3 questions à Bruno Lefebure


Rédigé le Jeudi 15 Mai 2014 par oolive




Après un début de carrière dans les services de la commission européenne, Bruno Lefebure devient lobbyiste dans les années 90 .   Il exercera  ses talents à Bruxelles, à Strasbourg et au Luxembourg jusqu’en 2000 au service d’institutions puis de groupes privés notamment dans l’agroalimentaire. Aujourd’hui avocat d’affaire et conseiller du commerce extérieur,  il passe son temps entre Marseille et la Chine.

L’abstention est annoncée grande « gagnante » des élections européennes, cela est-il inquiétant ?

Oui, pour toutes les raisons qui touchent d’abord à  l’exercice démocratique, aux valeurs européennes. De façon très pragmatique, il faut aussi savoir que hormis le principe de subsidiarité tout ce qui fait notre quotidien, tout ce qui nous entoure est décidé à Bruxelles. Ne pas voter c’est laisser décider aux autres une part de notre destin.  On ne s’en rend pas compte mais  l’union européenne met en œuvre toutes les actions que les Etats ne pourraient conduire seuls et les domaines de compétences sont très vastes.  Enfin le prochain scrutin pourrait pour la première fois avoir un impact direct sur la désignation du futur Président de la Commission qui sera cette fois de la même couleur politique que le parti vainqueur des élections. Cela veut dire que par notre vote pour la première fois nous pouvons vraiment influer sur les grandes orientations politiques et philosophiques de l’Europe.

On n’a pas le droit pour toutes ses raisons de ne pas voter le 25 mai

Quelles sont les décisions européennes qui impactent directement la vie des entreprises ?

Il faut savoir que pour la France, L’UE a soutenu plus de 100 000 projets pour un montant supérieur à 44 milliards d’euros et ce dans de nombreux secteurs d’activités comme l’Innovation et les TIC, le développement durable, les transports, le tourisme, la  culture , la formation, mais aussi la création d’entreprises, l’ insertion sociale .Prenons l’exemple des transports :
l’UE soutient la mise en place d’un réseau transeuropéen de transport, tous modes confondus avec plus de 30 projets dont 20 ferroviaires.  D’ici 2020 ce réseau (RTE-T) comptera  près de 100 000 kilomètres de voies ferrées. Neuf corridors de fret prioritaires relieront les principales régions d’Europe et vont développer considérablement la circulation des marchandises et donc les échanges économiques.

D’une manière générale il faut donc être présent à Bruxelles et peser sur les décisions qui impacteront le niveau régional.

Cela pose la question de la capacité des entreprises à faire du lobbying efficace.

Oui faire du lobbying à Bruxelles est capital, et donc voter pour des eurodéputés compétents présents et disponibles l’est tout autant .Il y a aujourd’hui près de 1500 groupes d’intérêts  constitués à Bruxelles. Il y a plus de 670 représentants d’associations professionnelles et industrielles plus de 400 ONG, 90 think tank qui côtoient au quotidien les eurodéputés et influent sur l’évolution des directives et des règlements. Mais ce n’est rien comparé aux américains. Il y a plus de 12 000 lobbyistes officiels accrédités à Washington DC.  Tout cela est désormais très encadré en Europe par un code de bonne conduite, mais si on n’est pas dans les couloirs de la commission et du parlement il y a aucune chance de faire avancer les dossiers dans le bon sens. Cela demande une présence et des interventions permanentes auprès des eurodéputés. Aujourd’hui l’enjeu majeur est de construire l’Europe fiscale et sociale si on ne veut pas un jour ou l’autre installer nos entreprises au Royaume Uni ….

oolive



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