Menu

Emeutes à Marseille: ​Les collectivités locales au chevet des commerçants sinistrés


Rédigé le Lundi 3 Juillet 2023 par Nathalie Bureau du Colombier


Une réunion de crise s’est tenue, le 3 juillet à l’Hôtel de Région, au sixième jour de violences urbaines en France. La Région Sud, la métropole Aix-Marseille et la Ville de Marseille ont annoncé avoir débloqué au total 12 M€ pour soutenir les commerçants immédiatement avec des aides forfaitaires de 10 000 € et 5 000 € par commerce impacté.


Élus, préfecture de police, fédérations professionnelles, se sont réunis à l’Hôtel de Région le 3 juillet pour annoncer leur solidarité aux commerçants victimes d’exactions. 12 M€ d’aides directes vont être immédiatement débloquées. ©NBC
Élus, préfecture de police, fédérations professionnelles, se sont réunis à l’Hôtel de Région le 3 juillet pour annoncer leur solidarité aux commerçants victimes d’exactions. 12 M€ d’aides directes vont être immédiatement débloquées. ©NBC
Opticiens, débitants de tabac en larmes… 400 commerces à Marseille ont été saccagés, pillés, principalement en centre-ville, par des hordes de jeunes, cagoulés, durant les nuits du 30 juin au 3 juillet faisant 100 M€ de dégâts selon les assureurs. 
Les visages sont fermés ce lundi 3 juillet. L’ensemble du monde économique, les élus, la police, les fédérations professionnelles (UPE13, CGPME, U2P, CMA, CRESS PACA...), les collectivités locales sont réunis à l’Hôtel de Région pour condamner fermement des actes « sauvages », des scènes « de guerre » et annoncer un dispositif de soutien aux commerçants victimes de ces exactions.  
Un fonds de « solidarité commerces pillés » doté de 10 M€ —réparti à parts égales entre la Région et la Métropole—va permettre de venir en aide immédiatement aux commerçants indépendants qui ont tout perdu en quelques heures. 
 

Un tiers des commerces vandalisés en centre-ville appartiendrait à la filière habillement. ©DR
Un tiers des commerces vandalisés en centre-ville appartiendrait à la filière habillement. ©DR

Guichet unique à la CCI Aix-Marseille

L’interlocuteur des commerçants sera la CCI Aix-Marseille Provence, chargée de gérer ce fonds et de verser une aide forfaitaire de 10 000 € par commerçant indépendant impacté. De son côté, la Ville de Marseille, refusant de rejoindre le collectif, alloue une enveloppe de 2 M€ pour un dispositif exceptionnel soumis à la validation du conseil municipal du vendredi 7 juillet. Dispositif visant à protéger les commerces, dont les vitres ont volé en éclat, contre de nouvelles attaques et à réparer les dégâts en installant des panneaux de bois et des vitres blindées. Là encore un forfait de 5 000 € cumulable avec la première aide de 10 000 €. Pour que les travaux débutent au plus vite, les assureurs sont mis à contribution. « Plutôt qu’un expert par commerçant, nous demandons la nomination d’un expert pour une rue entière afin d’accélérer les procédures d’expertise et lancer les travaux rapidement », a précisé Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Aix Marseille.
Une cellule d’aide psychologique des commerçants va être mise en place également. « Après les gilets jaunes, la grève contre la réforme des retraites, la Covid, les commerçants se prennent un nouveau coup sur la tête et, pour certains, il sera fatal. Tout dépend désormais de leur état de santé économique et de leur force psychologique. Les stocks ont été vidés, or ils doivent continuer à les payer. Pour les boutiques franchisées, la maison-mère pourra faire des réassorts, quant aux indépendants, ils n’ont plus de stock », déplore, Caroline Baron, présidente de la Fédération nationale de l’Habillement en région PACA. La patronne des boutiques POM a mis ses stocks en sécurité dans un entrepôt. 
 
 

400 commerces détruits à Marseille, 2000 établissements en France

Alain Di Crescenzo, président de CCI France . ©NBC
Alain Di Crescenzo, président de CCI France . ©NBC
Dès le 2 juillet, Alain Di Crescenzo, président de CCI France, s’est rendu à Marseille au chevet des commerçants vandalisés. « Je fais le point avec les commerçants sur les dégâts, pour connaître l’état d’esprit, leurs besoins et faire remonter cela auprès des préfectures et du Ministre de l’économie. Le 2 juillet, nous dénombrions 2 000 établissements  détruits en France, essentiellement à Paris, Lyon et Marseille, dont 200 centres commerciaux, 250 agences bancaires et autant de débits de tabac. Les commerces d’articles de sport, de l’alimentaire, de l’optique, de l’électronique ont été particulièrement visés. A Marseille, des concessions automobiles ont été touchées », a déclaré Alain Di Crescenzo, président de CCI France qui a salué la création du fonds de solidarité, première initiative de ce type en France.

En marge de ces fonds de solidarité, Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille a annoncé l’exonération de la taxe sur les terrasses pour les commerces du Vieux-Port pendant la saison estivale. « La collectivité —qui a perdu 200 000€ de conteneurs poubelles et dont les Abribus ont été détruits—va se porter partie civile pour « dégradation des biens publics », a annoncé l'élue.  


Outre les dégâts immédiats, les professionnels et le monde économique s’inquiètent de l’image écornée de la France depuis plusieurs mois. A la veille de la coupe du monde de rugby et des Jeux Olympiques Paris 2024, l’inquiétude règne. Lors des émeutes de 2005, il y a eu 30% d’annulation des séjours en France. « Il est important de retrouver une bonne image de marque avec un soutien de communication et un retour au calme », déclare le président des CCI de France.




Nathalie Bureau du Colombier




Abonnement en ligne
à Businews le Mag