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Ambition France Transports : à Marseille, l’État ouvre le chantier du financement


Rédigé le Mardi 6 Mai 2025 par Nathalie Bureau du Colombier


Versement mobilité, écotaxes, nationalisation des autoroutes… Rien n’est écarté. François Bayrou vient de lancer à Marseille la conférence Ambition France Transports qui devra identifier des pistes pour repenser le financement des infrastructures à horizon 2040. Rendu des travaux prévu fin juillet.


Lancement d'Ambition France Transports au Pole d'échanges de Sainte-Marguertite à Marseille le 5 mai 2025. ©NBC
Lancement d'Ambition France Transports au Pole d'échanges de Sainte-Marguertite à Marseille le 5 mai 2025. ©NBC
Ce n’était pas censé être l’heure des annonces. Et pourtant ! Venu à Marseille donner le coup d’envoi de la conférence Ambition France Transports, qui va réunir 64 experts pour repenser le financement des infrastructures de transport à horizon 2040, François Bayrou a saisi l’occasion pour confirmer le soutien de l’État à l’amélioration de la desserte ferroviaire Marseille–Briançon, en vue des Jeux Olympiques d’hiver de 2030. Le projet est estimé aujourd'hui entre 130 et 190 M€. « Nous venons d’avoir l’assurance du soutien de l'État et François Bayrou viendra fin juin ou début juillet à Briançon », s’est aussitôt réjoui Renaud Muselier, président de la Région Sud. 

Après l’installation en préfecture des quatre ateliers thématiques qui vont constituer cette conférence (ferroviaire, routier, report modal et modèles économiques des autorités organisatrices des mobilités) les experts se préparent à entrer dans le vif du sujet. Le Premier ministre l’a rappelé sans détour devant 250 participants réunis au pôle d’échange multimodal de Sainte-Marguerite : « Le déficit de l’État est abyssal ». Trouver 5 à 10 Md€ par an d’ici 2030 relève, selon ses mots, d’un « défi himalayen ».  Dans ce contexte de tension budgétaire, la conférence a pour mission de faire émerger des solutions équilibrées. 
 

Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR. ©NBC
Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR. ©NBC

Une éco taxe poids lourds pour le transit en région ?

Adoptée il y a deux mois par les députés dans le projet de loi Climat, la "contribution assise sur la circulation des véhicules de transport routier de marchandises", en d'autres mots une taxe sur les poids lourds, fait grincer beaucoup de dents. Son application a été placée par le législateur sous la responsabilité des Régions. Déjà, Grand Est, Ile de France ou Bourgogne Franche-Comté réfléchissent à une mise en place. 

Renaud Muselier, pour sa part, défend l’idée d’une taxe ciblée sur le transit des poids lourds dans la région. « 
Je ne suis pas pour une écotaxe appliquée aux entreprises de transport locales ou aux dessertes de proximité. Mais je veux taxer les camions en transit, ceux qui traversent la région, de l’Espagne à l’Italie, en utilisant nos infrastructures ».

Les transporteurs routiers redoutent une nouvelle charge fiscale. « 
Nous sommes vigilants », prévient Florence Berthelot, déléguée générale de la fédération nationale (FNTR). « Nous avons l’habitude d’être sollicités : écotaxes, péages, taxes à l’essieu… Un seul mode de transport ne peut pas financer tous les autres. Avant de parler de ressources nouvelles, il faudrait interroger l’affectation des recettes existantes. Que rapporte la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, ndlr) ? Cet argent doit revenir aux infrastructures de mobilité ». 
Le message adressé à l’État est clair, alors que la question de l’équité entre les modes sera au cœur des débats de la conférence. 
 

Le ministre des transports Philippe Tabarot. ©NBC
Le ministre des transports Philippe Tabarot. ©NBC

Concessions autoroutières, l'Etat reprend la main ?

C’est sans doute l’un des sujets les plus stratégiques de la conférence : la fin programmée des concessions autoroutières entre 2031 et 2036. Pour Philippe Tabarot, ministre des Transports, il faut repositionner l’État au centre du jeu. « Les choix à venir (reconduction sous un nouveau régime de concession, bascule vers un modèle public, voire nationalisation) seront arbitrés à l’issue de la conférence. Ce qui compte, c’est de repenser notre système dans une logique de solidarité entre les différents modes. L’autoroute peut contribuer au financement d’autres formes de transport ».
Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, l’a confirmé. « L’euro du contribuable ne doit intervenir qu’en dernier recours. » Il reste donc tout simplement à déterminer qui paiera, comment, et à quelles conditions. Les experts auront pour mission, tout au long des dix semaines à venir, de formuler des recommandations concrètes en tenant compte des contraintes européennes, des attentes des usagers et des impératifs liés au changement climatique. Le rapport final est attendu pour fin juillet. 

 




Nathalie Bureau du Colombier




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