« Ce qu’on a fait ici en six ans est impressionnant » a rappelé en ouverture de la pose « officielle » de la première pierre du MRS4, 4ème datacenter d’Interxion à Marseille, David Ruberg, vice-président exécutif « Stratégie et Développement des marchés » de Digital Realty et directeur d’Interxion. Si le 1er centre de 6 200 m2 a été racheté à SFR en 2014 à la Joliette, deux autres ont été bâtis dans le périmètre du port, MRS2, sur 4 470 m2 en 2018, en réhabilitation d’un bâtiment en friche, et MRS3 sur 7 100 m2 en juillet 2020, par la restructuration totale de l’ancienne base sous-marine allemande, dont 4 800 m2 seront livrés cette année. Soit 264 millions d’euros dépensés. MRS4 jouxtera MRS3 sur 6 700 m2, entièrement équipés, pour 125 millions d’euros supplémentaires, une puissance disponible pour ses clients pouvant aller jusqu’à 13,6 MW, et un objectif de mise en service en juillet 2022 de la première phase. Pour Fabrice Coquio, président d’Interxion France, fournisseur de solutions de datacenters de colocation neutres vis-à-vis des opérateurs télécoms et des fournisseurs de cloud, « ce projet est lancé maintenant car nous avons le devoir de travailler par anticipation des besoins de nos clients. Le site n’est pas construit qu’il enregistre déjà de la demande ». Le lieu bénéficiera d’un système de refroidissement des salles informatiques dit de « river cooling » qui consiste à puiser de l’eau à moins de 15 degrés dans la galerie souterraine à la mer entre Gardanne et Marseille plutôt que d’implanter des groupes froids, bien plus voraces en consommation énergétique. Ce choix technologique est appuyé par des aides de l’ADEME et de la Région. « C’est un hub internet de classe mondiale que nous voulons créer ici. Marseille est désormais 9ème, nous voulons lui faire intégrer le Top 5 d’ici deux ans » annonce Fabrice Coquio, en rappelant que la ville est le point de passage de 14 câbles sous-marins et terrestres mondiaux qui en font le pivot des échanges numériques entre Amérique, Asie, Moyen-Orient ou Afrique et l’Europe. « Le câble chinois de la route de la soie est connecté ici » précise-t-il.
Port numérique
Le maire de Marseille, Benoit Payan, s’est réjoui de voir que la ville qu’il gouverne « devance Los Angeles dans cette course », considérant que « les données qui transitent dans ce port sont un minerai que nous devons apprendre à exploiter ». Le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, a rappelé que c’est en 1999 que Marseille s’était investie dans le domaine sous l’impulsion de Robert Louis-Dreyfus, alors à la tête de LD Com. « Dès le 1er câble, il y a eu une vision affirmée d’en faire le 1er nœud de raccordement au sud de l’Europe » souligne-t-il. Pour Hervé Martel, président du directoire du Grand Port Maritime de Marseille, Interxion, par les sites qu’il a transformés dans l’enceinte portuaire, a parallèlement enrichi l’horizon de l’activité du port, en lui ajoutant les flux de données aux flux de marchandises traités historiquement. « Cette logistique de la donnée est devenue stratégique pour le territoire, je ne m’y attendais pas » admet-il. MRS4 est réalisé avec Bouygues Bâtiment, Bouygues Energies et Services et Schneider Electric. Filiale du groupe Digital Realty depuis mars 2020, Interxion, né en 1998, compte plus de 290 datacenters dans le monde. En France, outre Marseille, il est seulement présent à Paris avec 7 centres.