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Les cadres "seniors" moins embauchés dans la région


Rédigé le Mercredi 3 Avril 2024 par Margot Fournié (avec Éric Collomb)


Les prévisions de recrutement des cadres établies par l'Apec (association pour l'emploi des cadres) pour 2024 fait apparaître un taux d'embauche des "seniors" (plus de dix ans d'expérience) plus faible que la moyenne nationale. Une situation que l'organisme tente de renverser.


En Paca et Corse, la progression des recrutements de cadres devrait être modérée avec tout de même un nouveau record à la clé. (© Apec Paca-Corse)
En Paca et Corse, la progression des recrutements de cadres devrait être modérée avec tout de même un nouveau record à la clé. (© Apec Paca-Corse)
Ce sont très exactement 21 980 cadres qui devraient être embauchés en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse durant l'année 2024. Une prévision établie par l'Apec, en hausse de 2 % par rapport à l’année précédente (21 550), sur la base de son enquête menée auprès de 644 entreprises privées entre novembre 2023 et janvier 2024. C’est un volume record équivalent à plus du double de 2016. « On est sur un marché de l’emploi des cadres qui reste dynamique, mais qui est en train d’atteindre un plateau », analyse Anthony Fumard, délégué régional. Les PME portent le mouvement en représentant 67 % des recrutements envisagés, un taux supérieur de 5 points à la moyenne nationale.
 
Plus de 70 % de ces recrutements seront effectués dans les services, ceux à forte valeur ajoutée (46 %), c'est-à-dire les activités d’informatique-télécommunications, d’ingénierie-R&D, juridique, comptable, de conseil, de banque- assurance, et de communication-médias, et les autres segments (27 %) à savoir le tourisme, la santé, les transports… comme à l'habitude demandeurs. Dans le détail, les cadres des fonctions informatiques représenteront 20 % des recrutements. Ils seront talonnés par les cadres spécialisés dans les études-R&D, qui feront l’objet de 18 % des embauches.

Les profils juniors seront particulièrement recherchés

Presqu'un tiers (31 %) des recrutements concernera les cadres ayant 1 à 5 ans d’expérience. Puis, viendront les cadres de 6 à 10 ans d’expérience avec 28 % des recrutements. Ceux qui ont plus de 10 ans d’expérience correspondront à 23 % des recrutements, un peu en-dessous des 25 % de la moyenne nationale. L'explication d'Anthony Fumard est simple. « Un recruteur recherche une sorte de "gendre idéal". Ce profil n’existe pas. Les recruteurs vont commencer par se rassurer en embauchant quelqu’un de compétent. Ils se tournent donc vers un senior. Mais, finalement, ils se disent que le niveau de rémunération va être plus élevé. Ils vont finir par choisir quelqu’un qui a entre 1 et 5 ans d’expérience. »
 
Pour faire changer les choses dans la mesure où les demandeurs d’emploi de longue durée sont constitués à 80 % de seniors aux attentes très diverses, l'Apec essaie de se montrer pédagogue. Anne-Marie Chopinet, présidente du comité paritaire régional de l'organisme, glisse que l'Apec « incite fortement les recruteurs à faire un pas de côté. » Et l’initiative Talents seniors, fondée sur du mentorat, a pris une nouvelle dimension en 2023 pour un accompagnement plus spécifique par l’Apec, des chefs d’entreprises, des cadres dirigeants... invités à « ouvrir leur carnet d’adresses ». « Quand les gens se rencontrent, les lignes bougent plus vite », relève Anthony Fumard.

Une concurrence accrue face aux candidats

Avec 246 170 cadres en emploi dans le secteur privé, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse représentent 7 % de la part nationale, derrière l’Ile-de-France (44 %) et Auvergne-Rhône-Alpes (11 %) et à égalité avec l’Occitanie. Plus de la moitié travaillent dans les Bouches-du-Rhône et près des deux-tiers sont des hommes. La moyenne d’âge est de 45 ans et 54 % interviennent dans une TPE ou une PME. Le secteur des services en concentre 65 %, l’industrie 15 %, le commerce 13 % et la construction 7 %. Si la dynamique de recrutement a progressivement reculé depuis 2021 (+7 % en 2023 contre + 18 % en 2021 et + 15 % en 2022), il s’est tout de même créé 4 780 postes nets l’an dernier entre les recrutements en CDI, CDD et promotions internes et les sorties par démission, licenciements ou départs en retraite...

Mais la concurrence s’accroît entre les entreprises. Si bien qu’Anthony Fumard alerte les recruteurs : « Suivant la façon dont l’offre est rédigée, le nombre de candidats va varier sensiblement. Quand il y a des candidatures, il faut les traiter très vite. Plus vous êtes en-dessous de la fourchette de 3 à 6 mois, plus vous avez de chances de gagner ». Et pour fidéliser, Anne-Marie Chopinet insiste : « Il faut vendre de la vérité, pas du rêve ».



Margot Fournié (avec Éric Collomb)




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