Capenergies célèbre 20 ans d’actions pour l’énergie


Rédigé le Mardi 10 Juin 2025 par Jean-Christophe Barla


Depuis 2005, le pôle de compétitivité a accompagné près de 900 projets de R&D associant entreprises et laboratoires. Son rôle de structuration des filières régionales pour lutter contre les gaz à effet de serre en fait un pivot de la décarbonation en cours.


Annaïck Juhuette-Jouenne, directrice générale de Capenergies, a recueilli la perception des membres sur l'apport du pôle dans leur activité. (Photo JC Barla)
Dès sa labellisation par l’Etat en 2005 comme pôle de compétitivité, Capenergies a milité pour la décarbonation. Il s’engageait alors à fédérer les professionnels des « énergies non émettrices de gaz à effet de serre » en Provence-Alpes-Côte d’Azur, nucléaire inclus, et à accentuer les collaborations entre industrie et recherche en vue de concevoir « des innovations à fort potentiel de marché ». Ce 6 juin, Capenergies a choisi « thecamp » à Aix pour son assemblée générale et revenir sur vingt années à promouvoir les synergies.

Son bilan comptabilise 895 projets de R&D labellisés en deux décennies qui ont généré 635 millions d’euros de financements. Il a rassemblé, au fil du temps, 1 291 membres et mené 10 000 accompagnements individuels. Il a été impliqué dans 17 projets européens. Si, comme pour les autres pôles, il reste difficile d’inventorier « les produits à fort potentiel de marché » issus des projets labellisés, Capenergies a indéniablement contribué à mieux structurer et consolider les filières pour mettre notre territoire en position de force à l’heure de la transition énergétique. Comme l’a souligné Bernard Kleynhoff, au nom de la Région Sud, l’opération d’intérêt régional « Energies du Futur » provient directement du travail effectué. « Nous sommes au service de tous nos membres, indique le président de Capenergies, Christophe Bourmaud, par ailleurs directeur du CEA Cadarache. 20 ans, c’est la jeunesse et le début de la maturité. Notre bilan est solide, mais il reste fragile dans un contexte budgétaire incertain ».

Un point d’appui pour le territoire

Aujourd’hui, le pôle regroupe 525 membres dont 32 recrutés en 2024 et tire près de 58 % de ses moyens d’action de ressources privées. L’an dernier, il a labellisé 29 des 38 projets qui lui ont été soumis et représentaient 493 millions d’euros d’investissements en R&D. Plus de la moitié des projets évalués impliquent des PME. En termes de secteurs, Capenergies s’est mobilisé sur le solaire « une filière industrielle qu’on espère renaissante avec le projet Carbon et le CEA » indique Sylvain Brémond, directeur adjoint, ainsi que les bioénergies (méthanisation, microalgues, CO2 biogénique…), le nucléaire, des petits réacteurs à la fusion, en passant par les matériaux, l’hydrogène et la décarbonation des industries, en particulier sur le bassin de l’étang de Berre, le pôle ayant contribué à une dizaine d’études pour l’association PIICTO. « Nous devons parvenir à construire le nouveau « hub énergétique » de la zone Fos-Berre, confie Annaïk Juhuette-Jouenne, directrice générale. Capenergies accompagne la transition des territoires avec un regard à 360° sur tous les vecteurs énergétiques. Mais aujourd’hui, cette transition devient aussi sociétale. Il faut réussir à embarquer les gens dans les projets ». La concertation tendue sur la ligne THT entre Jonquières et Fos en atteste. Les équipes du pôle devront l’intégrer dans l’étude d’opportunité prévue sur les réacteurs nucléaires innovants…

Changer de logique

Pour Christian de Perthuis, la transition énergétique implique d'autres logiques que celles des dernières décennies (Photo JC Barla)
La multiplicité des enjeux et la diversification des usages face au changement climatique obligent à changer radicalement les approches, comme l’a expliqué Christian de Perthuis, fondateur de la chaire Economie du Climat, à l’université Paris Dauphine. « L’économie bas carbone est plus capitalistique que l’économie carbonée. Aller vers la neutralité carbone va nécessiter d’énormes transformations. Il va falloir à la fois investir et désinvestir et introduire de la rareté quand le rôle de l’économie jusqu’alors était de gérer l’abondance et de la répartir. Les modèles historiques reposaient sur une logique d’addition, en empilant les sources d’énergie, nous devons passer à une logique de soustraction ou de substitution. Toute la question est dans le rythme auquel on va aller… ».



Jean-Christophe Barla
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