« Sur la métropole, 2020 a été terrible, 55% des 560 chefs d’entreprises interrogés nous disent avoir enregistré une baisse de leur activité, 94% dans le secteur des cafés-hôtels-restaurants… Nous estimons que la perte de chiffre d’affaires dans les Bouches-du-Rhône s’élève à 18 milliards d’euros », explique Maurice Wolff, vice-président de la CCI Aix-Marseille-Provence. « Mais entre le PGE et le chômage partiel, les conséquences sur l’emploi et les faillites ne sont pas celles qu’on pensait au début du confinement. L’embellie n’est pas envisagée avant l’été 2021. Si l’on veut réussir le rebond à l’horizon 2022, il va falloir mettre sur la table des signes de confiance ». A ses côtés, Jean-Christophe Ehrhardt, le nouveau directeur régional de la Banque de France en Provence-Alpes-Côte d’Azur, est tout aussi convaincu que la clé de la relance se trouve dans cette confiance. Il s’est livré à un panorama international de l’environnement économique en ce début 2021, en mettant en avant les particularités de la France par rapport à ses homologues européens pour conduire sa résilience. Le maintien d’un certain niveau de productivité, des capacités de financement des entreprises, des compétences, offre des raisons d’espérer. Mais il a averti : « Il n’est pas question d’annuler la dette. La France se distingue défavorablement par le poids de sa dette, mais un désendettement dans la durée est possible. Avec un peu d’agilité, on peut inverser la courbe. Nous maintenons d’ailleurs nos projections à + 5% en 2021, + 5% en 2022 et + 2% en 2023. Le chemin sera long, périlleux et lent. Les 110 milliards d’euros d’épargne des ménages sont une source intéressante pour faire repartir très vite la consommation si les contraintes s’allègent. Et pour les investissements des entreprises, il faudra privilégier une stabilité fiscale afin de les aider à y voir clair ». Quant aux dirigeants qui craignent une dégradation de la cotation de leur société, il les incite à jouer la transparence avec les analystes sur les bouleversements qui ont percuté leur activité et leur engagement pour en atténuer les conséquences financières…
De l’espoir et des nuances
Pour son adjoint aux affaires régionales, Bernard Benitez, l’enquête effectuée en décembre 2020 et janvier 2021 auprès de 1 500 entreprises (représentant 180 000 salariés et 38 milliards d’euros de chiffre d’affaires) confirme qu’après le choc de 2020, la perception d’un éventuel rebond reste encore fragile. Même les retours encourageants sont à nuancer. « Les industriels anticipent une hausse de 7,5% de leurs dépenses d’investissements, mais elles correspondent surtout à des obligations de mises aux normes », dit-il. « Dans les services marchands, le repli des investissements atteint – 15% et dans la construction – 2,8%. Il faudrait donner plus de visibilité sur les carnets de commandes publiques et privées ». Les trois secteurs envisagent néanmoins un retour à la croissance de leurs chiffres d’affaires à hauteur de 7,3% dans les services, 6,2% dans l’industrie et 5,1% dans le bâtiment. « Un effet de rattrapage » selon Bernard Benitez. L’emploi devrait rester stable, entre 0,2% et 1% selon les secteurs. Malgré leur relative modestie, ces évolutions laissent entrevoir que la page d’une année noire commence à se tourner si d’autres aléas ne surviennent pas. Il y a un an, les entreprises de services n’imaginaient pas qu’elles s’apprêtaient à voir leur activité s’effondrer de – 66% et – 54% en mars et avril (et de 98% dans le tourisme !). Les industriels ne se doutaient pas qu’ils allaient dévisser de 50%. Quant au bâtiment, c’est une chute de - 88% en mars, - 68% en avril, qu’il allait subir. En décembre 2020, chacun s’était progressivement redressé. Mais sans revenir encore au niveau de 2019.