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« La reconstruction passera par l’humain avec un grand H »


Rédigé le Jeudi 25 Février 2021 par Fabienne Berthet


Directrice de Lauralba à Aix-en-Provence, Entreprise du Service Numérique dont elle est seule maître à bord depuis 2006, Stéphanie Ragu, qui est également présidente de Medinsoft, met à disposition de ses clients, répartis dans le grand Sud, Lyon et Paris, du personnel informatique. Au nombre de ses clients se comptent la Ville de Marseille, le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône et des entreprises telles que Cap Gémini ou Compass Group. Sa centaine de salariés, techniciens, chefs de projets, développeurs, consultants sont ainsi placés en mission pour des durées de 6 mois à 5 ans au sein d’entreprises qui font le choix de sous-traiter certaines problématiques digitales. Après un an de crise, la dirigeante dresse un bilan de l’état d’esprit de ses collaborateurs et des difficultés rencontrées au cours d’une période pour le moins atypique.


Stéphanie Ragu, dirigeante de Lauralba
Stéphanie Ragu, dirigeante de Lauralba
Comment avez-vous géré la crise dans un premier temps ? 
 
Dès le départ, nous avons réussi à organiser la continuité de l’activité, avec les deux tiers des salariés en télétravail et une équipe réduite d’une trentaine de personnes sur le terrain. Il a fallu trouver du matériel sanitaire, s’équiper et gérer des modes de communication différents. Nous avons pu répondre à toutes les demandes. Mais très vite, nous avons été confrontés aux problématiques inhérentes au travail à distance. Certains collaborateurs ont commencé à s’isoler et ne plus assurer leurs tâches, ce qui a entrainé des problèmes de productivité. En parallèle, nous avons eu aussi de belles surprises, certains qui se sont complètement dépassés et ont fait montre d’une motivation et d’un esprit d’équipe incroyable. 
 
Vous avez été aidés par les pouvoirs publics ?

Nous avons sollicité deux PGE de la part de nos banques partenaires qui nous été accordés ; nous n’avons pas utilisé l’un d’entre eux, ce qui laisse une marge de manoeuvre. Globalement, notre chiffre d’affaires de 4,5 à 5 millions d'euros a été impacté à hauteur de 15 à 20 % par la crise sanitaire. Il faut tenir le cap pour ce premier semestre 2021 en espérant faire de la croissance interne sur des projets auparavant reportés. 
 
Comment tenir sur la distance ? 

La répartition des équipes a changé. Aujourd’hui, plus de la moitié de nos collaborateurs sont en mission chez nos clients, et l’autre toujours en télétravail. Nous nous sommes adaptés à ce nouveau quotidien. Nous avons les outils nécessaires désormais. Mais l’absence de visibilité est pesante et on sent l’essoufflement. De même, le fait de ne plus être en contact quotidien, de ne plus échanger jouent sur le moral de tous. On essaie de trouver d’autres canaux de communication. Mais il faudrait quasiment effectuer du cas par cas pour chaque salarié. Ce qui implique une énergie décuplée et un nouveau mode managérial pour ne pas perdre pied. Il faudrait que cela s’arrête rapidement sinon le risque de démotivation va s’installer. Nous avons vécu un moment inédit. Aujourd’hui il nous faut travailler dans le sens de la reconversion professionnelle pour faire revenir nos collaborateurs dans un état d’esprit positif. 
 
Quelles sont les problématiques actuelles ? 

Aujourd’hui le problème principal repose sur la notion de cas contact. Nous en rencontrons toutes les semaines ce qui provoque beaucoup de tensions, d’inquiétudes voire de suspicion. Les managers sont en bout de course. Beaucoup ont une peur terrible du virus. D’autant que ce n’est pas notre rôle de faire de la psychologie et de l’éducation, on doit se concentrer sur le business qui redémarre doucement. Le recrutement s’avère également plus compliqué. Dans la situation actuelle, le turn over est limité, plus personne ne veut prendre le risque de s’engager dans une autre aventure. Or nous allons manquer de nouveaux collaborateurs. 
 
Comment envisagez-vous l’avenir ? 
 
Notre priorité est l’emploi, garder nos collaborateurs et continuer à les former. Nous visons la performance et la proximité sans se poser la question de participer ou non à cette relève. Il faut y arriver malgré cette situation changeante. D’ores et déjà, ce serait bien que les collectivités concentrent leurs appels d’offres sur les entreprises du territoire. Notre priorité consiste à encourager la collaboration collective, sur l’entraide. Il s’agit aujourd’hui de revenir aux fondamentaux. La reconstruction passera par l’humain avec un grand H.
 



Fabienne Berthet




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