Philippe Korcia (UPE 13) explique à Gilles Odone (RTE Méditerranée) que la situation est "catastrophique" dans certaines entreprises (Photo JC Barla)
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L’intervention détonnait par rapport à la satisfaction exprimée par le délégué de RTE Méditerranée, Gilles Odone, de voir « la mobilisation exceptionnelle » d’une quarantaine de sociétés, CCI, organisations professionnelles et patronales, dans le dispositif EcoWatt en vue de cet hiver. Mais Philippe Korcia tenait à souligner la situation « dramatique » qu’affrontent les sociétés provençales face à l’explosion des coûts énergétiques et aux risques de difficultés d’approvisionnement qu’elles pourraient rencontrer dans les prochaines semaines. Après avoir pointé les « crises multiples » et les responsabilités des pouvoirs publics français dans la chute de la production française, notamment nucléaire, le président de l’UPE 13 et vice-président du Medef Sud a dit son inquiétude que « le quoi qu’il advienne remplace le quoi qu’il en coûte ». « Sur le plan national, en 2022, les entreprises ont subi 16 milliards d’euros de surcoûts dont 6 milliards d’euros pour l’industrie. Certaines suspendent leur activité pour ne pas avoir à produire à perte. Si on ne trouve pas de solution, il y aura de la casse. Cette crise est terrible, elle peut être quatre à cinq fois plus grave que la COVID, 25% des entreprises pourraient disparaître. Il faut comprendre le désarroi des dirigeants qui subissent une situation dont ils ne sont pas responsables. EcoWatt peut créer une dynamique dans la réduction des consommations, mais il faut combler les trous dans la raquette des aides pour traverser cette crise ». Présidente d’Industries Méditerranée et élue à la CCI Aix-Marseille-Provence, Christine Baze a insisté sur les effets d’une « sobriété négative » qui oblige des usines à réduire, voire à arrêter leur production pour limiter les retombées sur leurs factures et leurs bilans. « Décarbonation ne doit pas rimer avec désindustrialisation » martèle-t-elle, en relevant les dangers de délocalisation d’usines dans des pays où l’énergie est moins chère.
Actionner plusieurs leviers
Gilles Odone n’a pas caché la fragilité d’un contexte fortement dépendant de la météo. « A ce jour, les pointes de consommation sur octobre-novembre s’élevaient à 65 GW, l’an dernier à la même période, elles atteignaient déjà 83 GW, dit-il, ravi de la clémence du climat pour la gestion des réseaux électriques. EcoWatt pourra aider à passer ces pointes, mais pour éviter les coupures, il faudra faire des efforts en plus, en impliquant salariés, usagers, citoyens, abonnés, dans des écogestes ». La RTM a détaillé quelques mesures prises avec ses 3 600 collaborateurs dont 1 500 conducteurs, de la baisse des températures à l’arrêt nocturne des escalators dans le métro, en passant par les consignes d’écoconduite, ou la promesse de relayer les alertes EcoWatt auprès de ses clients. Quant à Cédric Boissier, directeur régional d’Enedis, il a rappelé le rôle stratégique des postes sources répartis sur le territoire pour mener l’électricité jusqu’à l’usager final, qu’il soit un ménage ou une société. Plusieurs leviers, selon lui, participeront à la limitation des consommations (EcoWatt, effacement, baisse de tension, groupes électrogènes et délestage tournant sur deux heures maximum). « Nous agirons sur ces leviers depuis nos postes sources. Nous avons identifié des clients prioritaires chez lesquels nous ne couperons pas ». Mais il admet, soucieux de ne rien dissimuler de l’état énergétique de notre pays en cette fin 2022, malgré son 7ème rang de « puissance mondiale » : « Nous sommes en phase de préparation de crise aujourd’hui ».