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Un débat coopératif entre le Medef et FO

[Forum des entrepreneurs]


Rédigé le Lundi 14 Octobre 2024 par Elise Méouchy


Le Forum des entrepreneurs 2024 a été l'occasion d'un débat entre Frédéric Souillot, secrétaire général du syndicat Force Ouvrière, et Patrick Martin, président du Medef, deux figures que l'on oppose de prime abord, mais dont les échanges ont laissé entrevoir des chemins de coopération intéressants.


Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière et Patrick Martin, président du Medef © Thierry Vaudé
Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière et Patrick Martin, président du Medef © Thierry Vaudé

A l'occasion du 24e Forum des entrepreneurs, l'Upe 13 a proposé un débat entre Patrick Martin, président du Medef et Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière.

Passées quelques plaisanteries d'introduction qui rappellent l'intérêt du débat d'idées et de la pluralité des regards, plusieurs sujets défilent : les salariés pauvres, la question du pouvoir d'achat, le rapport au travail, l'immigration choisie et le rôle de l'État. Les points d'opposition et de convergence alternent dans un climat d'écoute propice à la réflexion.

Frédéric Souillot est revenu sur le besoin impératif d'une hausse des salaires des travailleurs pour qui « le Smic ne peut pas être le salaire d'une vie », et sur la nécessité de « ramener un certain nombre de décrocheurs au boulot ». Patrick Martin reconnaît quant à lui qu'on ne peut être indifférent à la question du pouvoir d'achat et sa progression corrélée à la hausse des salaires. De même, il estime que l'attractivité, la motivation et les évolutions de carrière sont des incontournables. Mais il y a un angle mort : les dépenses des salariés. La crise du logement génère un pôle de dépenses de plus en plus lourd pour les ménages. Pour Patrick Martin, l'accessibilité au logement et la relance de la construction immobilière sont des sujets essentiels à résoudre.

En outre, il faut, de son point de vue, s'interroger sur le financement des prestations sociales. Ce à quoi Frédéric Souillot rétorque que « quand on est malade, on ne nous demande pas la couleur de notre carte bleue, mais notre numéro de sécurité sociale. On cotise en fonction de ses moyens, on reçoit en fonction de ses besoins ». Mais les deux hommes s'accordent à dire que l'État devrait laisser les différentes parties prenantes négocier et limiter ses interventions perçues comme entravantes : « je rejoins Frédéric Souillot sur l'autonomie des partenaires sociaux, dans un souci de principe et d'efficacité ». Ils mentionnent pour preuve les huit mois de négociations entre le patronat et les organisations syndicales qui ont permis de parvenir à un accord sur le partage de la valeur (il s'agissait d'instituer plusieurs dispositifs de partage de la valeur permettant d'associer les salariés à la performance et au capital de leur entreprise. Certains de ces dispositifs sont facultatifs, d'autres sont obligatoires).



Patrick Martin © Thierry Vaudé
Patrick Martin © Thierry Vaudé

Des pistes de solutions

En outre, le président du Medef se désole du niveau du débat politique en France, « cela ne donne pas une image de grand sérieux », et rappelle « je suis un libéral, mais le paritarisme est précieux, il est un facteur d'équilibre. J'affirme que les entrepreneurs sont des républicains, faisons le valoir dans le débat public ! ». Un souffle salutaire sur cette grand scène qui suscite les applaudissements des spectateurs.

Les échanges qui suivent concernent le niveau d'engagement dans le travail et des pistes de solutions pour lui redonner corps. A nouveau les revenus, les conditions de travail et la non-intervention de l'État apparaissent comme essentiels, tout autant que la question fondamentale de l'orientation et de la formation. Patrick Martin évoque le potentiel et la revalorisation de l'industrie, « créatrice de richesse, d'innovation, d'exportations... ». Il préconise également d'œuvrer sur le management. « On a perdu de l'humain », et remet en question le télé-travail : « il faut que les salariés se côtoient, se rencontrent pour pouvoir co-élaborer le projet d'entreprise. »

Enfin, la question des travailleurs détachés et de l'immigration choisie est courageusement soulevée et met au jour différents aspects du sujet : les règles entre pays européens, la nécessité de créer une équité concurrentielle, mais aussi les tensions de recrutement dans un contexte démographique défavorable.

Le débat s'achève sur la question « public-privé » avec ces mots de Patrick Martin. « On a besoin d'un État efficient, sobre, qui se recentre sur ses fonctions régaliennes et s'occupe de ses agents, en sur-effectif à certains endroits, en sous-effectif à d'autres (éducation, santé et sécurité) ». On notera toutefois une certaine ambivalence à demander à l'État de ne pas interférer entre patronat et syndicats, et le solliciter pour participer au financement de certaines actions et structures privées. Le débat (et le dialogue paritaire) mérite en tout cas d'être poursuivi !




Elise Méouchy

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