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Les néoarmateurs réinventent le modèle coopératif


Rédigé le Dimanche 20 Octobre 2024 par Nathalie Bureau du Colombier


Les coopératives maritimes de Marseille et de la région se sont réunies, le 15 octobre, pour faire rayonner ce modèle de gestion remis au goût du jour par les nouvelles générations poussées par l’urgence écologique.


Au micro, Franck Rossi, président de la coopérative du lamanage de Marseille et du Golfe de Fos. ©NBC
Au micro, Franck Rossi, président de la coopérative du lamanage de Marseille et du Golfe de Fos. ©NBC
Quand les armateurs européens de lignes conteneurisées dégagent des bénéfices colossaux, un autre modèle alternatif émerge, prônant l’égalité et la gouvernance partagée. De nouvelles compagnies voient le jour sur les rives de la Méditerranée, poussées par la nécessité de revoir complètement le modèle du transport maritime de marchandises. Ils sont marins, comme Djamina Houdet-Caseneuve, cofondatrice d’Hisseo ou Nicolas Rousson, de Bourlingue et Pacotille, poussés par les vents de la décarbonation, embarquant avec eux des chargeurs, producteurs de fruits secs, agriculteurs bio désireux d’agir de la terre à l’assiette du consommateur.

A Méjannes-lès-Alès dans le Gard, Matthieu Brunet, président d’Arcadie connu pour les Epices Cook et les tisanes Herbier de France, soucieux de décarboner le transport maritime entre Madgasacar et Marseille, a cofondé Windcoop aux côtés de Zéphyr et Borée et Enercoop. « Ma motivation porte à la fois sur l’aspect social et écologique. Nous sommes positionnés dans le commerce équitable et tous les acteurs chaîne doivent être correctement payés, y compris les marins », affirme Matthieu Brunet, président engagé financièrement dans la construction d’un voilier cargo pour 30 M€. 

Matthieu Brunet, président d’Arcadie connu pour les Epices Cook et les tisanes Herbier de France. ©NBC
Matthieu Brunet, président d’Arcadie connu pour les Epices Cook et les tisanes Herbier de France. ©NBC

​Des épices au voilier cargo à 30 M€

Ils ont pour point commun le modèle coopératif, qu’il s‘agisse de Sociétés Coopératives et Participatives (SCOP) ou de Sociétés Coopératives d'Intérêt Collectif (SCIC). « Nous réinvestissons dans le capital, nous attirons les investisseurs à impact désireux de contribuer à la transition du maritime qu’il s‘agisse de chargeurs, de collectivité ou du Plan Bleu », a expliqué, le 15 octobre sur le quais phocéens, Djamina Houdet-Caseneuve, lors d’une soirée dédiée aux coopératives maritimes.

Organisée par l’association Marseille capitale de la Mer et l’Union régionale des Scop, les deux structures souhaitent faire connaître ce modèle éprouvé par la Coopérative de lamanage de Marseille et du Golfe de Fos. Fondée en 1946, elle fédère 84 associés sur un effectif de 100 personnes et n’a pas connu un seul jour de grève !  « Nous prônons le dialogue social. Contrairement aux idées reçues le processus de décision n’est pas lent, nous avons une attitude d’investisseur, nous rachetons des entreprises pour grandir, nous développer. Nous possédons des filiales dans le transport maritime de fret et de passagers sur le Frioul, pour le compte de la métropole Aix-Marseille et sur l’Estaque et la Pointe-Rouge pour la RTM. A terme, il faudrait que le statut de Scop soit prioritaire sur les marchés publics. C’est un modèle qui n’est pas toujours compris », explique Franck Rossi, président de la coopérative du lamanage. 

ATEM, acteur de la maintenance industrielle et maritime, a également opté pour ce modèle. L’entreprise réalise 10 M€ de chiffre d’affaires et connaît une expansion dans le monde entier. « Ce modèle fidélise et offre une rémunération confortable à travers l’intéressement, la participation et le partage de la valeur », explique Ludovic Vivian, technico-commercial chez ATEM. La Région PACA compte 76 Scop et Scic et représente 700 emplois.




Nathalie Bureau du Colombier




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