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L’école de production d’Istres met les jeunes en orbite professionnelle


Rédigé le Jeudi 4 Mai 2023 par Jean-Christophe Barla


Inaugurée le 3 mai sur le pôle aéronautique, l’école de production en chaudronnerie-soudage forme 25 jeunes en les mobilisant sur de vrais contrats. La méthode leur a redonné l’envie d’apprendre et de voir loin…


« Faire pour apprendre », la signature des écoles de production. (photo JC Barla)
« Faire pour apprendre », la signature des écoles de production. (photo JC Barla)
Quelque chose « cloche » décidément dans le système scolaire quand, à 15 ans, un jeune confie que « l’école, ce n’est vraiment pas pour moi ! », s’en éloigne et qu’après huit mois dans l’école de production d’Istres, à se former pour deux-tiers en chaudronnerie-soudage et un tiers dans des matières générales (français, maths, histoire-géographie, anglais…), il déclare vouloir continuer en bac professionnel s’il décroche son CAP. En 1ère année, Noa et Sacha ont trouvé également leur voie en rejoignant le site. Ils détaillent avec enthousiasme leur emploi du temps, se disent ravis de peaufiner des pièces métalliques, sous l’œil bienveillant de leurs formateurs… « Depuis septembre, j’ai vraiment l’impression d’apprendre quelque chose d’utile » dit l’un. « Nous savons qu’il y a un avenir professionnel au bout, mais je ne souhaite pas m’arrêter après les deux ans. J’espère bien continuer au CFAI d’Istres » annonce l’autre. Ils sont 25 à avoir retrouvé l’espoir d’une qualification recherchée et d’un futur dans l’école de production d’Istres, inaugurée ce 3 mai. Ils ont été l’objet d’une belle valorisation pour leur engagement durant la visite des ateliers organisée pour les invités, puis lors des discours. Dirigé par Anne-Gaëlle Villemiane, cet établissement privé a pu voir le jour grâce au partenariat entre la Fédération Nationale des Ecoles de Production (FNEP) et la Fondation TotalEnergies complété par le soutien de la Région, de l’Etat et de l’UIMM, la ville d’Istres ayant permis la location de l’atelier. « Il résulte de l’adhésion d’un collectif fort et structuré, souligne Jean-Pierre Dos Santos, président de l’Ecole de Production. Au total, 1,2 million d’euros a été obtenu en subventions pour l’amorcer et l’équiper. Aujourd’hui, des clients, publics et privés, lui confient des commandes. Grâce à tous, mais aussi aux jeunes et à leurs familles, nous allons montrer qu’il est possible de s’épanouir en apprenant un métier ». Même des particuliers peuvent solliciter un devis pour une prestation, mais Thierry Chaumont, président de l’UIMM Sud et Corse, en appelle aux 500 adhérents de l’organisation. « Cette école existe pour insérer des jeunes et pour des industriels qui ont besoin de compétences. L’impulsion est donnée, il faut maintenant leur confier du travail ».

Un destin en construction

L’école de production d’Istres a pu voir le jour grâce à un large partenariat public-privé. (photo JC Barla)
L’école de production d’Istres a pu voir le jour grâce à un large partenariat public-privé. (photo JC Barla)
Baptisée « Je fabrique mon avenir », cette école qui consiste à « faire pour apprendre » doit contribuer à atténuer à terme les tensions sur les métiers de chaudronniers, de soudeurs… Elle se veut un tremplin aux yeux de Dominique Gardy, président de la FNEP. « Ici, on retrouve du sens et on découvre ses talents. Ce n’est pas une école comme les autres, c’est un établissement d’excellence » martèle-t-il, en regardant les élèves. A la fin 2023, il y en aura 70 en France et 100 à l’horizon 2027-2028. Délégué général de la Fondation TotalEnergies, Jacques-Emmanuel Saulnier évoque « une école du savoir-faire et du savoir-être avec à la clé un emploi », en soulignant l’importance de « coconstruire avec tout l’écosystème ». Même Laurent Noé, secrétaire général de la région académique, au nom du recteur, admet que dans la diversité d’approches pédagogiques, « il n’y a pas de concurrence tant les besoins des industries sont immenses ici ». Il invite les jeunes à se transformer en « ambassadeurs » de leur futur métier. La conseillère régionale, Suzelle Ayot, emploie une jolie formule pour qualifier l’engagement des élèves. « Vous vivez votre métier sans attendre » dit-elle, rappelant qu’en 2024, le territoire régional devrait compter 5 écoles de production. Quant à François Bernardini, maire d’Istres et président du pôle aéronautique, il insiste sur les perspectives ouvertes par tous les projets qui s’annoncent autour de l’étang de Berre, à Fos ou à Istres. « Il n’y a pas d’assurance de carrière comme l’industrie peut en offrir, votre choix est le bon » déclare-t-il en regardant les 25 garçons debout au pied de la tribune. L’an prochain, ils seront 45, grâce à la convention signée avec EDF et l’Université des Métiers du Nucléaire, pour former ceux qui miseront sur le renouveau de la filière nucléaire. « On espère avoir nos premières filles » glisse Anne-Gaëlle Villemiane. « La formation est un goulot d’étranglement important car la sidérurgie, l’aéronautique, les énergies… affichent des besoins importants. Nous avons un défi à relever dans des temps resserrés » admet le sous-préfet d’Istres, Régis Passerieux. Pour lui, les promotions actuelles de l’école ont déjà pris un coup d’avance. « Nous sommes dans le réel de votre destin, de vos vies, et ce réel croise celui du territoire » leur assure-t-il, convaincu qu’il leur appartient de construire leur chemin et de devenir des exemples pour d’autres demain…



Jean-Christophe Barla




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