout pour revenir dans les locaux en toute sécurité. La situation a évolué, aujourd’hui nous avons énormément de désinfections d’urgence liées à la multiplication des cas Covid. Nos agents sont confrontés directement à la maladie, comme le week-end dernier où nous avons dû intervenir sur un bateau à Marseille où il y avait de nombreux cas à bord. Nous faisons partie des métiers d’urgence car il faut intervenir tout de suite et savoir mettre les équipes en place pour cela. Face à la recrudescence de cas, nous observons également que nos clients sont très responsables, ils mettent immédiatement en place les mesures d’isolement des collaborateurs testés positifs, puis ils font tout de suite appel à nous. C’est le bon reflex. 

 

Vous avez de nouvelles demandes liées à l’urgence, pour autant, estimez-vous que votre secteur ait suffisamment les reins solides face à cette crise ?

Ça a été très dur au printemps dernier car la régularité des demandes et des besoins de nos clients a changé. Avec les mesures de télétravail et de confinement, les locaux n’exigeaient plus la même cadence de nettoyage. Nous-mêmes ne sommes pas très bons pour appliquer le télétravail au sein de nos équipes supports. Lorsque l’on fait un métier de terrain, le contact, la rencontre, l’encadrement en présentiel sont essentiels. Il nous a fallu nous adapter et c’est un point que nous travaillons pour l’avenir. Mais in fine notre plus grande préoccupation réside dans les Équipements de Protection Individuelle, d’abord parce que nous ne trouvions pas de masques, ensuite parce que le prix des gants s’est envolé. Aujourd’hui, nous pouvons aller jusqu’à 15 000 € par mois d’investissement dans ces Epi pour nos 450 salariés. Mais en ayant su gagner en flexibilité, nous parvenons à équilibrer les comptes. 

 

Qui sont vos clients ?

Des gens comme nous, des PME. Nous avons aussi des écoles, des lycées et des institutions. Plus rien n’est régulier, les besoins ont changé, et nous essayons de tous les accompagner à la carte. C’est une flexibilité de chaque instant, qui sollicite en permanence tous nos agents dont je souligne la mobilisation sans faille et l’extraordinaire engagement. Nous avons la chance d’avoir assez peu de turn-over grâce à une politique très forte d’encadrement. Ça évite les découragements et ça nous rend très compétitifs et qualitatifs dans notre secteur.  

 

Quelles leçons tirez-vous de ces derniers mois et sur quoi comptez-vous concentrer vos efforts pour « l’après » ?

On se rend compte qu’on n’est pas à l’abri de telles situations. Nous l’avions déjà appréhendé lors de la vague de grippe H1N1. Nous venons de franchir l’étape supérieure. Nos efforts doivent désormais se concentrer sur l’amélioration de nos process informatiques, notamment avec l’évolution de notre logiciel ERP pour développer une relation avec nos clients encore plus fluide, plus facile et plus directe. Un client doit pouvoir se dire : « Tiens j’ai trois collaborateurs aujourd’hui, en un clic, je fais appel à la société de nettoyage ».
Auparavant, le nettoyage n’était pas prioritaire, il était d’usage de se dire que passer une serpillère n’était pas très difficile, tout le monde tirait alors les prix vers le bas. L’image de la propreté commence enfin à changer, elle est devenue essentielle pour assurer la sécurité de tous. Et nous continuerons d’œuvrer pour que tout le monde y ait accès.


Chloé Tourret et son frère Aurélien, respectivement directrice générale déléguée et directeur général de Proclair
Chloé Tourret et son frère Aurélien, respectivement directrice générale déléguée et directeur général de Proclair




Orianne Olive

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