La décarbonation va nécessiter des investissements colossaux que privé et public vont devoir porter ensemble (Photo JC Barla)
Initié par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et son agence économique risingSud, « SOFT 2024 » s’est voulu le 5 décembre à Marseille comme « le grand rendez-vous des dirigeants » en cette fin 2024 bouleversée la veille par la chute du gouvernement Barnier. « Nous avons fait en sorte de pouvoir répondre à toutes vos attentes en une journée chrono » a résumé Audrey Brun-Rabuel, directrice de risingSud, en ouverture. Malgré les incertitudes d’un contexte politique et économique peu réjouissant, 1 500 participants ont pu rejoindre des ateliers ou rencontrer des experts sur les thématiques les plus diverses pour leur entreprise : aides accessibles, international, levée de fonds, ressources humaines, transition écologique ou énergétique… Les Medef Sud et Vaucluse et l’UPE 13 ont apporté leur contribution à l’organisation, soucieux d’éclairer le chemin des entrepreneurs sur la cascade de problématiques qui les frappent. Parmi elles, évidemment, l’objectif de décarbonation de l’industrie alors que se profilent autour de l’étang de Berre une série de projets dont les concertations progressent mais dont les budgets ne sont pas encore bouclés…
Julien Coffinier, nouveau président du directoire de l’Aéroport-Marseille-Provence a ouvert la succession d’interventions en évoquant l’ambition de la plateforme de réduire de 90 % ses émissions directes de CO2 annuelles à 2030 (par rapport à 2013) et de travailler parallèlement à une amélioration durable sur ses émissions indirectes, comme les acheminements des passagers en transport individuel et collectif et le trafic aérien. La création d’un mode de transport par câble avec la Métropole devrait y pourvoir sur le premier axe. Sur le second, l’Aéroport se pose en débouché économique pour les producteurs de carburants durables pour l’aviation (SAF, e-kérosène). Des accords ont été passés avec TotalEnergies et H2V/Hy2Gen. « Marseille peut devenir compétitive avec la dynamique de décarbonation engagée sur l’étang de Berre, dit-il. Ce qui se prépare ici sur les carburants de synthèse pourra rayonner sur une zone de Toulouse à Nice et Lyon au nord. On a besoin d’y croire mais ce sont des investissements colossaux et difficilement rentables, il faudra l’aide de l’Europe, de l’Etat et des collectivités ».
Julien Coffinier, nouveau président du directoire de l’Aéroport-Marseille-Provence a ouvert la succession d’interventions en évoquant l’ambition de la plateforme de réduire de 90 % ses émissions directes de CO2 annuelles à 2030 (par rapport à 2013) et de travailler parallèlement à une amélioration durable sur ses émissions indirectes, comme les acheminements des passagers en transport individuel et collectif et le trafic aérien. La création d’un mode de transport par câble avec la Métropole devrait y pourvoir sur le premier axe. Sur le second, l’Aéroport se pose en débouché économique pour les producteurs de carburants durables pour l’aviation (SAF, e-kérosène). Des accords ont été passés avec TotalEnergies et H2V/Hy2Gen. « Marseille peut devenir compétitive avec la dynamique de décarbonation engagée sur l’étang de Berre, dit-il. Ce qui se prépare ici sur les carburants de synthèse pourra rayonner sur une zone de Toulouse à Nice et Lyon au nord. On a besoin d’y croire mais ce sont des investissements colossaux et difficilement rentables, il faudra l’aide de l’Europe, de l’Etat et des collectivités ».
Plusieurs leviers et solutions
Dans la même rubrique
-
Forindustrie sensibilise plus de 100 000 personnes aux métiers industriels
-
Les véhicules intermédiaires parés à battre le pavé
-
Le groupe Marcegaglia veut multiplier par 7 la production de l'ex-usine Ascometal
-
L’industrie « historique » engage sa mutation à Fos-sur-Mer
-
Eyco mise sur le collectif pour propulser son essor
Désormais commissaire délégué à la transition industrielle, écologique et énergétique de la zone Fos-Berre, Régis Passerieux rappelle qu’un quart des émissions françaises de CO2 provient des pôles de l’étang de Berre et de Gardanne-Meyreuil. Selon lui, pour parvenir à décarboner à terme, il faudra au minimum 3 milliards d’euros de financements publics auxquels s’ajouteront les aides inscrites dans la feuille de route entre l’Etat et les industriels qui se transformeront (ArcelorMittal Méditerranée, LyondellBasell, PetroIneos, Kem One…) ou encore les besoins liés aux infrastructures routières, aux réseaux d’hydrogène... « Il y a une ingénierie de financement à organiser » glisse-t-il, sachant que les collectivités locales, appelées à des économies par le gouvernement, devront apporter leur part.
u nom de la Région dont elle est la directrice générale adjointe en charge de l’économie, de la formation et de la santé, Marie Esnault-Bertrand s’avoue convaincue que la vision et le projet qui se dessinent peuvent amener le territoire « à devenir un leader de la décarbonation industrielle pour toute la zone méditerranéenne ». Et de relever que « malgré les contractions budgétaires, la Région mobilise des financements » pour réussir la transition jusqu’au niveau des TPE/PME, avec plus de 400 millions d’euros prévus d’ici à 2028 pour 50 000 entreprises et le lancement d’un Fonds à impact territorial de 53 millions d’euros. Pour Nicolas Mat, secrétaire général de l’association PIICTO à Fos, les trajectoires possibles de décarbonation sont tracées, plus ou moins optimistes, grâce au programme d’études Syrius, cofinancé entre l’Ademe et les industriels. « Nous avons identifié les leviers de décarbonation, il n’y en aura pas qu’un seul. Mais 75 % des projets impliquent de travailler ensemble, que ce soit sur l’économie circulaire, le captage, le stockage et la valorisation du CO2 ou sur le « hub » hydrogène ».
