
Aux yeux des industriels et acteurs de la formation, une meilleure information des publics est indispensable pour attirer vers l'industrie. (Photo JC Barla)
« Nous vivons sur notre territoire la perspective d’une 3ème révolution industrielle, entre les projets qui s’annoncent et les usines qui se transforment. Elle crée un effet d’aubaine, avec des emplois qualifiés à valeur ajoutée et des métiers qui donnent un sens aux jeunes appelés à se former ou arriver sur le marché du travail, grâce à la décarbonation, la digitalisation… Pour semer la graine, il faut donc aller les voir et leur montrer ces enjeux d’avenir » a expliqué Robin Prétot, responsable communication du Pôle Formation Industrie de l’UIMM Sud à Istres. Il s’exprimait le 5 juin sur l’une des tables rondes organisées par le Salon des Equipements, Process et Maintenance (SEPEM) dans la halle de Martigues, destinées à explorer comment amener la jeunesse à apporter sa part à l’industrie plus vertueuse et plus performante de demain.
Si nombre de projets ciblés sur la zone de Fos se concrétisent, il va falloir des chaudronniers, des soudeurs, des tuyauteurs, des électromécaniciens, des techniciens de maintenance… Or, la pénurie de compétences dans ces domaines est déjà sensible. Il va donc falloir en former, mais pour remplir les filières dédiées, encore faut-il convaincre des candidats d’y postuler. Un événement chaque fin d’année comme Forindustrie qui « challenge » sur les métiers et la connaissance de l’industrie collégiens, lycéens, étudiants et demandeurs d’emplois expose avec succès différentes opportunités de manière interactive et ludique. Mais tout un travail de terrain, en approche directe, doit en prolonger les effets par d’autres biais…
Si nombre de projets ciblés sur la zone de Fos se concrétisent, il va falloir des chaudronniers, des soudeurs, des tuyauteurs, des électromécaniciens, des techniciens de maintenance… Or, la pénurie de compétences dans ces domaines est déjà sensible. Il va donc falloir en former, mais pour remplir les filières dédiées, encore faut-il convaincre des candidats d’y postuler. Un événement chaque fin d’année comme Forindustrie qui « challenge » sur les métiers et la connaissance de l’industrie collégiens, lycéens, étudiants et demandeurs d’emplois expose avec succès différentes opportunités de manière interactive et ludique. Mais tout un travail de terrain, en approche directe, doit en prolonger les effets par d’autres biais…
Créer et accentuer des liens
« Des jeunes de 16-18 ans n’ont pas de vision réelle de l’activité économique. La première inégalité, c’est le manque d’information sur les métiers des jeunes et des demandeurs d’emploi » note ainsi Jean-Pierre Giannoli, pour la société Acti (Azur Chaudronnerie Tuyauterie Industrielle) qui emploie 250 personnes. L’entreprise varoise a déployé toute une méthodologie de formation en interne et s’emploie à faire passer le message à l’extérieur pour que des postulants se manifestent auprès d’elle. « Donner du liant à l’existant est un élément moteur » juge-t-il, en expliquant qu’il invite les acteurs de l’accompagnement vers l’emploi à découvrir ses installations pour qu’ils puissent à leur tour leur transmettre des candidatures. François Grouard, responsable du bureau des entreprises inséré au sein du Lycée Jean Moulin de Port-de-Bouc, a pour mission d’assurer le lien entre les besoins identifiés dans les sociétés qui recrutent et les élèves en quête d’une piste d’orientation ou d’insertion. Il informe aussi les professeurs, joue de son influence auprès des parents, pour lever leurs éventuelles réticences. « Il n’y a pas que l’apprentissage, certains sont faits pour ça, d’autres non et peuvent ainsi rejoindre une formation initiale » rassure-t-il.
Rapprocher des réalités professionnelles

France Travail et les missions locales adoptent de nouvelles pratiques pour inciter les jeunes et demandeurs d'emploi à s'intéresser aux métiers industriels. (Photo JC Barla)
L’ampleur des attentes, élargie avec le renouvellement de la pyramide des âges, implique de prospecter tous azimuts en étant capable ensuite de diminuer le temps d’appréhension du métier entre le diplôme et l’insertion en entreprise. Nicolas Castanié, chef de projet de la filière Sud Avenir Hélico, évoque ainsi la volonté d’aller vers des approches de plus en plus concrètes afin de monter en qualification les emplois dont Airbus Helicopters et ses partenaires auront besoin pour gagner en compétitivité. Près de 6 000 recrutements sont prévus. Ce sera l’objectif de l’Académie de l’hélicoptère, prévue pour 2028 sur Marignane-Vitrolles. « Nous visons un large public. L’idée est de reproduire des postes de travail au plus près des réalités industrielles afin de permettre des préqualifications par nos partenaires. Ils perdront ainsi moins de temps à tutorer en interne et les personnes seront intégrées plus facilement ».
L’accompagnement apparaît comme un élément-clé de la fidélisation. « Le processus ne s’arrête pas à la signature du contrat. Le bilan d’intégration est une phase importante pour faire le point entre le candidat et le chef d’entreprise par rapport à ce qui a été promis en amont. Aujourd’hui, 40 % des personnes recrutées quittent la société dans la 1ère année » alerte Stéphane Detray, consultant en recrutement de Florian Mantione Institut, qui relève également que « pour un jeune, le CDI n’est plus le Graal absolu ».
L’accompagnement apparaît comme un élément-clé de la fidélisation. « Le processus ne s’arrête pas à la signature du contrat. Le bilan d’intégration est une phase importante pour faire le point entre le candidat et le chef d’entreprise par rapport à ce qui a été promis en amont. Aujourd’hui, 40 % des personnes recrutées quittent la société dans la 1ère année » alerte Stéphane Detray, consultant en recrutement de Florian Mantione Institut, qui relève également que « pour un jeune, le CDI n’est plus le Graal absolu ».
Un vivier de reconversions à exploiter
Auprès des demandeurs d’emploi, Sophia Bouzidi, chargée de mission de France Travail, souligne que l’effort « d’acculturation » des publics en reconversion, par des visites d’entreprises, des découvertes de plateaux techniques, s’accroît également maintenant que l’industrie est redevenue une filière prioritaire. « On a acculturé aussi les conseillers, admet-elle, pour réduire le décalage entre promesse et réalité. Mais les industriels doivent être parties prenantes des parcours et embarquer ainsi plus de profils ». Pour Laurence Vey de l’Association régionale des Missions Locales Sud, des méthodes « atypiques » sont même mises en œuvre sous forme de « recrutement inversé » où le jeune questionne le dirigeant. « Elles contribuent à créer des conditions favorables au rapprochement » assure-t-elle. « Et aller au-delà des préjugés » pour Jean-Marc Méli, directeur adjoint de la mission locale de Martigues. Et pour les filles ? Une table ronde s’est consacrée à la problématique de les convaincre que l’industrie est pour elles autant qu’aux garçons. « Il y a des carrières formidables à embrasser. Une femme en production change tout dans les équipes qui en intègrent. Ce qu’elle peut apporter à une entreprise est vraiment différent » résume Christine Pansier, DRH consultante de Cap Perform.