Philippe Korcia, président de l'UPE 13, avec Jean-Michel Diaz, directeur régional de TotalEnergies (photo JC Barla)
« Pour la 1ère fois depuis 50 ans, la zone Fos-Berre va connaître des investissements massifs, de l’ordre de 11 milliards d’euros dont 8,5 milliards privés et 2,5 milliards de l’Etat et des collectivités territoriales auxquels s’ajoutent 4 milliards d’euros dans la décarbonation des industries existantes. Ces 15 milliards d’euros peuvent générer 12 000 à 15 000 emplois. Cela va créer de la valeur ajoutée sur notre territoire. Nous avons le devoir de réussir, en étant pleinement acteurs et pas seulement parties prenantes » explique Philippe Korcia, président de l’Upe 13. Il ouvrait la rencontre « Territoires : des énergies et au-delà ! », organisée le 14 mars au siège marseillais du syndicat patronal, avec l’appui de TotalEnergies et des membres du collectif impliqué depuis deux ans dans une démarche de discussion libre, engagée et constructive pour cerner les besoins et freins à lever que ces projets impliquent, prévoir les protections nécessaires en matière de respect de l’environnement et des riverains et faciliter l’accès des jeunes et des populations aux emplois promis. Au total, près de 40 participants, de tous profils (élus, associations, entreprises, structures d’insertion et d’emploi…), ont apporté leur vision et des propositions. « C’est un vrai travail collectif qui a permis de déboucher, à partir des réflexions de chacun, sur des pistes d’action qui vont continuer à s’enrichir dans les mois qui viennent. Pour réussir ensemble les transformations qui s’annoncent, il est primordial de s’écouter et s’entendre » confie Jean-Michel Diaz, directeur régional de TotalEnergies. Président régional de France Nature Environnement (FNE), Gilles Marcel souligne qu’ « on peut parler à tout le monde en disant ce qu’on a à dire, même si on n’est pas d’accord ». Il insiste sur l’impératif d’élaborer « une vision à longue vue » qui « ne laisse pas des ardoises à régler aux générations suivantes », d’autant plus quand « le court terme est inquiétant », et invite à y associer largement les citoyens.
Des pistes d’action définies collectivement
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Car la recherche du juste équilibre, notamment entre économie et écologie, exige d’oser confronter les points de vue paisiblement en amont pour prévenir et éviter les risques d’oppositions frontales sur le terrain, comme d’autres régions ont eu à le vivre.
Pour Isabelle Campagnola-Savon (Région Sud), le regard a changé sur le territoire puisque des investisseurs veulent y implanter des projets stratégiques pour la transition énergétique et écologique et, indirectement, pour la souveraineté française. Elle admet qu’il reste des progrès à accomplir dans la quête de financements « France 2030 » et qu’au « travail collectif » qui paie, il faut aussi un axe « réactif » pour ne manquer aucune opportunité. La disponibilité du foncier à vocation économique, l’inventaire de terrains destinés à la compensation écologique ou aménageables pour des fermes photovoltaïques, l’amélioration des processus d’instruction des dossiers, la préparation des besoins de compétences de demain sont considérés comme des éléments-clés pour espérer réussir les mutations que réclament la société, l’Etat, l’Europe… Au nom de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Laurent Simon évoque le défi « complexe et colossal » de la rénovation énergétique des bâtiments, les potentialités de la géothermie, mais aussi la problématique de l’impact paysager de la couverture en panneaux solaires uniformes de tous les noyaux villageois typiquement provençaux. « Il faut qu’on soit inventifs » dit-il, conscient que la recherche de l’équilibre entraînera beaucoup de concertations…
Pour Isabelle Campagnola-Savon (Région Sud), le regard a changé sur le territoire puisque des investisseurs veulent y implanter des projets stratégiques pour la transition énergétique et écologique et, indirectement, pour la souveraineté française. Elle admet qu’il reste des progrès à accomplir dans la quête de financements « France 2030 » et qu’au « travail collectif » qui paie, il faut aussi un axe « réactif » pour ne manquer aucune opportunité. La disponibilité du foncier à vocation économique, l’inventaire de terrains destinés à la compensation écologique ou aménageables pour des fermes photovoltaïques, l’amélioration des processus d’instruction des dossiers, la préparation des besoins de compétences de demain sont considérés comme des éléments-clés pour espérer réussir les mutations que réclament la société, l’Etat, l’Europe… Au nom de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Laurent Simon évoque le défi « complexe et colossal » de la rénovation énergétique des bâtiments, les potentialités de la géothermie, mais aussi la problématique de l’impact paysager de la couverture en panneaux solaires uniformes de tous les noyaux villageois typiquement provençaux. « Il faut qu’on soit inventifs » dit-il, conscient que la recherche de l’équilibre entraînera beaucoup de concertations…
Ensemble de défis simultanés à réussir
Laurent Simon (Métropole), Pierre-Antoine Villanova (Corsica Linea) et Régis Passerieux, sous-préfet d'Istres (Photo JC Barla)
Directeur général de Corsica Linea, Pierre-Antoine Villanova explique combien chaque entreprise peut porter des choix de « sobriété » durablement porteurs, même si le bénéfice visible n’est pas immédiat et qu’il faut des trésors de conviction pour embarquer actionnaires et collaborateurs. Chargé de mission auprès du Préfet, Gérard Goninet insiste, lui, sur l’ampleur du challenge à relever en formation pour mieux exploiter les dispositifs existants, réveiller l’intérêt des jeunes pour des filières industrielles qu’ils délaissent et attirer des candidats d’ailleurs dans notre région pour remplir les 15 000 postes à pourvoir si tous les projets se concrétisent. « Des jeunes, il n’y en aura pas pour tous les secteurs, il faudra aussi des femmes, des seniors, des personnes en rupture de parcours de vie ou relevant du RSA, à aller chercher et former, et ça nécessitera de la coopération » alerte Nicolas Conard (France Travail). Pour le sous-préfet d’Istres, Régis Passerieux, les échanges instaurés aident à mieux mesurer les responsabilités de chacun dans « un grand moment de transition industrielle » qui met le territoire « sur le fil du rasoir ». « Il faut être très méfiant et réaliste. Les projets en cours peuvent permettre à la métropole de se doter d’une industrie du 21ème siècle. Si nous n’y arrivons pas, notre industrie actuelle ne sera plus demain dans les normes européennes », laissant entrevoir la promesse d’un déclin succéder aux espoirs d’aujourd’hui.