
Flora Mattei aux côtés du journaliste Thibault Teillard et de Christophe Seguinot, direteur de la flotte de la Méridionale. ©LM
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En matière de desserte maritime de la Corse, le carburant est une problématique centrale. Le prix d'achat, bien sûr, influence considérablement les coûts, mais les émissions de gaz à effet de serre générées sont également loin d'être négligeables. « Un tiers de l’enveloppe financière pour assurer la continuité territoriale (853,6 M€) est consacré au carburant », a souligné, le 5 décembre 2024 lors du Blue Maritime Summit, la présidente de l’Office des transports de la Corse et vice-présidente du Conseil exécutif de Corse, Flora Mattei. Elle précise tout de suite que « notre objectif consiste évidemment à réduire le montant de cette compensation sur le carburant. Dans le texte de la nouvelle délégation de service public, j’ai tenu à apporter une touche personnelle en faveur de la décarbonation de la mobilité lourde en insérant des clauses destinées à verdir la flotte et, pourquoi pas, proposer un jour un corridor vert (une route maritime à faible empreinte carbone, ndlr). Nous avons instauré avec les armateurs Corsica Linea et La Méridionale des comités économiques, sociaux, juridiques et écologiques qui se réunissent tous les trois mois pour veiller à l'amélioration de la décarbonation. »
Après l’entrée en flotte en décembre 2023 de A Galeotta, le premier navire au GNL (gaz naturel liquéfié) sur la Corse, Corsica Linea a annoncé tout récemment la commande d’un deuxième navire. Dans son sillage, la Méridionale, qui bénéficie désormais de la puissance de feu de son nouveau propriétaire CMA CGM, a commandé deux cargos-mixtes au GNL dont la livraison est annoncée pour 2027.
« Nous savons qu’il s‘agit là toujours de ressources fossiles, mais le GNL émet beaucoup moins de gaz à effet de serre que le fuel. L'important est que cela démontre que nous sommes en capacité de faire évoluer la flotte. La véritable difficulté de l’île, ce sont plutôt les centrales thermiques de Lucciana et du Vazzio (qui fonctionnent encore au fuel lourd, ndlr) », admet l’élue corse qui travaille déjà à l’élaboration de la prochaine DSP, à partir de 2031. « C’est la première fois que la Corse est régie par une convention de huit ans (2023-2030) », ajoute-t-elle. « La prochaine aura comme obligation d’être conforme aux réglementations de la navigation en zone SECA et NECA. Il faudra être exigeant ». Flora Mattei explique que c'est pour cela qu'elle prône la création de corridors verts (plus contraignants), ainsi que l’inscription de la Corse sur les réseaux transeuropéens de transport, des réseaux fléchés par la Commission européenne qui bénéficient d’investissements spécifiques pour faciliter la circulation des flux de marchandises. Les Baléares ou les îles italiennes en font partie.
Après l’entrée en flotte en décembre 2023 de A Galeotta, le premier navire au GNL (gaz naturel liquéfié) sur la Corse, Corsica Linea a annoncé tout récemment la commande d’un deuxième navire. Dans son sillage, la Méridionale, qui bénéficie désormais de la puissance de feu de son nouveau propriétaire CMA CGM, a commandé deux cargos-mixtes au GNL dont la livraison est annoncée pour 2027.
« Nous savons qu’il s‘agit là toujours de ressources fossiles, mais le GNL émet beaucoup moins de gaz à effet de serre que le fuel. L'important est que cela démontre que nous sommes en capacité de faire évoluer la flotte. La véritable difficulté de l’île, ce sont plutôt les centrales thermiques de Lucciana et du Vazzio (qui fonctionnent encore au fuel lourd, ndlr) », admet l’élue corse qui travaille déjà à l’élaboration de la prochaine DSP, à partir de 2031. « C’est la première fois que la Corse est régie par une convention de huit ans (2023-2030) », ajoute-t-elle. « La prochaine aura comme obligation d’être conforme aux réglementations de la navigation en zone SECA et NECA. Il faudra être exigeant ». Flora Mattei explique que c'est pour cela qu'elle prône la création de corridors verts (plus contraignants), ainsi que l’inscription de la Corse sur les réseaux transeuropéens de transport, des réseaux fléchés par la Commission européenne qui bénéficient d’investissements spécifiques pour faciliter la circulation des flux de marchandises. Les Baléares ou les îles italiennes en font partie.