u nom de la Région dont elle est la directrice générale adjointe en charge de l’économie, de la formation et de la santé, Marie Esnault-Bertrand s’avoue convaincue que la vision et le projet qui se dessinent peuvent amener le territoire « à devenir un leader de la décarbonation industrielle pour toute la zone méditerranéenne ». Et de relever que « malgré les contractions budgétaires, la Région mobilise des financements » pour réussir la transition jusqu’au niveau des TPE/PME, avec plus de 400 millions d’euros prévus d’ici à 2028 pour 50 000 entreprises et le lancement d’un Fonds à impact territorial de 53 millions d’euros. Pour Nicolas Mat, secrétaire général de l’association PIICTO à Fos, les trajectoires possibles de décarbonation sont tracées, plus ou moins optimistes, grâce au programme d’études Syrius, cofinancé entre l’Ademe et les industriels. « Nous avons identifié les leviers de décarbonation, il n’y en aura pas qu’un seul. Mais 75 % des projets impliquent de travailler ensemble, que ce soit sur l’économie circulaire, le captage, le stockage et la valorisation du CO2 ou sur le « hub » hydrogène ».
Optimisme de combat
La Région a mis la décarbonation en débat dans son hémicycle pour explorer les solutions de financement envisageables (Photo JC Barla)
Pour financer cette marche de progrès, Ismaël Ouanès, directeur territorial Innovation de la Banque des Territoires, assure que les doctrines de financement sur l’augmentation de l’efficience énergétique des actifs industriels ont été élargis pour accroître la performance des acteurs concernés, parce que « la reconquête industrielle est devenue une priorité d’intervention ». « Nous avons différentes solutions » indique-t-il, invitant les industriels à en explorer les contours. Philippe Detours, managing partner en charge des fonds infrastructures de la société de gestion Demeter, évoque, lui aussi, des modalités d’intervention très diverses, dès lors que les investisseurs y trouvent leur compte à plus ou moins long terme. Il encourage à porter des projets innovants et plutôt conséquents. « Si les projets sont trop petits ou pas assez innovants, il peut y avoir un angle mort dans le financement de la transition » glisse-t-il. Pour les dossiers les plus lourds en investissement, il juge « fondamental » le rôle de l’Etat et des collectivités pour réunir tous les acteurs autour de la table et éventuellement assurer des financements transitoires sur certaines phases.
David Sorin, managing director de Taranis Carbon Ventures, souligne, pour sa part, la nécessité de l’action publique pour faciliter les procédures d’accès au foncier, de permis et d’autorisations, de logistique… mais aussi de la subvention comme élément propice à rassurer des investisseurs vers l’aboutissement d’un projet. « Provence-Alpes-Côte d’Azur est regardée comme un site d’implantation, mais la France n’est pas vue comme une géographie où on peut aller très vite » alerte-t-il. Jean-Sébastien Oriou (EY Société d’Avocats) va, lui, jusqu’à émettre l’idée d’impliquer les citoyens, via certains dispositifs de financement ciblés sur des projets précis, « parce que ça peut participer à leur acceptation ». A ses yeux, il y a « un chemin de différentes solutions face au mur d’investissements publics et privés dans un environnement budgétaire et fiscal contraint et de financements possibles sous conditions de visibilité, de stabilité et de sécurité ».
En conclusion, Régis Passerieux annonce « la volonté de développer des outils innovants dans les semaines et mois à venir », tout en étant conscient de devoir « aller vite » pour favoriser la mutualisation des ressources financières. Quant au président de la Région Sud, Renaud Muselier, il a défendu la stabilité de sa politique dans le « pataquès » national ambiant pour susciter la confiance des potentiels investisseurs. « On est en place jusqu’en 2028, on ne peut pas nous dissoudre… Nous devons transformer notre énergie en dossiers réalistes, en coordonnant nos atouts, en les mettant en perspective. C’est un optimisme de combat qui nous anime ».
David Sorin, managing director de Taranis Carbon Ventures, souligne, pour sa part, la nécessité de l’action publique pour faciliter les procédures d’accès au foncier, de permis et d’autorisations, de logistique… mais aussi de la subvention comme élément propice à rassurer des investisseurs vers l’aboutissement d’un projet. « Provence-Alpes-Côte d’Azur est regardée comme un site d’implantation, mais la France n’est pas vue comme une géographie où on peut aller très vite » alerte-t-il. Jean-Sébastien Oriou (EY Société d’Avocats) va, lui, jusqu’à émettre l’idée d’impliquer les citoyens, via certains dispositifs de financement ciblés sur des projets précis, « parce que ça peut participer à leur acceptation ». A ses yeux, il y a « un chemin de différentes solutions face au mur d’investissements publics et privés dans un environnement budgétaire et fiscal contraint et de financements possibles sous conditions de visibilité, de stabilité et de sécurité ».
En conclusion, Régis Passerieux annonce « la volonté de développer des outils innovants dans les semaines et mois à venir », tout en étant conscient de devoir « aller vite » pour favoriser la mutualisation des ressources financières. Quant au président de la Région Sud, Renaud Muselier, il a défendu la stabilité de sa politique dans le « pataquès » national ambiant pour susciter la confiance des potentiels investisseurs. « On est en place jusqu’en 2028, on ne peut pas nous dissoudre… Nous devons transformer notre énergie en dossiers réalistes, en coordonnant nos atouts, en les mettant en perspective. C’est un optimisme de combat qui nous anime ».