Le bilan 2022 du dispositif atteste de sa capacité à répondre aux attentes de la population. (Photo JC Barla)
Native de Martigues, retraitée engagée au sein du panel citoyen et du comité de pilotage de « Réponses » et riveraine de la plateforme de TotalEnergies de La Mède, Muriel PetitNicolas se réjouit des avancées nées du dispositif « Réponses » dans le dialogue entre industriels et population de l’étang de Berre et du golfe de Fos pour améliorer la qualité de l’air. « Nous réclamions aux industriels une information claire, pas une accumulation de tableaux ou de statistiques. Je dois admettre qu’ils ont fait l’effort de se mettre au niveau des habitants pour exposer leurs contraintes et leurs projets. C’est évident que nous ne sommes pas du même côté, mais ils n’ont pas intérêt à se mettre à dos les citoyens. Aujourd’hui, on comprend mieux ce qui est fait, les enjeux, et depuis cinq ans, le cadre de vie me semble s’être amélioré » dit-elle, en soupçonnant que la reconversion de la raffinerie en bioraffinerie a favorisé la réduction des nuisances olfactives extérieures. Le Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles (SPPPI) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, coordinateur de « Réponses », avait convié plus d’une centaine de personnes le 15 mars à la villa Khariessa à Martigues, en deux temps. Des discussions libres autour de stands tenus par des industriels, l’aéroport, le Port, Atmosud, des associations, puis une plénière pour un bilan des actions 2022 et deux tables rondes avec Atmosud, l’association PIICTO et le sous-préfet d’Istres, Régis Passerieux.
Entendre et rendre des comptes
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Depuis 2020, le dispositif a engagé 147 actions (dont 12 nouvelles en 2022), dans leur grande majorité en cours ou accomplies, portées maintenant par 50 acteurs de tous ordres (industriels, associations, institutions…), pour répondre aux 144 attentes recueillies sur 21 communes pour lutter contre la pollution de l’air. Pour Gwénaëlle Hourdin, la déléguée régionale du SPPPI, réussir à mettre tout le monde autour de la table pour s’écouter et dialoguer respectueusement n’était pas garanti sur un territoire où les tensions ont été parfois dures entre industriels, élus et habitants. Mais même si certaines associations s’en sont éloignées, si le COVID a espacé un temps les rencontres ou si des épisodes de torchages d’unités ont crispé ponctuellement des relations, le dispositif perdure. Pour une double raison à ses yeux. « Il repose sur deux jambes, l’écoute et l’échange, d’une part, la mise en œuvre d’actions concrètes d’autre part, confie-t-elle. Dans « Réponses », nous nous engageons à rendre des comptes. Nous avons par exemple enregistré un nouveau besoin exprimé sur l’impact des métaux lourds sur la santé et l’environnement. Nous y répondrons. Le panel citoyen a souhaité visiter des usines. En octobre 2022, LyondellBasell a accueilli un atelier… Et entre 30 et 45 personnes ont assisté à chacun de nos webinaires « Kfé réponses » dont le dernier, en février 2023, était consacré à une étude sur le vieillissement des installations industrielles avec France Nature Environnement ». Cette ouverture engendre des retours positifs, 80,5% des participants aux ateliers avouant leur « confiance » dans le dispositif.
Recréer de la confiance
Régis Passerieux, sous-préfet d'Istres, et Corinne Ramombordes, présidente de PIICTO (Photo JC Barla)
Pour le sous-préfet d’Istres, Régis Passerieux, c’est la « transparence » qui fait la force de « Réponses » et il entend la mettre en œuvre, dès le 29 mars, dans les premiers travaux du « Laboratoire Territorial Industrie Fos-Berre » dédié à bâtir collectivement une vision industrielle réfléchie, élaborée et acceptée par tous à terme. « Si on accueille des projets industriels au coup par coup, nous aurons des risques d’opposition de la population. Si nous les instruisons un par un, nous n’effectuerons jamais les bons choix pour nous donner une chance de développer ce territoire. Nous devons en débattre de manière approfondie et anticiper les activités qui seront bienvenues et celles qui ne le seront pas ». Investie dans le programme Syrius qui conduira une trentaine d’études pour décarboner les zones industrielles, Corinne Ramombordes, présidente de PIICTO, souligne que la logistique a été aussi intégrée dans le panel des axes de travail, en réponse à des habitants de Rognac qui s’inquiètent de l’arrivée de la plateforme Gemfi, en reconversion des terrains de l’ex-raffinerie LyondellBasell à Berre. « Il n’y aura pas de solution miracle, admet-elle. Mais nous allons analyser tout le cycle de vie d’une activité pour que la décarbonation de l’industrie engendre celle de la logistique ». Pour Marc Bayard, président d’Environnement Industrie, associé dès l’origine à « Réponses », il reste néanmoins à dépassionner les réactions dès qu’un dossier d’implantation industrielle émerge. « Réponses a généré des gains dans le dialogue, mais quatre ans après, il y a toujours un manque de confiance de citoyens qui redoutent que plus d’industrie engendre plus de pollution, malgré les technologies performantes mises en œuvre dans les projets ». Le SPPPI fait état d’un taux de notoriété de 11,6% du dispositif sur son territoire. L’accroître reste un long chemin pour tous les acteurs impliqués…