Détective privée, une prestation sur mesure pour les entreprises

Tiphaine le Carboulec est détective privée. Depuis 2019, la société qu'elle dirige, Fides Investiga-tions, accompagne les entreprises confrontées à des situations sensibles : soupçons de concurrence déloyale, manquements contractuels ou comportements perturbant le fonctionnement interne. Dans les litiges sociaux ou commerciaux, le droit est clair : une entreprise ne peut pas s’appuyer uniquement sur des éléments internes pour justifier une position. Mails, impressions, observations informelles ou témoignages de collègues ne suffisent pas à démontrer un préjudice. Le rôle du détective est justement d'objectiver la situation, d'apporter des preuves externes, indispensables pour sécuriser une décision. 

« L'obtention de preuves par un professionnel indépendant renforce la valeur probante des éléments présentés. Cela augmente considérablement les perspectives de succès de l'entreprise en cas de litige ou de procès, en renforçant la crédibilité de la démonstration du préjudice », explique Tiphaine le Carboulec. Autant de raisons pour lesquelles des commerçants, des PME industrielles, des ETI du numérique ou même des associations, sollicitent l’expertise de détectives privés. « Les structures professionnelles constituent 70 % de notre activité, les 30 % restants sont des particuliers », précise-t-elle.
 

Comment les choses se passent-elles ? On garde tous en mémoire l'image d'Epinal du détective dans son bureau qui attend le client un verre de whisky à la main. Mais dans la vraie vie et en 2025 , la méthode est plus rigoureuse et très encadrée. Chaque mission débute par un entretien de cadrage au sein de l'entreprise avec le dirigeant, le service RH ou l’avocat. La détective analyse alors la problématique, clarifie ce que le droit autorise ou exclut, puis propose un devis et une stratégie d’intervention. Un contrat, obligatoire dans une profession réglementée par le ministère de l’Intérieur, scelle l’opération. Suit alors la phase d’enquête, qui peut mobiliser des filatures, de la surveillance, des observations de terrain ou des vérifications in situ. Un rapport est ensuite rédigé pour rendre compte des actions menées. « Parfois, l’absence totale d’action de la personne surveillée constitue déjà une information précieuse. Elle peut permettre d’écarter un soupçon et d’apaiser une équipe », raconte la détective. 

Malgré tout, le travail de surveillance reste quand même au cœur du métier. « C’est comme dans les films, sourit Tiphaine le Carboulec, mais dans la réalité, c'est plus lent et beaucoup plus exigeant. Il arrive que nous restions des heures en voiture, sans décrocher, parfois à deux véhicules pour assurer la continuité. » Le télétravail a évidemment modifié certaines dynamiques, mais il n’a pas fait disparaître les comportements problématiques. Une fois l’enquête menée à son terme, le rapport détaillé remis au client contient les éléments de preuve et les observations. Ce rapport est exploitable sur le plan juridique. 
 

La dimension de conseil occupe une place croissante dans l'activité de la détective. « Beaucoup d’entreprises ne connaissent pas les limites légales de notre métier. J’explique ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. L’objectif est de ne jamais exposer le dirigeant à un risque juridique. »  Les honoraires ne sont pas réglementés, mais une fourchette se dessine, entre 60 et 120 euros de l’heure selon les missions. « C'est un coût plutôt faible si on le rapporte aux risques que peut prendre une entreprise sans aide extérieure : licenciement injustifié, dossier prud’hommal mal préparé, perte de compétitivité liée à une double activité non déclarée, ambiance délétère au sein d’une équipe... »

Les avocats sont aujourd’hui parmi les prescripteurs les plus réguliers de la profession de détective. « Un dossier solide repose sur des preuves irréfutables. Nous sommes devenus un acteur non négligeable dans le renforcement de la sécurité juridique des entreprises. Il y a énormément de façons d’aider une entreprise, même pour un simple début de preuve. Personnellement, j'estime que ma mission est de remettre les faits à leur juste place. Pour que le dirigeant prenne sa décision en toute connaissance. »