Pour Thibault Lecuyer-Weber (Padam Mobility), le transport à la demande a suscité 250 nouveaux projets en 2022. (Photo JC Barla)
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Il n’est plus possible d’aborder aujourd’hui le transport public sur une Métropole comme Aix-Marseille-Provence par le seul prisme traditionnel du bus, du métro ou du tramway. L’évolution des attentes des usagers, les progrès des technologies d’intelligence artificielle pour exploiter les réseaux démontrent l’intérêt d’explorer des approches alternatives, d’autant plus que d’autres collectivités, ailleurs en France ou en Europe, s’y emploient avec des premiers résultats encourageants. La rencontre organisée à l’initiative de Padam Mobility, le 9 mars au sein du rIAlity Lab de la CCI Aix-Marseille-Provence, a permis à différents opérateurs de faire état de leurs démarches en transport à la demande, vélo ou covoiturage. « Le transport à la demande est un transport public qui, au lieu de suivre un itinéraire fixe, répond à la demande d’usagers sur réservation préalable. Cette demande est traitée par des algorithmes de la manière la plus efficace » explique Thibault Lecuyer-Weber, directeur général de Padam Mobility qui affiche plus de 2 millions de personnes transportées sur ce concept. Selon lui, cette « révolution silencieuse » se concrétise souvent dans des zones jusqu’alors peu ou mal desservies par des transports en commun réguliers et contribue à « rabattre » vers les réseaux existants de nouvelles catégories d’usagers. « Le déploiement des smartphones et des algorithmes d’intelligence artificielle ont facilité cette forte croissance parce qu’il n’est plus nécessaire de réserver longtemps à l’avance » assure-t-il. Sur le périmètre métropolitain, Padam en évalue avec la RTM les potentialités du côté de La Ciotat. Bien organisé, ce mode de transport avec des mini-bus de 8 à 15 places peut accélérer l’abandon de la 2ème voiture dans certains foyers et réduire la pollution atmosphérique sans faire exploser les coûts. Selon le dirigeant, une étude menée à Strasbourg, ville souvent pionnière en matière de transports urbains, « le transport à la demande serait 3,3 fois moins cher qu’un service de bus en ligne fixe ». A Orléans, la flotte de 39 véhicules ayant été bien intégrée dans le réseau global de transports en commun sur 21 communes, jusqu’à 40 000 trajets par mois sont désormais enregistrés. Et en Ile-de-France, l’offre satisfait une demande de déplacements sur la grande couronne parisienne. Une configuration qui pourrait s’apparenter à un modèle pour la Métropole.
Penser et concrétiser l'interconnexion totale
Mais le transport à la demande ne résoudra pas tout, le vélo ou le covoiturage doivent également occuper une place. Pour Clément Machon de la société Fifteen (160 collaborateurs, 50 000 vélos partagés en France et dans le monde), quel que soit le choix, usage ponctuel, location longue durée, achat ou station en gare, l’usage du vélo à assistance électrique peut favoriser l’essor d’une intermodalité sur de plus longues distances dès lors qu’il est bien maillé au réseau de transport public. « Nous commençons à voir des collectivités qui envisagent de substituer une ligne de bus par l’accès à des vélos, affirme-t-il. Cet été, nous allons développer une ligne sur l’axe Royan-Cognac-Angoulême avec plusieurs stations et au moins une centaine de vélos ». Au nom de Karos, spécialiste du « covoiturage au quotidien », Sylvain Patou est sur la même ligne : pour lui, lorsqu’un organisateur de transport va jusqu’à prévoir une intégration tarifaire, à travers une billettique commune avec celle des bus, le « court-voiturage » atteste de ses performances pour accroître les possibilités de desserte à coûts compétitifs. « Les employeurs y voient une source de meilleure attractivité lorsque se constitue une masse critique pour les trajets domicile-travail » dit-il. En Nouvelle-Aquitaine, la Région a pris la main en 2018 pour mettre sur pied, avec Sopra Steria et un syndicat mixte de 33 membres et 40 réseaux de transport le « Système d’information multimodale Modalis » accessible aux usagers d’un territoire de 84 000 m2 (c’est la superficie d’un Etat comme l’Autriche). « Elle se veut ouverte à tous et connecte les réseaux les uns aux autres, elle possède même un module de répartition des recettes entre les différents opérateurs et offre aux usagers un compte unique « mobilité » pour simplifier son expérience. Le moteur de calcul d’itinéraires a été livré en décembre 2022, l’intégration M-Ticket pour un règlement par smartphone sera proposée en avril 2023 » indique Thierry Gohon, directeur Innovation verticale Transports de Sopra Steria qui a conçu toute l’architecture et programme d’autres enrichissements futurs pour un service optimal.