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Euromaritime 2/3 - Les ports français à la conquête de l'éolien en mer


Rédigé le Dimanche 25 Février 2024 par Nathalie Bureau du Colombier


Businews a suivi le salon Euromaritime qui s'est tenu fin janvier à Marseille. Cette semaine pour ce deuxième volet, zoom sur l'éolien en mer qui suscite une nouvelle vague d'investissements dans les ports français.


La ferme pilote Provence Grand Large. ©NBC
La ferme pilote Provence Grand Large. ©NBC
Un vent nouveau souffle dans les ports français, porté par le potentiel de la filière éolienne en mer. Le secteur a généré 3,2 Md€ d'investissements en 2022, une progression de 26 % par rapport à 2021, dont la plus grande partie (2,8 Md€ - 87 %) sont engagés par les développeurs et exploitants dans la construction et le raccordement des parcs. Etienne Pourcher, président d’EP Conseil, a dévoilé sur le salon Euromaritime, les résultats de la dernière enquête conduite par l’Observatoire des énergies de la mer auprès de 324 acteurs de la filière en France. Il explique que « les énergéticiens ont sorti le carnet de chèques pour construire les parcs de demain. De nouvelles usines se sont implantées notamment avec Siemens Gamesa au Havre, LM Wind à Cherbourg, General Electric à Saint-Nazaire ». Ce septième rapport est riche d’enseignements.   

En 2022, la filière a généré un chiffre d’affaires de 2 Md€, en hausse de 43 % atteignant un niveau d’activité historique grâce à l’export (543 M€). En termes de parc installé, la France accuse un certain retard comparé aux pays du nord de l’Europe avec seulement 480 MW fin 2022. Premier champ commercial en service, le parc d’éoliennes posées de Saint-Nazaire fournira 20 % de la consommation électrique annuelle de Loire-Atlantique.   
 

Etienne Pourcher. Président d’EP Conseil, a présenté sur le salon Euromaritime les résultats de la dernière enquête conduite par l’Observatoire des Énergies de la Mer. ©NBC
Etienne Pourcher. Président d’EP Conseil, a présenté sur le salon Euromaritime les résultats de la dernière enquête conduite par l’Observatoire des Énergies de la Mer. ©NBC

Pour des usages domestiques et pour l’export

A elles seules, les sociétés françaises concentrent deux tiers des investissements réalisés dans les parcs éoliens. Un dynamisme qui stimule l’emploi. Avec 7 500 Etp (équivalents temps plein) travaillant dans la filière en France, essentiellement dans les régions Pays de Loire et Normandie (4500 emplois), le secteur est en progression de 14 % (914 Etp supplémentaires en 2022). Les cinq plus grosses entreprises industrielles concentrent 53 % des emplois totaux. 

Les régions PACA et Occitanie recensent seulement 700 emplois mais un rééquilibrage pourrait s’opérer dans les prochaines années avec le lancement, par le port de Marseille-Fos, du projet DEOS (Développement de l’éolien offshore) avec, à la clé, la création de 1700 emplois dans la construction de caissons et l’intégration d’éoliennes. Le port phocéen annonce l’aménagement pour 550 M€ d’une plateforme de 80 ha dédiés à la filière, livrable en 2028. Eiffage Metal, historiquement présent à Fos, pourrait tirer son épingle du jeu dans la recomposition du paysage énergétique régional en se positionnant pour la production industrielle de 50 flotteurs. « L’éolien flottant est une bonne diversification et parfois une activité contracyclique par rapport aux activités navales », fait remarquer Etienne Pourcher.    

En France, les ambitions de la filière portent sur la création de 1000 nouveaux emplois chaque année. « Lors de l’enquête, 1700 créations d’emploi ont été annoncées pour 2023. 42 % disent avoir rencontré des difficultés de recrutement en 2022 se traduisant par de nombreux métiers en tension. Les compétences sont issues des secteurs de l’oil and gas, de la construction navale et des travaux publics », complète Etienne Pourcher. 

En matière de formation, 71 cursus sont identifiés dans l’Hexagone et 600 personnes ont été diplômées en 2022 dans la filière. Les effectifs R&D ont progressé de 33 % en 2022. Les deux appels d’offres en cours de l’État pour l’installation de deux parcs, sur la façade méditerranéenne et au sud de la Bretagne, laissent entrevoir de forts développements de l’éolien flottant. L'année 2024 est également celle du déploiement de trois fermes pilotes, Provence Grand Large, EFLG dans le Golfe du Lion et Eolmed en Occitanie. La profondeur des fonds en Méditerranée oblige le recours à l’éolien flottant. « Le chiffre d’affaires de l’éolien flottant a été multiplié par trois en 2022. Près de 28 % du chiffre d’affaires a été réalisé à l’export grâce à General Electric et Siemens Gamesa, soit 241 M€ sur un total de 543 M€ (+150 %) », ajoute Etienne Poucher. Une tendance qui devrait s’accélérer dans les années à venir, Fos et Port La Nouvelle ne cachant pas leurs ambitions de devenir les grands constructeurs d’éoliennes de Méditerranée, avec un rayon d’action de 2 000 km. 




Nathalie Bureau du Colombier




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