​L’épargne citoyenne au service de la transition agricole et urbaine


Rédigé le Mercredi 18 Juin 2025 par Nathalie Bureau du Colombier


Fermes En ViE (FEVE) et Bellevilles, deux foncières solidaires, souhaitent investir en Provence pour soutenir l’expansion de l’agriculture agroécologique et développer l’immobilier à impact social en proposant de nouveaux tiers-lieux.


Vincent, Simon et Marc, fondateurs de FEVE. ©Feve
Ce 17 juin à Marseille, les foncières solidaires Fermes en Vie (FEVE) et Bellevilles ont présenté aux citoyens et investisseurs, les mécanismes d’investissement solidaire : rentabilité modérée et utilité sociale. 
Fondée en 2021, la foncière FEVE facilite l’installation de nouveaux agriculteurs en acquérant des fermes grâce à l’épargne citoyenne. Ces exploitations sont ensuite louées avec option d’achat à des porteurs de projets s’engageant à respecter une charte agroécologique. « De moins en moins d’enfants d’agriculteurs reprennent les exploitations. Et les nouveaux agriculteurs qui s’installent ne possèdent pas de terres. Le financement du foncier est un frein à leurs projets. Nous collectons de l’argent auprès des citoyens à travers une foncière avec la possibilité d’investir à partir de 500 €. L’investissement est peu risqué avec une rentabilité de 2 à 3 % par an », souligne Vincent Kraus, cofondateur et directeur général de FEVE. Il s’est associé à deux ingénieurs agronomes, Simon Bestel et Marc Batty. Après un développement en Aquitaine, en Normandie et en Bretagne, Feve souhaite se développer dans le sud-est de la France.  

38 fermes financées

Cochon noir de Provence élevé à la ferme du vivant sur le domaine de la Modeste. ©Feve
Depuis sa création, la foncière a levé plus de 35,2 millions d’euros auprès de 2 463 investisseurs, finançant 38 fermes et convertissant 2 420 hectares en agroécologie. En janvier 2023, Feve a permis l’installation sur 40 ha d’un éleveur de porcs noirs et d’un arboriculteur à proximité d’Aix-en-Provence.  

 

60 M€ d'ici 2030 pour la foncière Bellevilles

Ferme du Manoir d'Anctoville. ©Feve
Autre acteur de cette soirée marseillaise, la foncière Bellevilles œuvre dans l’immobilier solidaire. Elle acquiert et rénove des bâtiments existants pour y développer des logements abordables, des tiers-lieux et des espaces dédiés à l’économie sociale et solidaire. Labellisée Finansol, Bellevilles prévoit de mobiliser 60 millions d’euros d’ici 2030 pour financer 30 projets immobiliers solidaires sur l’ensemble du territoire.

Portée par ses cofondateurs, Alexandre Born et Adrien Ramirez, cette initiative coopérative d’intérêt collectif entend offrir une alternative durable aux logiques dominantes du marché. « Avec Foncière Bellevilles, nous voulons pérenniser et porter des projets immobiliers qui contribueront à la rénovation du patrimoine, à la création de logements et à l’implantation durable d’acteurs de l’économie sociale et solidaire », résume Alexandre Born, également directeur général de Bellevilles. Le projet vise à mutualiser les investissements pour assurer la maîtrise du foncier et stabiliser les loyers dans des zones urbaines en tension.

Leur approche entend répondre aux défis actuels en matière d’agriculture durable et de logement solidaire. La réunion d’information du 17 juin au Tiers-Lab des Transitions à Marseille a permis de découvrir ces initiatives et d’échanger avec leurs fondateurs, offrant aux investisseurs la possibilité de donner du sens à leur épargne en s’engageant dans des projets concrets au service des territoires.
La collaboration au long cours entre les deux foncières, illustre la convergence des enjeux agricoles et urbains. Elle s’inscrit dans un contexte où 50  % des agriculteurs partiront à la retraite d’ici dix ans, posant la question du renouvellement des générations et de la transition écologique de la filière agricole. 



Nathalie Bureau du Colombier
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