Salon-de-Provence dévoile le « projet du siècle » pour la ville


Rédigé le Mardi 20 Mai 2025 par Jean-Christophe Barla


Avec 172 M€ investis, le futur hôpital de Salon-de-Provence va constituer un nouveau pôle de santé qui semble déjà démontrer son attractivité.


Le projet architectural conçu par l'agence SCAU s'insère dans l'environnement salonais. © SCAU
L’expression “projet du siècle pour Salon-de-Provence” est signée Nicolas Isnard, maire de la ville. A ses yeux, elle n’a rien d’une emphase, comme il l’a expliqué le 13 mai au moment de dévoiler l’équipe d’architectes sélectionnée pour la reconstruction de l’hôpital de Salon. « Il y a eu le canal Adam de Craponne, puis la base aérienne 701 et maintenant le centre hospitalier du pays salonais et son village santé. Il faut bien prendre la mesure de ce projet, c'est le premier hôpital reconstruit en France depuis la crise Covid. Avec le village santé qui l’entourera sur le terrain de 9,5 hectares, l’investissement s’élèvera à 300 M€ pour répondre aux besoins de 200 000 habitants et recevoir 220 000 patients par an ».

Sur un écran défile en vidéo des esquisses du futur édifice imaginé par l’agence parisienne SCAU, à la tête d’un groupement associant l’Atelier Brigitte Galloni à Aix-en-Provence et les bureaux d’études et d’ingénierie WSP, Oasiis, Alpha-i & Co, Peutz, Cronos Conseil et GNI+. Le lauréat a triomphé de trois autres concurrents. Le choix des entreprises appelées à réaliser le chantier sera effectué en 2026 pour des travaux projetés entre 2027 et 2029. L’Etat, via l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur, apportera 98 M€ sur les 172 nécessaires au seul établissement hospitalier, installé sur 6,5 hectares et déployé en six bâtiments d’une superficie totale de 35 760  m² auxquels s’adjoint un parking de 900 places sur 5 étages (dont 420 places réservées aux agents). La Ville de Salon-de-Provence (7 M€), la Métropole Aix-Marseille-Provence (10 M€), le Département 13 (6 M€), la Région Sud (6 M€) et une vingtaine de communes du bassin salonais rassemblées en SIVU (Syndicat intercommunal à vocation unique, pour acquérir le terrain) contribuent au financement. Au total, l’ensemble abritera 245 lits, 42 places en ambulatoire et 1 200 professionnels de santé, techniques et administratifs.

Domesticité et flexibilité

Pour l’architecte de SCAU Mathieu Cabannes, tout le défi a été d’élaborer un site cohérent, « à la fois à échelle humaine et intégré au pays salonais ». « L’idée est de prendre la main avec douceur des personnes qui entrent à l’hôpital » dit-il, en commentant les images du futur hall ou de la place aménagée avec des ombrières, au cœur du village santé. « Nous voulions retrouver une certaine domesticité avec une architecture qui rassure, pas ostentatoire, raccordée aux maisons des alentours » ajoute Guillaume Baraïbar, son compère de SCAU. Sur les bâtiments en R+2, le premier étage accueillera les blocs opératoires, les salles d’accouchement et de réanimation tandis que les chambres d’hospitalisation se situeront au second.

« Nous tenions à ces hauteurs, à ces linéaires insérés dans leur environnement pour que le village santé prolonge la ville et n’en soit pas une extension indigeste », souligne Nicolas Isnard. Pour la directrice du projet du futur hôpital, Hélène Sabatier, « les travaux du jury ont associé plus de 300 agents hospitaliers pour vérifier que le projet correspondait bien à leurs attentes en termes de fonctionnalité ». Quant à Marie Chardeau, directrice du centre hospitalier, elle insiste sur la « durabilité » du futur établissement, pas seulement par ses matériaux et certifications écologiques. « C’est un projet flexible apte à accueillir, lorsque le besoin s’en fera sentir, une extension avec des lits supplémentaires », explique-t-elle.

Attractivité grimpante

Marie Chardeau, Nicolas Isnard, Hélène Sabatier et les architectes Guillaume Baraïbar et Mathieu Cabannes détaillent l'approche choisie pour le futur hôpital (Photo JC Barla)
Des urgences à l’imagerie médicale, le parcours de santé s’opèrera « en toute fluidité », une caractéristique perdue dans le lieu actuel. « Les urgences prévues pour 20 000 personnes en ont reçu 43 000 en 2024. Le changement sera visible et apprécié de chacun », glisse le maire. Selon lui, la perspective de ce projet attire déjà la curiosité de nombreux spécialistes médicaux pour venir y consulter. Marie Chardeau confie même refuser des candidatures de soignants actuellement. Pour le docteur Ali Mofredj, président de la commission d’établissement de l’hôpital de Salon, « la reconstruction était devenue une chimère, mais le miracle s’est produit ». Pour l’ARS, l’hôpital concrétisera « un nouveau modèle de soins, innovant et coordonné, adapté aux besoins réels des habitants ». Il reste quatre ans à patienter pour en attester !



Jean-Christophe Barla
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