Quelques heures avant la décision du Conseil d'État de suspendre la Métropole Aix-Marseille-Provence jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel fin février, le préfet Laurent Théry est venu conclure sa mission interministérielle lors de la 4e conférence métropolitaine, jeudi 17 décembre, au Parc Chanot. L’occasion de découvrir les propositions des trois groupements d’urbanistes invités à plancher sur le projet de territoire.
« On ne réussira pas la Métropole en ne s’occupant que des transports. Il faut mettre de la cohérence, donner du sens et de la visibilité au territoire » : cette feuille de route établie par Marie Baduel, la directrice de la consultation urbaine et territoriale au sein de la mission interministérielle résume assez bien la philosophie de la démarche des équipes pluridisciplinaires qui ont planché durant neuf mois sur l’ébauche d’un projet de territoire. Si certains en quête de réponses immédiates seront restés sur leur faim, le travail des urbanistes se situait au delà de la ligne d’horizon de l’urgence.
Douche échelle temporelle et spatiale
« Il s’agissait d’articuler une vision à 15 ans, exercice périlleux tributaire du contexte géopolitique, et de répondre aux priorités quotidiennes, notamment en matière d’accessibilité », explique David Mangin, chef de file d’une des trois équipes. Cette approche à double échelle figure en filigranne dans les propositions des urbanistes. Christian Devillers avec son projet « métropole monde et des proximités » tente ainsi de concilier rayonnement international et préservation des identités, avec un mot d’ordre : l’arrêt de l’étalement urbain. Cette ambition se décline à travers une représentation du territoire non plus comme une addition de pôles urbains mais comme un continuum urbain raccordé par un réseau de transport collectif en site propre. Pour mettre en désir cette ambition, l’équipe Devillers imagine quelques projets emblématiques comme la reconversion des anciens hangars aéronautiques de Berre l’Etang en haut lieu de vie nocturne dédié à la jeunesse du monde entier.
Spectacularité
Finn Geipel, de son côté, imagine un espace maillé d’«îles-paysages » connectées entre elles par un système de mobilités à triple échelle : « macropolitaine (vers l’exterieur), métropolitaine et micropolitaine » agrégeant déplacements des personnes et des marchandises.
David Mangin, quant à lui, entend valoriser le caractère spectaculaire du paysage, en soignant la relation ville-nature. Cette ambition passe par la création de « hauts lieux » accessibles à tous via des Tcsp et des modes doux. Ces espaces à haute valeur paysagère sont censées forger l’identité métropolitaine, selon deux dimensions : celles du grand territoire comme dans la « vallée des synergies », espace de développement reliant Port-Saint-Louis-du-Rhône à Cadarache inscrit sur la carte du monde et le réseau des villages (dans le pays d’Aix et la plaine de la Crau) alliant agriculture et identités locales...
Jacques Poulain
photo: OOL