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La CCI du pays d’Arles invite à l’audace


Rédigé le Mardi 28 Janvier 2025 par Jean-Christophe Barla


Le 27 janvier, la CCI du Pays d’Arles a convié deux économistes à exposer leur perception de l’économie en ce début 2025. Leur message aux entrepreneurs : se démarquer à tout prix.


Stéphane Paglia, président de la CCI du Pays d'Arles, et ses élus encouragent industriels et commerçants à se serrer les coudes. (Photo JC Barla)
Stéphane Paglia, président de la CCI du Pays d'Arles, et ses élus encouragent industriels et commerçants à se serrer les coudes. (Photo JC Barla)
Plus de 800 entrepreneurs et élus ont rejoint ce 27 janvier la « Soirée des Entreprises » organisée au palais des congrès d’Arles par la CCI du Pays d’Arles. Un succès qui se répète d’année en année, la chambre consulaire ayant visiblement trouvé la bonne formule pour souhaiter ses vœux : une intervention du président, Stéphane Paglia, pour détailler quelques projets et actions, puis deux conférenciers aux visions différentes pour inciter chaque dirigeant présent dans la salle à prendre un peu de hauteur sur la situation de son activité et du pays.
Cette année, la CCI a convié Jean-Marc Daniel, économiste, essayiste et professeur à l’ESCP Business School, et Philippe Moati, lui aussi économiste et essayiste, cofondateur de l’Observatoire Société et Consommation (ObSoCo) à Paris. A défaut de recettes applicables à toutes les entreprises, l’un et l’autre se sont employés à livrer quelques clés de compréhension, avec des exemples pour marquer les esprits.

 

Pour Jean-Marc Daniel, économiste, "quand il n'y a plus de jeunes, il faut aller les chercher là où ils sont. Les jeunes Indiens ne sont pas saturés par le travail" (Photo JC Barla)
Pour Jean-Marc Daniel, économiste, "quand il n'y a plus de jeunes, il faut aller les chercher là où ils sont. Les jeunes Indiens ne sont pas saturés par le travail" (Photo JC Barla)

Viser des pays jeunes et plus « les maisons de retraite »

Jean-Marc Daniel a commencé par rappeler la cascade de défaites qui ont frappé nombre de gouvernements, en Europe (France, Allemagne…), aux Etats-Unis, au Japon… à la suite d’un phénomène généralisé d’inflation auquel « ils ont été incapables de répondre ». Quand les politiques tentent d’imaginer des solutions, elles sont à ses yeux rarement inventives. « Les entreprises sont coupables parce qu’elles créent de la richesse. Nous sommes dans une phase de sado-fiscalisme d’atmosphère, les impôts vont augmenter de manière quasiment jouissive. Le premier combat est d’essayer d’éviter ça. » Le deuxième, pour préserver son entreprise, consiste selon lui à faire de la reconstitution de ses fonds propres une priorité parce que les taux d’intérêt vont rester élevés. « La France vit au-dessus de ses moyens et liquide son patrimoine. Après les Etats-Unis, c’est le pays le plus détenu au monde par des étrangers. » 

Jean-Marc Daniel évoque également la nécessité d’accroître sa productivité. Il souligne l’importance de la richesse créée par le travail : « Tous les quatre ans, le 29 février génère 8 à 12 milliards d’euros de production supplémentaire », glisse-t-il, laissant l’assistance réfléchir à ce que rapporterait une augmentation du nombre de jours travaillés dans un pays lourdement endetté pour redresser la barre plutôt que de lever de nouveaux impôts. Mais comme il va y avoir de moins en moins de travailleurs disponibles dans l’Union européenne (qu’il qualifie par ailleurs de « maison de retraite ») en raison de la chute de la natalité (le Japon est traité d’« unité de soins palliatifs »), il invite les entrepreneurs à se projeter dans les pays à forte croissance avec une population très jeune, avide de travailler pour consommer. « En 2050, la moitié de l’humanité sera en Afrique et en Inde », avertit-il, convaincu que l’exportation permettra aux sociétés françaises de trouver ailleurs les ressources qui s’atrophient sur le continent européen. 

Du « sur-mesure » pour des consommateurs « démoyennisés »

Philippe Moati incite pour sa part à se dégager du « télescopage de réalités » entre le temps court des perturbations actuelles et des taux de croissance moroses et le temps long qui va aider à les dépasser. Il note « une panne du désir de consommation » qui ne cesse de s’accentuer. Et comme le gouvernement semble se diriger vers une politique d’austérité, « il n’y a pas de grands espoirs de relance » pour espérer un vrai rebond croissance. Pour lui, il appartient aux entreprises de « mettre le client en 1ère position » de leurs préoccupations parce que le monde bascule d’une « logique amont-aval » héritée des Trente Glorieuses vers une « logique aval-amont ». C’est le consommateur qui décide et ses attentes sont très diverses. « La société s’est démoyennisée, dit-il, la ménagère de moins de 50 ans, c’est fini ! Le consommateur se fout du produit, il s’intéresse à l’amplification de ses effets utiles pour résoudre un problème ou rendre des services ». Philippe Moati suggère donc de « monter en gamme » son offre, d’insister sur « l’approche servicielle où l’on vend des solutions » tout en apprenant à « faire autrement » pour défendre « la valeur plus que le volume » et stopper « la fuite en avant »
Philippe Moatti incite à se dégager du « télescopage de réalités » entre le temps court des perturbations actuelles et le temps long qui va aider à les dépasser. (Photo JCB)
Philippe Moatti incite à se dégager du « télescopage de réalités » entre le temps court des perturbations actuelles et le temps long qui va aider à les dépasser. (Photo JCB)

Une identité à transporter ailleurs

Pour Stéphane Paglia, l’avenir passe aussi par le fait de « mettre en avant les solidarités » pour aider les entreprises à faire face aux changements du monde. La CCI du Pays d’Arles, avec ses projets (nouvel hôtel d’entreprises à Tarascon, incubateur féminin Les DéCCIdeuses, société foncière avec les CCI 04 et 05…), ses investissements (port fluvial, campus pour l’école de commerce…), entend se positionner comme un point d’appui de référence. Si le président acquiesce à l’idée d’exporter, il veut aussi attirer des jeunes car « le pays d’Arles est un territoire à forte identité ». Jean-Marc Daniel complète en ajoutant que, pour lui, « Arles, c’est une vision dans le monde entier, ça existe et ce n’est pas Marseille. Le "drakkar" arlésien doit sortir, aller jusqu’à Mumbaï et ne surtout pas s’arrêter à Barcelone ». Comme une carte de voyage pour 2025.
 




Jean-Christophe Barla

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