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​Race For Water hisse les voiles pour l’océan


Rédigé le Mercredi 14 Mai 2025 par Nathalie Bureau du Colombier


La fondation Race Water a affrété son dernier catamaran zéro émission, le MODX70, pour sa première escale à Marseille. Le 13 mai dernier, des experts maritimes de la décarbonation du transport maritime étaient invités à débattre à bord.


Sorti des chantiers navals lorientais Ocean Développement, le MODX70, éco-catamaran de nouvelle génération, a effectué sa première escale à Marseille. ©NBC
Sorti des chantiers navals lorientais Ocean Développement, le MODX70, éco-catamaran de nouvelle génération, a effectué sa première escale à Marseille. ©NBC
Première escale à Marseille, du 12 au 16 mai, pour le MODX70, catamaran zéro émission fraîchement sorti des chantiers navals lorientais et affrété par la fondation Race Water. De 2025 à 2027, il voguera dans le cadre de la mission Odyssée Océan & Climat, pour sensibiliser le grand public, les scolaires, les élus et les entreprises aux enjeux de la préservation de l’océan. Ce 13 mai à bord, Marco Siméoni, fondateur de l’association environnementale, et son équipage ont organisé une table ronde sur des enjeux de la décarbonation du transport maritime qui génère 3 % des émissions mondiales de CO2. 

Pas une goutte de pétrole à bord… L’imposant catamaran MODX70 (21 m de long) carbure avec deux ailes à l’aérodynamique apparentée à des ailes d’avion. Il fait tourner les hélices en sens inverse (hydrogénération), quand les voiles conçues par Aéroforce, sont déployées et utilise des panneaux solaires pour produire de l’électricité. Preuve que la haute plaisance totalement décarbonée est désormais une réalité même si elle a un coût, 45 000 € la semaine pour huit personnes à bord. Au-delà de l’activité charter, MODX70 est avant tout la troisième génération de navire pour la fondation Race For Water. Ce concentré de technologies joue le rôle d’ambassadeur engagé pour Marco Siméoni : « Depuis 2010, nous sensibilisons le public à la pollution plastique des océans et des plages. Nous nous attachons à sensibiliser les élus, les enfants et à promouvoir des solutions », explique cet ancien ingénieur télécom passionné par les océans et le développement durable.
 

Marco Simeoni, président de Race For Water© Chloé Lambelet
Marco Simeoni, président de Race For Water© Chloé Lambelet

La voile, une solution crédible

« Neuf marchandises sur dix sont transportées par voie maritime. Si les navires émettent 13g de CO2 à la tonne kilomètre transportée, le train en émet 6g, le camion 94 g et l’avion 574 g/tk. Demain, le transport maritime bénéficiera d’un mix énergétique : ammoniac, méthanol et propulsion vélique », explique Colomban Monnier, président du conseil de gestion de la Fondation ENSM (Ecole Nationale Supérieure Maritime) et responsable innovation chez Opsealog. Le vélique a le vent en poupe auprès des armateurs comme coup de pouce à la navigation et de plus en plus de porte-conteneurs sont dotés de voiles.

A la clé, une économie en carburant, moins de CO2 émis. Des pure players se développent convaincus d’hisser à nouveau les voiles. Ainsi, la jeune compagnie maritime marseillaise Hisseo nourrit depuis deux ans le projet de construire un cargo à voile. 

Hisseo, 4 lignes en Méditerranée au départ de Marseille

Vue d’artiste de L2ONaval du futur cargo à voiles d’Hisseo qui opèrera en 2027 en Méditerranée.
Vue d’artiste de L2ONaval du futur cargo à voiles d’Hisseo qui opèrera en 2027 en Méditerranée.
Cette goélette de 45 mètres devrait être opérationnelle à compter de 2027 et opérer quatre lignes en Méditerranée au départ de Marseille vers Valence, Izmir, Tunis et Tanger. « Nous aurons une capacité de 260 palettes. L’enjeu consiste à convaincre les chargeurs d’accepter un surcoût. Notre modèle repose sur la politique volontariste des entreprises de payer plus cher », défend Dajmina Houdet-Caseneuve, cofondatrice d’Hisseo.

De son côté, Nicolas Imbert, de Green Cross France, est convaincu de la nécessité de dépoussiérer les Incoterms (pour International Commercial Terms, ndlr) qui régissent les droits et obligations entre acheteurs et vendeurs. « Il n’existe pas de case pour un transport bas carbone dans les Incoterms. C’est à Davos que cela se prépare avec la nécessité d’une impulsion forte. Des grands noms tels Ikea et Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt...) disent avoir besoin de cet outil ».

Cette escale phocéenne fut également l’occasion de dresser un état des lieux de l’évolution des posidonies sur le littoral depuis une trentaine d’années en collaboration avec le GIS Posidonie qui a installé depuis 1984, des balisages le long du littoral méditerranéen français.




Nathalie Bureau du Colombier




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