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SPPPI Paca : 50 ans d’engagement à capitaliser pour une industrie mieux acceptée


Rédigé le Mardi 22 Novembre 2022 par Jean-Christophe Barla


Le Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles (SPPPI) de Provence-Alpes-Côte d’Azur a célébré son demi-siècle le 18 novembre à Aix-en-Provence. Sa capacité à nouer le dialogue avec les populations pourrait servir de socle à de futurs débats sur la place de l’industrie dans des territoires urbanisés.


Pour Jean-Jacques Blanc (FO) et Jean-Michel Diaz (GMIF), le SPPPI Provence-Alpes-Côte d’Azur peut expliquer aux citoyens les enjeux de l’industrie pour « discuter et coconstruire ensemble ». (Photo JC Barla)
Pour Jean-Jacques Blanc (FO) et Jean-Michel Diaz (GMIF), le SPPPI Provence-Alpes-Côte d’Azur peut expliquer aux citoyens les enjeux de l’industrie pour « discuter et coconstruire ensemble ». (Photo JC Barla)
La réindustrialisation de la France ne se fera pas sans concertation avec les citoyens et leurs élus. La question de l’acceptabilité de l’industrie a évidemment été abordée le 18 novembre à Aix-en-Provence lors des tables rondes du 50ème anniversaire du Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles (SPPPI) de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Depuis sa naissance en 1972, à titre pionnier en France autour de l’étang de Berre et du golfe de Fos, cette structure réunissant services de l’Etat, collectivités, industriels, syndicats de salariés, associations, n’a cessé de contribuer à mieux identifier, connaître et faire reculer les pollutions industrielles (eau, air, sols…). Un cran supplémentaire dans son ouverture a été franchi en 2012, l’Etat qui le pilotait jusqu’alors acceptant de renforcer son indépendance par une structure juridique propre, sous forme associative, et une gouvernance plus collégiale. « Le SPPPI pouvait objectiver les débats » s’avouait convaincu Romain Vernier, alors à la DREAL, qui avait promu cette évolution en espérant accroître l’écoute mutuelle dans l’appréhension des problématiques de risques et de pollutions. Ce nouveau mode de fonctionnement a permis de revitaliser son rôle, sous l’impulsion de sa directrice générale, Gwenaëlle Hourdin, et d’aboutir à une initiative qui reste unique dans notre pays, le dispositif « Réponses » sur la qualité de l’air, avec un programme d’actions concrètes portées par ses acteurs eux-mêmes. Pour « l’objectiver » justement, le SPPPI est allé jusqu’à impliquer un « panel citoyen » et à recueillir la perception des riverains de sites industriels sur les parvis des écoles ou les marchés. « Cela a permis d’aller chercher des gens qui ne participent pas habituellement aux concertations. C’était un enjeu majeur » souligne Marie-Claude Dhô-Fiandino, directrice adjointe Stratégie Environnement de la Métropole Aix-Marseille-Provence.  Une opinion partagée par Gérard Ferréol (Environnement Industrie) : « On est sorti du débat d’initiés où chacun arrive et repart des concertations publiques avec ses convictions ». « La collégialité est un moteur essentiel du maintien de la confiance » ajoute Pierre Aplincourt, ex-président régional de France Nature Environnement (FNE).

Conscience partagée du risque

Le SPPPI peut-il donc faire désormais progresser l’acceptabilité de l’industrie dans la métropole ? Pour Jean-Michel Diaz, président du Groupement Maritime et Industriel de Fos (GMIF), c’est indispensable pour trouver le juste équilibre. « La 1ère urgence est de préserver la planète pour les générations futures tout en assurant le développement économique et social. La méthodologie développée par « Réponses » est imaginable sur l’acceptabilité de l’industrie pour réussir à coconstruire tous ensemble le paysage industriel de demain et les conditions de soutenabilité des projets ». Ginette Vastel, vice-présidente de FNE, relève que le chemin sera encore long quand on voit le rejet de l’industrie exprimé par nombre de riverains et d’associations dans la concertation publique menée à Gardanne-Meyreuil sur le projet « Hynovera » d’Hy2Gen France. Elle veut néanmoins voir un espoir dans le SPPPI. « Il regroupe déjà tous les acteurs. C’est idéal pour étudier en amont les projets et déminer les points durs » dit-elle. Jean-Jacques Blanc, responsable de Force Ouvrière, souhaite que le SPPPI s’empare de dossiers hors de la zone Fos-Berre et sur d’autres thématiques que l’air pour gagner en visibilité auprès du grand public et affirmer son indépendance par le suivi de terrain qu’il sera capable de lui apporter. Il ne s’agit pas de refuser toute industrie, un combat qui serait dramatique pour l’avenir de notre territoire, mais de « se mettre au service d’une culture du risque partagée », comme le résume Anne-Cécile Rigail, cheffe du service des risques à la Direction Générale de la Prévention des Risques (DGPR).  




Jean-Christophe Barla




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