Croisières durables en Méditerranée : Bastia et Ajaccio n'ont pas signé
Dans son intervention lors du Blue Maritime Summit, Flora Mattei déplore également la chute du gouvernement de Michel Barnier. « Cela nous prive de 50 M€ ! (l'enveloppe annuelle allouée par le gouvernement, ndlr). Par ailleurs la dotation de continuité territoriale n’a pas été réindexée depuis 2009 », ajoute-t-elle, plaidant pour un mécanisme législatif de réajustement qui pourrait être voté par le Parlement.
Au regard des déclarations de la vice-présidente du Conseil exécutif de Corse, on aurait pu légitimement penser que les ports de Bastia et Ajaccio signent à l'occasion de cette rencontre la charte en faveur des croisières durables en Méditerranée. Il n'en a rien été, sans qu'aucune raison officielle ne soit donnée. On s'aperçoit de toute façon que malgré les efforts de la Corse en faveur de la décarbonation, de réels freins subsistent, et notamment sur les sujets de l’équipement des ports en courant de quai et de la délivrance d’une électricité verte. Si la CCI de Corse a affiché sa volonté d’équiper dans une première étape trois postes à quai à Ajaccio, et ensuite quatre postes à Bastia, elle devra au préalable décarboner son électricité, ce qu'elle ne mentionne pas.
Suivant l’exemple de Marseille, seuls les ports de Toulon, Nice et Sète se sont engagés sur cinq points (partage des caractéristiques techniques des navires, signalement des pics de pollution, promotion des mobilités décarbonées pour le transfert des croisiéristes, consolidation d’un bilan global des escales réalisées avec un branchement à quai et mise en œuvre d’études sur la qualité de l’air). Pour ce qui concerne la Corse, si le chemin vers une desserte verte est indéniablement engagé, les défis restent nombreux pour l'inscrire durablement dans les corridors maritimes décarbonés de demain.
(*) Lire également « Bruxelles approuve les aides maritimes de l'Etat français sur la Corse ».
https://www.businews.fr/%E2%80%8BBruxelles-approuve-les-aides-publiques-maritimes-de-l-Etat-francais-sur-la-Corse_a4877.html
Au regard des déclarations de la vice-présidente du Conseil exécutif de Corse, on aurait pu légitimement penser que les ports de Bastia et Ajaccio signent à l'occasion de cette rencontre la charte en faveur des croisières durables en Méditerranée. Il n'en a rien été, sans qu'aucune raison officielle ne soit donnée. On s'aperçoit de toute façon que malgré les efforts de la Corse en faveur de la décarbonation, de réels freins subsistent, et notamment sur les sujets de l’équipement des ports en courant de quai et de la délivrance d’une électricité verte. Si la CCI de Corse a affiché sa volonté d’équiper dans une première étape trois postes à quai à Ajaccio, et ensuite quatre postes à Bastia, elle devra au préalable décarboner son électricité, ce qu'elle ne mentionne pas.
Suivant l’exemple de Marseille, seuls les ports de Toulon, Nice et Sète se sont engagés sur cinq points (partage des caractéristiques techniques des navires, signalement des pics de pollution, promotion des mobilités décarbonées pour le transfert des croisiéristes, consolidation d’un bilan global des escales réalisées avec un branchement à quai et mise en œuvre d’études sur la qualité de l’air). Pour ce qui concerne la Corse, si le chemin vers une desserte verte est indéniablement engagé, les défis restent nombreux pour l'inscrire durablement dans les corridors maritimes décarbonés de demain.
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