Jean-Michel Diaz, Vincent Leroux, Régis Passerieux et Bruno Roche ont posé les critères du nouvel outil de « laboratoire territorial » pour un développement industriel équilibré (Photo JC Barla).
« Projets industriels : la co-construction, une démarche nécessaire au service du développement des territoires », telle était la thématique choisie par le Groupement Maritime et Industriel de Fos (GMIF), antenne de l’UPE 13 sur le pourtour de l’étang de Berre, pour la table ronde organisée le 24 novembre sur le salon Petrochymia, dans la halle de Martigues. L’objectif était d’aborder la question de l’acceptabilité de l’industrie en Provence à un moment où, comme l’indique Jean-Michel Diaz, son président, « si l’on compte tous les projets, environ 6 milliards d’euros d’investissements sont prévus dans les dix ans sur ce bassin ». Impossible donc de se désintéresser d’une large concertation avec les élus et les citoyens au risque de voir ces projets, capitaux pour la transition énergétique et la réduction des impacts environnementaux, rejetés par la population. Plutôt que d’attendre les consultations chapeautées par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) ou les enquêtes publiques qui peuvent s’avérer fatales à un dossier, comme l’a démontré celle sur l’implantation à Marignane de la société Satys, l’idée est d’agir et dialoguer très en amont avec un dispositif pilote en France, le « Laboratoire territorial de l’industrie Fos-Berre ». Conviés à la table ronde, le sous-préfet d’Istres qui coordonnera cette initiative, Régis Passerieux, Vincent Leroux (Vae Solis Communications), impliqué dans l’organisation de la Convention citoyenne pour le climat, et Bruno Roche, fondateur et directeur d’Economics of Mutuality, en ont dessiné les contours pour qu’il réussisse dans l’intérêt de tous.
Etablir ensemble des scénarios de développement
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« Ce Laboratoire ne sera ni une structure juridique, ni une personne morale, ni un lieu de décision ou d’expertise, mais un espace ouvert apte à prendre en compte tous les éléments de connaissance existants pour rendre les projets, pas seulement acceptables, mais souhaitables et désirés » indique Régis Passerieux. Il détecte trois chantiers à la charge de ce Laboratoire expérimental, prévu pour être opérationnel en mars 2023 : « Construire ensemble une culture commune de l’industrie » à partir des forces, des faiblesses et des « seuils de rupture » du territoire, « Elaborer ensemble des scénarios de développement industriel à un horizon de 20-30 ans » que la population et tous les acteurs pourraient s’approprier, et « Industrialiser différemment le temps des projets » par un examen plus en amont, anticipant les questions posées pour mieux y répondre, quitte à explorer des méthodes de « crash-tests » ou de « serious games » pour les améliorer. Le laboratoire intègrera un « caucus citoyen pour travailler de manière continue » assure le sous-préfet qui promet un « tiers-lieu » dédié au sein de l’AFPA à Istres. Pour Jean-Michel Diaz, « il doit être un vrai pilote pour définir la soutenabilité des projets ».
Se donner les moyens de mesurer les progrès
Selon Bruno Roche, la démarche, pour maximiser ses chances de succès, devra reposer sur la définition d’indicateurs précis et partagés pour mesurer ses avancées. « Il est important de bâtir des liens de réciprocité entre toutes les parties prenantes. Si l’impact social et environnemental n’est pas intégré dans la création de valeur d’un projet, le modèle économique ne tient plus. Il faut réinstitutionnaliser le contrat social » assure-t-il. Vincent Leroux voit dans ce « lab » un « formidable défi » parce qu’il peut modifier durablement le rapport au territoire. « Le dispositif « Réponses » sur la qualité de l’air est un socle sur lequel partir. Après, il faudra respecter des critères : se doter d’indicateurs partagés mais aussi s’assurer de la clarté de la question, des réponses apportées et du calendrier. Oser se confronter aux citoyens n’amoindrit pas la qualité des dossiers » confie-t-il. Pour Régis Passerieux, il n’y a de toute façon pas vraiment de choix. « Si on n’y réussit pas, il n’y aura pas de réindustrialisation de la France ».