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Syrius veut offrir un visage à l’écologie industrielle


Rédigé le Mardi 4 Avril 2023 par Jean-Christophe Barla


C’est un espoir, il devra devenir réalité : les usines peuvent-elles ne plus émettre de gaz à effet de serre ? Le 3 avril, les partenaires du programme d’études Syrius de décarbonation de l’industrie ont laissé entendre que la marche sera difficile, mais ils veulent l'accomplir.


De PIICTO au GMIF, en passant par l’Etat, la Métropole, la Région ou le Port, les positions sont alignées pour faciliter la démarche de décarbonation de l’industrie. (Photo JC Barla)
De PIICTO au GMIF, en passant par l’Etat, la Métropole, la Région ou le Port, les positions sont alignées pour faciliter la démarche de décarbonation de l’industrie. (Photo JC Barla)
Pour moins polluer le territoire, faut-il désindustrialiser et accepter des liquidations, des licenciements, des friches, une misère qui s’installe ? Ou au contraire, lancer la transformation des usines existantes afin de réduire leurs nuisances et en accueillir de nouvelles susceptibles d’accélérer cette transition écologique et énergétique ? Ces questions vont se poser aux élus, aux Provençaux, dans les mois qui viennent, avec les 6 à 11 milliards d’euros d’investissements industriels prêts à se positionner sur la métropole Aix-Marseille-Provence. Leurs réactions seront scrupuleusement scrutées par ceux qui portent ces projets. Du côté de l’association PIICTO, pilote du programme Syrius, et de l’ADEME qui a sélectionné ce dossier de « zone industrielle bas carbone » pour Fos/Berre/Lavera et le bassin de Gardanne/Meyreuil, la seule avec Dunkerque à ce jour, le choix est clairement pour la deuxième solution, malgré ses difficultés techniques, financières, sociétales, réglementaires... Mais justement, à travers une trentaine d’études à mener sur deux ans, impliquant une quarantaine d’industriels, l’objectif est d’analyser les potentialités, d’écarter les moins plausibles et progressivement, de résoudre les problématiques une à une en commun pour qu’une évidence s’impose à tous les yeux : oui, il est crédible de concilier développement économique, environnement, santé, qualité de vie...

Etudier sous toutes les coutures

Pour la zone industrialo-portuaire et les autres pôles industriels de la métropole, il n’y a pas d’autre perspective de toute manière. Le périmètre dans lequel s’inscrivent les usines est à l’origine de 85% des émissions de CO2 des 17 à 18 millions de tonnes de CO2 par an liées à l’industrie manufacturière en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et 90% relèvent de 20 entreprises seulement dans l’acier, le raffinage, les ciments, le vapocraquage. Les fermer restant inconcevable, leurs productions contribuant à nos besoins quotidiens (alimentaire, médical, transport, construction…), PIICTO, avec Syrius, va explorer les moyens de favoriser leur mutation. Il s’agira ainsi d’évaluer comment améliorer leurs procédés pour des techniques moins nuisibles, d’encourager l’usage de nouvelles sources d’énergie (renouvelables, hydrogène…), de développer des solutions de capture, stockage et réutilisation du CO2… Un autre bloc d’études définira les pistes d’optimisations logistiques (report modal, carburants du futur, nouvelles motorisations…) quand les dernières, sous la responsabilité de la Région et de la Métropole, évalueront les ressources aptes à accompagner et faciliter ces transformations : emploi et formation, foncier, eau, mobilités… Le Préfet de Région, Christophe Mirmand, qui a constitué une « task force » pour aider la « trajectoire de décarbonation » dessinée par Syrius à se concrétiser, l’admet : « Il y a de très forts investissements à engager pour remplacer le capital carboné en capital décarboné avec la même compétitivité ». Mais lui aussi croit qu’il est possible « de rendre l’industrie désirable, pas seulement acceptable » parce qu’elle saura montrer à toute la population que ce qu’elle a promis se met en œuvre vers la neutralité carbone en 2050.

Se projeter sur une « vraie révolution »

« Syrius est un signal fort pour attirer ces investissements et ceux liés à l’innovation. La planification de la transition est le point-clé de cette réussite » indique Jean-Michel Diaz, président du Groupement Maritime et Industriel de Fos et de la région (GMIF). Pour Patrick Maddalone, secrétaire général du Grand Port Maritime de Marseille, les projets qui découleront des études de Syrius peuvent faire du Port « le premier mondial dans les énergies décarbonées » alors qu’il toucha les sommets internationaux comme « port pétrolier ». Conseillère régionale déléguée à l’économie, Isabelle Campagnola-Savon salue « la démarche innovante » des industriels au sein de PIICTO. « Nous sommes en face d’une vraie révolution, renchérit Roxane Randazzo, directrice Environnement d’Airbus Helicopters. Mais nous n’arriverons à tenir les engagements que par l’approche collective, la mise en commun des compétences, des ressources… ». « En tendant à la symbiose industrielle » résume Nicolas Mat, secrétaire général de PIICTO.




Jean-Christophe Barla




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