82% des dirigeants de TPE, PME et ETI souffrent d’au moins un trouble physique ou psychologique. ©Istock
Manque de sommeil, perte de poids, irritabilité, anxiété, difficulté à hiérarchiser les priorités : autant de signaux d’alerte trop souvent minimisés. Ces symptômes physiques sont les marqueurs d’un état de santé mentale fragilisé. Les chiffres sont sans appel. D’après une étude Bpifrance publiée en juin 2025, 82 % des dirigeants de TPE, PME et ETI souffrent d’au moins un trouble physique ou psychologique, soit une progression de 23 % depuis 2021. Près d’un tiers (32 %) des chefs d'entreprise se déclarent en mauvaise santé psychologique, mais seuls 25 % osent en parler, un chiffre qui peine à évoluer depuis la crise sanitaire. Le stress est devenu un compagnon quotidien pour 36 % des dirigeants, selon l’Institut Choiseul.
« C’est un sujet encore tabou, même si la parole commence à se libérer. Le chef d’entreprise peut sombrer dans la dépression, le burn-out, la crise existentielle avec un impact direct sur ses collaborateurs et sur l’activité même de l’entreprise », alerte Blandine Mercier, cofondatrice d’Hello Masters, réseau professionnel d’accompagnement des cadres dirigeants.
« C’est un sujet encore tabou, même si la parole commence à se libérer. Le chef d’entreprise peut sombrer dans la dépression, le burn-out, la crise existentielle avec un impact direct sur ses collaborateurs et sur l’activité même de l’entreprise », alerte Blandine Mercier, cofondatrice d’Hello Masters, réseau professionnel d’accompagnement des cadres dirigeants.
La charge mentale du dirigeant, privé de visibilité, s’intensifie
La verbalisation est une première étape, pour sortir de la spirale du mental. © Istock
Les perspectives mondiales sont moroses : le FMI prévoit une croissance inférieure à 2 % en 2025, tandis qu’en France, la succession de réformes, l’instabilité politique depuis des mois, les tensions fiscales et les restrictions budgétaires entretiennent un climat d’incertitude. Dans ce contexte, la charge mentale s’intensifie. Les dirigeants doivent piloter en mode crise permanente, jongler entre injonctions paradoxales et faire face à l’absence de soutien psychologique formel. « Dans un environnement aussi mouvant, la visibilité stratégique se limite souvent à un trimestre. Cette contraction du temps de décision rend l’exercice plus stressant et impose une capacité à pivoter en permanence », analyse Blandine Mercier. Et elle ajoute : « Une personne sur deux connaîtra un épisode d’anxiété au cours de sa vie ».
Rompre l’isolement pour sortir de la spirale
Comment sortir de cette spirale ? « Certains dirigeants commencent par parler à ChatGPT de leurs problèmes professionnels. Tant qu’il y a verbalisation, c’est déjà une première étape », constate Blandine Mercier. « La seconde consiste à rompre l’isolement en se confiant à ses proches ou à d’autres entrepreneurs. Beaucoup vivent la même chose, mais en silence ». Déléguer, responsabiliser ses collaborateurs ou associés, s’autoriser à lever le pied : autant de leviers à activer pour alléger la charge mentale. « Il faut aussi se ménager des moments de déconnexion : prendre des vacances, revoir ses amis, aller au cinéma, s’immerger dans la culture… Reprendre la main sur son temps, remettre du concret dans sa vie, sont des attitudes essentielles. »
L’accompagnement professionnel existe aussi, rappelle-t-elle. « De nombreux psychologues proposent des consultations en ligne, adaptées à l’agenda surchargé des dirigeants ». Mais malgré les alertes et les ressources disponibles, la santé mentale demeure un sujet encore trop souvent relégué à l’arrière-plan, victime d’une stigmatisation tenace. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les troubles psychiques représentent le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, avec un coût annuel de 23,4 Md€.
L’accompagnement professionnel existe aussi, rappelle-t-elle. « De nombreux psychologues proposent des consultations en ligne, adaptées à l’agenda surchargé des dirigeants ». Mais malgré les alertes et les ressources disponibles, la santé mentale demeure un sujet encore trop souvent relégué à l’arrière-plan, victime d’une stigmatisation tenace. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les troubles psychiques représentent le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, avec un coût annuel de 23,4 Md€.