Délégué régional Méditerranée de Total, Jean-Michel Diaz l’assure : « C’est le début d’une grande histoire ! ». Elle devrait s’étendre bien au-delà du seul périmètre où elle va émerger, la plateforme de la bioraffinerie de Total à La Mède, sur la commune de Châteauneuf-les-Martigues. Total et Engie ont en effet conclu un accord de coopération pour concevoir, développer, construire et exploiter le projet Masshylia, appelé à devenir « le plus grand site de production d’hydrogène renouvelable de France ». Reposant sur un électrolyseur de 40 MW et des fermes solaires d’une capacité de 100 MW réparties en différents points du territoire départemental ou régional (la centrale actuelle de 8 MW du site n’est pas concernée), l’installation génèrera dans un premier temps 5 tonnes d’hydrogène vert par jour pour approvisionner la bioraffinerie, avec un gain écologique conséquent (15 000 tonnes de CO2 par an évités dans l’atmosphère), non négligeable dans cette période de recherche de nouveaux équilibres entre développement industriel et environnement. A plus long terme, l’électrolyseur pourra aller jusqu’à 15 tonnes par jour et servir à l’alimentation d’autres usages, dans l’industrie ou la mobilité. Le projet se veut par ailleurs particulièrement novateur pour la décarbonation de l’industrie, puisqu’il s’affranchira de l’intermittence de la production d’énergie solaire grâce à un système de pilotage digital qui garantira à la bioraffinerie une fourniture en continu, et à un stockage « de grande ampleur ». Plusieurs paramètres restent encore à préciser (positionnement des centrales, subventionnement du local jusqu’à l’Europe, autorisations…). L’investissement demeure secret, même s’il comprendrait « trois chiffres » d’après les estimations. Les travaux devraient débuter en 2022 pour une mise en service en 2024.
Technologies innovantes
« C’est une première française et elle voit le jour en Provence, insiste Jean-Michel Diaz. Dès avril 2015, Total avait annoncé qu’il voulait faire de la Mède une plateforme des énergies d’avenir. Après la bioraffinerie, il confirme cette stratégie d’acteur multi-énergies déterminé à atteindre en 2050 l’objectif de neutralité carbone. Ce pas en avant part de notre région pour se déployer à terme en France. Il est d’autant plus important qu’il va générer des retombées en matière de formation, de compétences, mais aussi de sécurité industrielle puisqu’un pôle international va naître dans le domaine grâce à un partenariat avec l’Ecole Nationale Supérieure des Sapeurs-Pompiers (ENSOSP) ». Selon Olivier Machet, directeur du projet chez Engie, une cinquantaine d’ingénieurs se mobilise sur le projet. « Nous allons développer des briques technologiques qui n’existent pas encore sur le marché avec l’ambition d’en faire des modèles duplicables. En unissant les forces d’Engie et de Total, nous accélèrerons la structuration et l’expansion d’une filière française, tout en démultipliant les impacts locaux et en créant de nouvelles compétences, à l’image des collaborations instaurées sur la sécurité industrielle, mais aussi en gestion, en exploitation, en maintenance... Ce projet, c’est un fer de lance ». Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, se réjouit d’une annonce qui entre pleinement dans la vision d’une « COP d’avance » et du « Plan régional Hydrogène » mis sur pied par l’institution. « Le projet Masshylia a tout notre soutien. C’est une grande fierté de voir se développer des projets ambitieux qui font rayonner la région Sud au niveau international et renforcent notre attractivité, encore plus cette année malgré les crises que nous traversons ».