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Culturespaces entre satisfaction et incertitude aux Baux-de-Provence


Rédigé le Lundi 27 Février 2023 par Jean-Christophe Barla


Ravi du retour des touristes sur les « Carrières des Lumières » où s’ouvre un nouveau spectacle et sur le Château des Baux, l’exploitant d’espaces culturels doit néanmoins composer avec des procédures judiciaires qui pourraient interroger son avenir sur les deux sites.


La nouvelle exposition immersive aux Carrières des Lumières permet de pénétrer les œuvres des maîtres hollandais dans des détails inaperçus jusqu’alors (photo JC Barla).
La nouvelle exposition immersive aux Carrières des Lumières permet de pénétrer les œuvres des maîtres hollandais dans des détails inaperçus jusqu’alors (photo JC Barla).
Avec ses sites d’immersion culturelle et numérique qu’il développe dans le monde entier, Culturespaces a trouvé une méthode qui marche pour réconcilier le grand public, lassé de l’austérité de certains musées, avec l’art. Il le démontre à nouveau cette année aux Baux-de-Provence avec l’ouverture ce 24 février de son nouveau spectacle « De Vermeer à Van Gogh, les maîtres hollandais » sur une trentaine de minutes et à « Mondrian, l’architecte des couleurs » sur dix minutes. Sous la direction artistique de Virginie Martin qui avait eu par le passé l’occasion de se familiariser avec les anciennes carrières de calcaire des Baux-de-Provence pour un format court sur Kandisky, cette édition aboutit à une vraie redécouverte de ces peintures pourtant célèbres, tant les animations ont été judicieusement élaborées. Les portraits prennent une profondeur nouvelle, projetés sur les parois du site. Malgré l’immensité, les scènes d’intérieur ne perdent rien en intimité. Quant aux œuvres plus colorées, comme celles de Van Gogh, elles jaillissent aux yeux des visiteurs bien mieux que sur les murs d’un musée, comme si elles prenaient vie. Les plus grincheux pourront toujours s’élever contre des « manipulations » numériques qu’ils perçoivent comme des atteintes au talent de leurs auteurs. Il n’en est rien à l’esprit de Virginie Martin. « Une exposition immersive doit offrir une autre accessibilité à la peinture, aider à pénétrer plus intensément dans le détail de sa composition, mais sans la dénaturer… « La Jeune fille à la perle » apparaît ainsi presque réelle en très grand format… J’ai parfois été bluffée moi-même par le rendu dans le lieu. Et le choix des musiques vise à sublimer cette découverte ».

Publics fidèles

La formule convient en tout cas aux visiteurs puisque 625 000 se sont plongés de mars 2022 au 2 janvier 2023 dans « Venise, la Sérénissime ». Un résultat qui réjouit Etienne Devic, le directeur des Carrières et du Château des Baux pour Culturespaces. « Le public est revenu pour ce retour en année pleine, malgré toutes les crises affrontées depuis trois ans qui auraient pu altérer la fréquentation ». Les touristes étrangers ont retrouvé le chemin des Baux, comme les groupes et les Provençaux, clientèles fidèles de ces spectacles. « Nous avons enregistré un public familial à nos soirées spéciales du spectacle « Destination Cosmos » et nos « Intégrales » sur des expositions passées ont très bien fonctionné, avec 50 000 participants. Nous abordons donc 2023 de manière positive, d’autant plus que nous proposerons à compter d’avril « Tintin, l’aventure immersive », à laquelle nous consacrerons tous les dimanches de l’année et, durant les vacances scolaires, les mercredis, car elle se prête bien à une découverte en journée ». Le Château des Baux a pour sa part enregistré une fréquentation de 180 000 visiteurs, en progression de 39%.

Une situation à clarifier

Le groupe reste néanmoins, dans cet environnement porteur pour ses choix stratégiques et culturels, confronté à l’incertitude de deux procédures judiciaires qui lui promettent une résiliation de contrat au 1er novembre 2023, l’une sur les Carrières, l’autre sur le Château, la commune, alors sous la responsabilité de Michel Fénard, étant soupçonnée de lui avoir attribué l’exploitation de manière irrégulière depuis plus de 10 ans. Une condamnation est tombée récemment, de « recel de favoritisme » pour Culturespaces, et de « favoritisme » pour la municipalité. L’avenir de son engagement sur les Carrières et le Château est donc soumis à une décision prochaine de la mairie de relancer une consultation, dans les règles imposées. « On ne sait pas ce que sera la suite, admet Etienne Devic. Mais nous espérons bien pouvoir continuer ici ».



Jean-Christophe Barla




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