Grâce à ses investissements environnementaux, la cimenterie espère rassurer les riverains (Photo JC Barla)
Pour Christophe Riout, directeur des opérations de LafargeHolcim France, « Lafarge veut devenir le leader mondial des solutions constructives innovantes et durables ». La cimenterie de La Malle, à Bouc-Bel-Air, apportera sa part au défi, le groupe s’engageant dans sa transformation profonde pour réduire ses impacts sur l’environnement et produire des ciments de plus en plus décarbonés (de – 35% à – 65% par rapport à un ciment classique). « Cette usine a lancé le 1er ciment bas carbone à notre marque EcoPlanet en France » a rappelé le dirigeant, avant d’inaugurer le 29 avril, un filtre à manche destiné à réduire les émissions de poussières (- 90% par rapport à 2020) et de dioxyde de soufre (SO2) des fours cimentiers. Sur les 6,25 millions d’euros investis dans la transition écologique d’une unité qui emploie 145 personnes et peut fabriquer jusqu'à 750 000 tonnes de ciments bas carbone par an, cet équipement représente à lui seul 5 millions d’euros. Si les études techniques ont duré deux ans, les travaux ont été conduits en quelques mois, d’octobre 2021 à janvier 2022, par l’entreprise Boldrocchi.
Succession de virages
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Pour le directeur de l’usine de La Malle, Pascal Baudoin, cet équipement marque un vrai bond dans la mutation environnementale engagée puisque, pour la première fois depuis la mise en service de la cimenterie en 1958, il devrait lui permettre de produire en 2023 sans nécessiter de dérogation de l’Etat pour ses rejets de SO2. D’ici à la fin de l’année, d’autres projets devraient être annoncés. « Nous allons entamer un deuxième virage avec l’intégration d’argiles calcinées pour diminuer encore l’utilisation de clinker dans nos ciments » explique le directeur. Ce processus breveté par le site de La Malle en 2021 devrait générer un nouvel investissement de l’ordre de 6 à 7 millions d’euros. Un autre projet est, lui, déjà en route, au pied de l’usine, le long de la voie qui conduit vers l’entrée depuis Septèmes. Les engins sont à l’œuvre. « L’objectif de décarbonation concerne aussi le transport routier, poursuit-il. Nous aménageons pour fin 2022 une station de carburants verts, avec des bornes de recharge pour véhicules électriques que nous rendrons accessibles aux riverains et une distribution de gaz naturel comprimé, en attendant que se développe dans les prochaines années, l’hydrogène pour la mobilité b.
Confiance à renouer
Lafarge espère que tous ses efforts seront reconnus par la population, l’entreprise ayant souvent été pointée pour ses nuisances olfactives, liées aux émissions de SO2. Les campagnes de mesures de contrôle et de surveillance effectuées à Bouc-Bel-Air, Septèmes et Cabriès, ont attesté, à différents moments et intensités, des impacts sur la qualité de l’air (sans jamais atteindre les seuils réglementaires). Elles ne devraient pas rester ponctuelles. Une station de mesure pérenne pourrait être durablement installée en partenariat avec la Métropole Aix-Marseille-Provence et Atmosud. « Nous voulons qu’elle soit un outil de transparence dans nos relations aux riverains » insiste Pascal Baudoin, déterminé à objectiver par un regard indépendant les résultats des engagements pris et la véritable part de l’usine dans un secteur pollué aussi par la proximité de l’autoroute, de la zone de Plan-de-Campagne et du bassin industriel de Gardanne. « Elle permettra de mesurer la continuité des progrès. Ce sera fondateur pour les autres industries à suivre dans la région » confie Dominique Robin, directeur d’Atmosud.