Avec sa chaudière à cogénération et sa turbine à vapeur Biowatt d’une capacité de 25 MW, Fibre Excellence Provence change de dimension. Elle ne va plus seulement fabriquer de la pâte à papier à Tarascon avec du bois collecté dans un rayon de 250 km, son métier historique, mais aussi produire de l’électricité pour les besoins de son exploitation et injecter le surplus d’électricité verte générée avec la biomasse sur le réseau public pour apporter sa part « à la souveraineté énergétique nationale », si sensible l’hiver dernier. Une diversification exposée dans les moindres détails le 5 juin lors de l’inauguration de l’équipement. « Nous conduisons différents projets d’améliorations. Ces transformations majeures engagées se poursuivront dans les années à venir pour les salariés, pour les riverains et pour l’environnement » a annoncé en ouverture le directeur de l’usine, Roger Girard, avant que le président de Fibre Excellence, Jean-François Guillot, ne remercie vivement l’Etat, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et les communes voisines pour leur appui dans la mise en œuvre d’un plan qui prévoit 180 millions d’euros d’investissements d’ici à 2025.
Evolutions de gammes en vue
Biowatt, avec la ligne d’évaporateurs prochainement mise en service, représente 53 millions d’euros. La turbine avait été commandée dès l’été 2021, lorsque l’usine, alors en redressement judiciaire, a été reprise à la barre du Tribunal de commerce de Toulouse, par ses anciens actionnaires canadiens de Paper Excellence. Il aura fallu 18 mois pour la mettre en place. « Elle est actuellement en période de tests et sera opérationnelle dans les tous prochains jours » assure le porte-parole de Fibre Excellence, Thomas Petreault qui estime qu’à l’horizon 2024, la production annuelle totale devrait avoisiner les 190 GWh et la part réinjectée se situer sur une fourchette de 15 à 50 GWh par an. Actuellement, Fibre Excellence Provence ne fabrique que de la pâte à papier écrue. Mais un projet, à l’étude sur le plan technique et économique, pourrait relancer la production de pâte blanchie, tout en réduisant l’usage de produits chimiques, et la positionner sur la pâte en flocons (fluff) pour fournir les producteurs de couches et serviettes hygiéniques, contraints de l’importer. Cette chaîne de délignification à l’oxygène devrait voir le jour en 2025.
Un site essentiel pour la filière bois
Pour Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a permis, avec l’Etat, de favoriser le lancement du plan d’investissement pour maintenir cette usine sur le territoire tout en accélérant sa transformation industrielle et environnementale, Fibre Excellence Provence emploie 250 salariés mais rejaillit sur quelque 5 000 emplois indirects, en particulier dans la filière bois. « Avec ce projet, vous avez fait en sorte d’apporter une plus-value à cette entreprise, a-t-il déclaré aux dirigeants pour expliquer les raisons de son engagement à leurs côtés. Notre région compte 1,6 million d’hectares de forêts et 800 000 m3 de bois sont exploités dont 100 000 en bois d’œuvre, 230 000 en bois industrie et 470 000 en bois énergie. C’est une filière essentielle pour le développement économique ». Le Préfet de Région, Christophe Mirmand, a qualifié, lui, Fibre Excellence Provence de « maillon essentiel de la valorisation » de ce bois, en se félicitant des « améliorations déjà visibles » en termes de réduction des émissions et des nuisances. « La France doit se réindustrialiser, c’est une priorité absolue et une ardente obligation, a-t-il martelé. Ces projets sont un témoignage de notre foi commune à porter la démarche ensemble », rappelant l’impulsion donnée par l’implication financière de la Banque des Territoires pour le dossier « Biowatt ».