Le navire Sophie Germain, mis en service en 2023 par Orange Marine, accueille à bord plus d’une soixantaine de marins, techniciens et ingénieurs qui se relaient jour et nuit. Ce bateau câblier est en charge des liaisons optiques sous-marines. Cette fourmilière est coordonnée depuis le poste de commandement. Et cette passerelle est moderne. Elle possède des équipements spécifiques aux câbles qui aident à « vérifier la profondeur de l’eau, l'absence de tensions au moment de la pose. La passerelle contient également le positionnement dynamique, qui permet de rester en station dans un endroit sans bouger », avance Gérard Couturier, commandant du navire.
Depuis la passerelle, on peut piloter le robot Rove. Ce robot sous-marin est entreposé sur le bateau, dans un hangar. D’une puissance de 450 kW et pesant 12 tonnes, il a été fabriqué par Orange Marine à Fuveau. Concrètement, « il sert à la pause et à la réparation des câbles. Les mouvements des fonds marins, les chalutiers peuvent les endommager. Il effectue 15 à 20 réparations par an », expose Cyril Defais, responsable du département opérationnel chez Orange. Pour accomplir ces tâches, ce robot peut aller jusqu’à 3 000 mètres de profondeur. Il trouve les câbles grâce à son sonar et son détecteur de métal. Une fois qu’il les a détectés, il peut les saisir avec son bras manipulateur. Il peut également accrocher un filin (cordage), couper ou enfouir les câbles en creusant des sillons qui peuvent atteindre jusqu’à 2,50m de profondeur.
Relier les pays du pourtour méditerranéen
Du côté du pont de travail, des employés d’Orange s’activent. Des deux cuves géantes, ils retirent le câble de dernière génération, qui sera prochainement posé. En effet, dans la nuit du 7 au 8 octobre, le câblier doit se rendre à Marseille. Plus exactement non loin de l’anse de la Vieille chapelle à la Pointe Rouge où, durant la mâtinée, il effectuera un atterrissement. Pendant cette phase, un petit navire va tirer sur le câble Médusa. Pour éviter qu’il ne touche le fond, ce dernier est accroché à des ballons. « Quand tout sera amené à terre, des plongeurs couperont les liens des bouées et on pourra commencer à s’éloigner et à poser le câble. On va en poser 500 km », reprend Cyril Defais.
Le navire va rejoindre la Tunisie via Bizerte. Il atteindra l’autre côté de la Méditerranée dans un mois. Le câble sera mis en service début 2026, pour la première étape. « L’idée est d'interconnecter les différents pays du pourtour méditerranéen, de donner accès à une infrastructure de télécommunication. Il y a là un enjeu de souveraineté. Quand ont est directement connecté, on ne dépend pas des autres. Cela amène plus de sécurité pour les acteurs du numérique », révèle Didier Dilard, président d’Orange Marine.