Aptunion à Apt (fruits confits) a fait le choix de la méthanisation avec l’aide financière de l’Ademe et de la Région. (Photo JC Barla)
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« La méthanisation est une solution mature de transition énergétique qui génère du gaz produit localement et consommé localement. Les études attestent d’un potentiel de 450 000 tonnes de matières méthanisables récupérables (paille de riz ou de blé, fumier, cultures intermédiaires à vocation énergétique, résidus de maraîchage…), rien qu’en agriculture. Les utiliser, c’est une perspective d’une trentaine d’installations sur le territoire d’ici à 2030 et 70 000 foyers chauffés au gaz » assure Jean-Luc Cizel. Le directeur délégué Méditerranée de GRDF a été invité le 5 novembre à exposer les attraits de la méthanisation en tant que membre d’un collectif, Métha’Synergie, engagé depuis 2018 dans sa promotion en Provence-Alpes-Côte d’Azur (1). Le biométhane injecté dans les réseaux émet 90% de CO2 de moins que le gaz naturel. Mais dans l’agriculture, la région ne compte pour l’heure aucune installation alors que la France recense une centaine de structures transformant des intrants agricoles en biogaz. Pour Georges Seimandi, délégué Rhône-Méditerranée de GRT Gaz, « la méthanisation n’est pas assez connue et il faut battre en brèche un certain nombre de présupposés dommageables. Tout est en place ici pour la déployer. Avec 600 hectares de céréales, on estime à 15 000 tonnes le volume annuels d’intrants. Un méthaniseur, c’est un investissement de 5 millions d’euros pour un revenu annuel de 1,3 million d’euros ». Plusieurs projets seraient à l’étude. La Chambre régionale d’agriculture, par la voix de Patrick Levêque, son vice-président, s’avoue prête à accompagner ses ressortissants et à identifier les lieux susceptibles d’accueillir des méthaniseurs dès lors que des solutions financières sont accessibles et que l’on veille à une certaine mutualisation pour ne pas démultiplier les transports de matières valorisables afin d’approvisionner les unités. « On peut constater aujourd’hui combien le photovoltaïque s’est développé sur les toitures de hangars, la méthanisation peut se généraliser aussi à l’avenir » dit-il.
Une piste soutenue pour l'industrie
La méthanisation, déjà appliquée pour le retraitement de boues de stations d’épuration (Géolide de Seramm / Suez à Marseille), n’est pas ouverte qu’aux agriculteurs. Avec les potentialités identifiées dans d’autres secteurs, le gisement méthanisable total s’élèverait à 1 million de tonnes hors stations d’épuration. Dans l’industrie, Aptunion, fabricant de fruits confits à Apt, a ainsi investi récemment dans une unité de méthanisation avec Veolia qui lui a permis de réaliser des économies substantielles sur la gestion de ses rejets. Jean-Luc Cizel admet qu’une dizaine de projets sont en cours de réflexion dans l’industrie agroalimentaire. Selon Yves Le Trionnaire, directeur régional de l’ADEME, « nous sommes sur une logique d’économie circulaire qui favorise une production d’énergie démondialisée. Dans l’industrie, les aides contribuent à la rentabilité du projet afin de déclencher la décision d’investissement ». La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a mis sur pied également des dispositifs d’appui financier pour atteindre la neutralité carbone à 2050. Dans les objectifs, jugés « très ambitieux compte tenu du travail à faire pour y parvenir », la production injectée dans les réseaux devrait atteindre les 600 GWh en 2023, les 2 TWh en 2030, soit 440 000 foyers chauffés au biogaz. Pour Philippe Maurizot, vice-président du conseil régional, « 5,5 millions d’euros ont été investis dans des projets depuis octobre 2017, soit 1,8 million d’euros par an. La subvention est un levier d’accélération du déploiement tout en préservant l’environnement ». La filière pourrait créer jusqu’à 470 emplois…
- Métha’Synergie regroupe l’ADEME, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la DREAL, la Chambre régionale d’agriculture, le GERES (ONG de solidarité internationale), GRT Gaz et GRDF. Site web : https://methasynergie.fr