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Le vignoble de Châteauneuf-du-Pape sécurisé


Rédigé le Vendredi 27 Septembre 2024 par Jean-Christophe Barla


Le Crédit agricole Alpes Provence et la Safer Paca travaillent en commun à la reprise d’un foncier viticole de valeur, situé à Châteauneuf-du-Pape, par des jeunes agriculteurs ou des domaines familiaux.


Jérôme Lebon et Frédéric Alexandre (Crédit agricole Alpes Provence) avec, à droite, Julien Latour (Safer Paca Vaucluse) - Photo Crédit agricole Alpes Provence
Jérôme Lebon et Frédéric Alexandre (Crédit agricole Alpes Provence) avec, à droite, Julien Latour (Safer Paca Vaucluse) - Photo Crédit agricole Alpes Provence

Ce n'est plus une exception en Provence-Alpes-Côte d’Azur, la pression est de plus en plus forte sur le foncier des vignobles de qualité lorsqu’une transmission se profile. Un grand nombre de viticulteurs locaux ne peuvent plus « s'aligner » face à des investisseurs internationaux. À Châteauneuf-du-Pape, compte tenu de la réputation mondiale de l’appellation, le prix d’un hectare avoisine aujourd'hui 500 000 à 530 000 €. Le Crédit agricole Alpes Provence, avec sa filiale spécialisée dans les transactions viticoles Cap Transac, et la Safer Paca (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) ont œuvré depuis un an à acquérir la maîtrise d’un foncier de près de 20 hectares, détenu jusqu’alors par les membres d’un Groupement foncier agricole (GFA), La Nonciature.

Ces derniers souhaitaient céder leurs participations à la condition qu’elles bénéficient prioritairement à des acteurs locaux, propriétaires et exploitants. Les partenaires ont assuré le portage financier le temps que des acquéreurs et/ou des exploitants puissent reprendre le foncier. La démarche a été présentée le mois dernier à la Maison des Vins de la commune de Châteauneuf et, après examen des 14 candidatures qui se sont manifestées, le nom des acquéreurs définitifs seront prochainement dévoilés. Environ 8 hectares de vignobles classés en Côtes-du-Rhône sont également concernés.
 

Enjeu de préservation locale

« Une propriété de plus de 19 hectares, libre à la vente, ça n’arrive pas souvent », relève Frédéric Alexandre, président du Crédit agricole Alpes Provence (CAAP). « En effet, les appellations de prestige tombent souvent dans les mains d’investisseurs étrangers, de fonds de pension, de négociants… La volonté de notre Caisse régionale est d’assurer le modèle familial de nos appellations-phares de la Vallée du Rhône. Le rôle de la Safer est primordial sur les dossiers agricoles. Nous allons mener ensemble cette opération jusqu’au bout en toute transparence. »

Le GFA existait depuis 33 ans sur la propriété et Amundi en assumait la gestion. Comme le souligne Jérôme Lebon, directeur général adjoint de CAAP, « une telle superficie à Châteauneuf-du-Pape réveille beaucoup d’attraits partout, même à l’international. Notre enjeu est de faire en sorte qu’elle reste à Châteauneuf-du-Pape pour continuer à faire progresser l’appellation. Tout notre cheminement va consister à aboutir à la meilleure voie vers une proposition acceptable, en termes de prix, de conditions, qui convienne à toutes les parties prenantes ».
 

Une acquisition rentabilisable

Pour Julien Latour, président du Comité technique Vaucluse de la Safer Paca, il fallait éviter les risques de spéculation foncière. « Notre intervention permet de ne pas déstabiliser un marché sensible. Depuis 2021, nous avons géré et maîtrisé la vente de 74 hectares de vignes sur Châteauneuf-du-Pape, avec une moyenne de 18 hectares par an. Nous avons procédé à une large communication pour susciter les candidatures sur la surface globale ou sur des parcelles, que ce soit pour l’installation de jeunes agriculteurs ou pour des remembrements. Châteauneuf-du-Pape est un terroir qualitatif pour des vins de garde et nous tenons à ce qu'il le reste. » 

La Fédération des producteurs de Châteauneuf-du-Pape appuie l’initiative. Même si le prix de l’hectare reste élevé, la qualité de la renommée du vignoble (3 000 hectares au total) laisse entrevoir des perspectives de retour sur investissement en cinq ou six ans, selon Frédéric Alexandre. Les postulants proviendraient d’une trentaine de kilomètres à la ronde. « Nous allons examiner chaque projet agricole », insiste Julien Latour. Le Crédit agricole Alpes Provence assure que son engagement n’impose pas aux prétendants de faire appel à ses services pour financer les acquisitions. « Chacun conservera sa liberté de choix », promet Jérôme Lebon.

 




Jean-Christophe Barla




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