Grâce à leur victoire, les collégiens ont pu s’approcher au plus près de la réalité de métiers industriels et de projets de transition énergétique. (Photo JC Barla)
Ils s’étaient engagés avec beaucoup d’enthousiasme dans le challenge « Forindustrie – L’Univers Extraordinaire » en novembre dernier parce qu’un voyage à Paris semblait promis aux vainqueurs. Mais c’est à Marseille que les jeunes lauréats de 3ème D et 4ème S des collèges corses de Biguglia et Lucciana ont débarqué le 5 avril au matin avec un programme chargé : une visite de l’Orange Vélodrome en compagnie de SNEF pour en découvrir les équipements audiovisuels (et les vestiaires de l’OM en récompense suprême) puis un déplacement sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer en vue de mieux cerner l’un des projets majeurs du futur de la transition énergétique : le chantier d’éolien flottant Provence Grand Large d’EDF Renouvelables sur le site d’Eiffage Métal. « Vous avez devant vous une première mondiale ! » a déclaré Etienne Berille, chef de projet « Environnement » d’EDF Renouvelables, après leur avoir exposé les règles minimales de sécurité et quelques données sur la consommation énergétique de la France et la nécessité de renforcer les énergies renouvelables.
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Enseignants et élèves ont été impressionnés par le gigantisme des flotteurs dont l’assemblage s’achève. A leur arrivée, des techniciens grimpaient un escalier vers la plateforme aménagée à près de 45 mètres de haut. Etienne Berille explique que ces flotteurs seront quasiment invisibles lorsque les éoliennes s’élèveront à 17 km des côtes de Port-Saint-Louis-du-Rhône puisqu’ils seront ancrés à 100 mètres de profondeur. L’occasion pour lui d’expliquer que la Méditerranée exige une solution d’éolien flottant par rapport aux installations d’Europe du Nord qui peuvent être « posées » au fond de l’eau, à 30 à 40 mètres. « Avec ce projet-là, on va apprendre beaucoup pour déployer la technique ailleurs par la suite, 70% des côtes du monde pouvant accueillir de tels projets ». L’échange se nourrit de questions-réponses sur le poids de ces flotteurs, sur le nombre d’années qu’il a fallu pour monter le projet, sur le choix des couleurs jaune et gris pour ces équipements… Il y en a aussi sur la sécurité, sur la date du transport vers la mer, sur les modalités de raccordement électrique pour que la production soit injectée sur le réseau. Même si quelques élèves ont émis des hypothèses bien plus basses, le montant de l’investissement de 300 millions d’euros ne suscite pas vraiment d’émotion.
Un défi relevé en commun
Leurs professeurs de technologies, Marie-Hélène Bernardini et Mattea Luciani, qui ont mobilisé leurs classes sur le challenge, se félicitent de l’initiative portée par Industries Méditerranée, l’UIMM Alpes-Méditerranée et EDF. La plateforme 3D, avec ses vidéos, ses quizz, ses jeux, les témoignages de salariés d’industries régionales, a suscité une vraie compétition mais « bon enfant ». « Ils étaient très motivés, se sont organisés par petits groupes pour relever les défis proposés, ça a soudé la cohésion de la classe. Même certains qui ne se côtoyaient pas forcément se sont investis ensemble pour tenter de gagner » explique Mattea Luciani. « J’ai apprécié leur curiosité et leur autonomie, note de son côté Marie-Hélène Bernardini. Je leur ai donné quelques explications, ils se sont partagé les tâches puis ont travaillé chez eux. C’était une bonne idée d’intégrer sur la plateforme des témoignages sur les métiers de personnes de tous âges et tous profils ». Ses élèves ont été tellement efficaces que la troisième semaine de ce concours mené par 900 classes et 22 000 élèves en France leur a paru longue. « Il faudrait que de nouveaux défis soient lancés chaque semaine pour entretenir l’implication » ajoute-t-elle. En dénichant « par hasard » l’œuf d’or dissimulé dans « L’Univers Extraordinaire », Maëlle a permis à la 3ème du collège de Biguglia de coiffer sur le poteau la 4ème de Lucciani. Une performance car la Corse avait inscrit 88 classes de 47 établissements. Sa copine Giulia a aimé découvrir « plein de milieux différents et plein de possibilités, nous avons appris énormément de choses car nous n’avions pas d’idée au départ de ce qu’était l’industrie ». « Pendant le challenge, certains motivaient les troupes, d’autres donnaient des conseils. Parfois, nous étions tous connectés en même temps ! » glisse Maëlis. Lucas, élève de 4ème de Lucciani, reviendrait bien à partir de l’été prochain pour revoir les éoliennes de Provence Grand Large implantées en mer. « La transition énergétique, c’est notre avenir » dit-il, visiblement ravi de mieux comprendre l’une des solutions vouée à l’accélérer.