Qista a déployé 13 000 installations de sa solution naturelle de démoustication dans le monde (Photo JC Barla)
« Le moustique est dans l’angle mort de la lutte contre les produits phytosanitaires » confie Pierre Bellagambi, fondateur en 2014 et PDG de Qista, qui a conçu un dispositif de borne qui leurre les femelles pour les éloigner des humains, les piège et les élimine naturellement. En pleine « Semaine pour les alternatives aux pesticides » (du 20 au 30 mars), il a donc apporté, le 20 mars, un éclairage complet sur les solutions qui naissent dans ses laboratoires et ateliers de Sénas, à destination des collectivités, des entreprises et des particuliers. Une nouvelle borne, apte à traiter la problématique dans un rayon de 60 mètres autour d’un espace habité, devrait être commercialisée dans les prochaines semaines, sous une forme non-connectée, au prix plus accessible (780 euros contre 1 200 euros en version connectée), quand les versions développées jusqu’ici permettent de réaliser un « monitoring » complet des moustiques capturés (espèce, nombre, etc…). L’été approchant, le dirigeant souligne en effet que la prolifération de l’insecte touche aujourd’hui des zones auparavant épargnées, avec des conséquences sensibles pour les personnes piquées. « En 2004, le moustique-tigre n’était présent que dans les Alpes-Maritimes. Il est aujourd’hui quasiment partout en France, avec des cas de dengue « autochtones » en croissance. Dans le monde, 800 000 décès sont comptabilisés chaque année à cause des moustiques dont 500 000 victimes du paludisme ». Sur la cinquantaine de cas de dengue "autochtone" recensés l’an dernier en France, la plupart était en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Elimination naturelle
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Les bornes anti-moustiques inventées par Qista permettraient, selon les études scientifiques qu’elle a fait réaliser en Camargue, de réduire la nuisance de 88 % là où elles sont positionnées. Contrairement aux avions qui, il fut un temps, « arrosaient » de produits chimiques les terres à démoustiquer, cette innovation, reposant sur divers brevets, permet une approche sur-mesure où les concentrations de moustiques sont les plus élevées. « En Camargue, par exemple, elles se justifient dans les hameaux, pas dans les marais » souligne-t-il. Mais toutes les espèces de moustiques sont attirées, sans distinction, jusqu’à plusieurs milliers d'individus par jour et par piège. La borne émettant du CO2 pour leur faire croire qu’elles ont affaire à un humain dont se délecter, les femelles sont attirées, coincées dans un filet, privées de pondre et meurent, déshydratées, sans jamais avoir été empoisonnées. « Elles peuvent servir ensuite de nourriture pour des poissons ou enrichir la terre de plantations » précise-t-il.
Repartir en croissance
Pierre Bellagambi, PDG de Qista, envisage d'agrandir les locaux de l'entreprise à Sénas (Photo JC Barla)
Aujourd’hui, Qista fournit une centaine de collectivités en France et souhaite en convaincre beaucoup d’autres. Réalisant un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros, réparti à 60 % sur les particuliers et 40 % sur les entreprises (dont des sociétés d’exploitation minière, des exploitants de bases de vie…) et collectivités, elle compte 13 000 installations dans 35 pays en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique du Nord, en Amérique latine… Les bouleversements du monde, depuis la crise sanitaire, ont ralenti sa croissance, en raison des difficultés d’approvisionnement en CO2 qui sert dans la borne à simuler la respiration humaine, en composants électroniques qui ont handicapé la production plusieurs mois et obligé l’entreprise à en revoir le design. Mais les perspectives semblent redevenir plus favorables : une levée de fonds d’au moins 3 millions d’euros est à l’étude pour décupler la commercialisation, l’extension de bureaux et du laboratoire est en vue pour fin 2024-début 2025. « Nous espérons atteindre les 70 % d’export dans les quatre ans contre 35 % visés cette année » dit-il.