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SNCF Réseau lance une opération reconquête sur le fret


Rédigé le Jeudi 23 Novembre 2023 par Nathalie Bureau du Colombier


Le 15 novembre dernier, SNCF Réseau a présenté au World Trade Center de Marseille les avantages du fret ferroviaire, un mode de transport beaucoup moins carboné que la route. Les opérations de report modal se multiplient en Provence et dans le Var.


En 2023, Grands Moulins de Paris va recevoir 70 000 tonnes par train. ©NBC
En 2023, Grands Moulins de Paris va recevoir 70 000 tonnes par train. ©NBC
L'année 2023 sera certainement une des pires années pour le transport ferroviaire, marquée par la grève contre la réforme des retraites, freinée par la flambée du prix de l’électricité et du coût des sillons fret et sinistrée par un éboulement en août 2023 dans la Vallée de la Maurienne. La catastrophe a contraint Nestlé Waters à abandonner temporairement le rail entre la France et l’Italie au bénéfice de la route. Jusqu’au rétablissement de la circulation ferroviaire, en octobre 2024, près de 6 000 camions chargés de San Pellegrino auront circulé durant plus d'un an.

Malgré ce contexte morose et en dépit des difficultés opérationnelles inhérentes au rail, l’Etat persiste à vouloir doubler la part du ferroviaire d’ici à 2030 en passant de 9 à 18 % de parts de marché. Dans ce but, SNCF Réseau a organisé le 15 novembre dernier une journée d'informations, baptisée RégioFret, pour permettre à certains industriels de la région de découvrir les bénéfices et les rouages de ce mode de transport si spécifique. « Ce fut une journée très intéressante. Je suis novice sur la question et ce type d’opération m'a permis d’avoir une vision globale de l'univers du fret ferroviaire et surtout de pouvoir rencontrer les acteurs. Nous pourrions à l'avenir demander à nos fournisseurs de passer par le rail », explique Yves Beaulieu, directeur du développement et de l’innovation de Bronzo Perasso, producteur de granulats et de béton prêt à l’emploi. 
 

Retour des trains à Brégaillon

L’année a été marquée par des opérations spots avec des convois de canalisations et des trains de conteneurs militaires pour l’Arsenal.  ©CCI Var
L’année a été marquée par des opérations spots avec des convois de canalisations et des trains de conteneurs militaires pour l’Arsenal. ©CCI Var
Dans la région, de nouveaux flux pourraient effectivement très bien basculer vers le rail. Le port de Brégaillon à La Seyne-sur-Mer a ainsi renoué en 2023 avec les trains entiers sur les quais après 14 ans d’arrêt d’activité. L’année a été marquée par des opérations spots avec des convois de canalisations et des trains de conteneurs militaires pour l’Arsenal. 
 

« Ces trains de conteneurs sont chargés de matériels qui embarquent sur des cargos pour la Marine Nationale. Quand ces conteneurs reviennent, ils sont ensuite acheminés sur le rail jusqu’à la base navale. C’est un flux global de 300 conteneurs de 20 pieds permettant d’éviter l’équivalent de 150 voyages de poids lourds. Nous sommes très contents de cette dynamique », se félicite Françoise Comte, détachée au port de Toulon par SNCF Réseau.

L'année a également été marquée par les premiers tests pour établir deux lignes régulières de trains fret. Gazel Energie va ainsi importer de la biomasse par Toulon-Brégaillon en complément de ses opérations à Fos. Déchargé des vraquiers, le bois sera acheminé en train jusqu’à la centrale thermique de Gardanne.  « À la fin de l’année nous allons effectuer des trains tests de transport de vracs solides, puis, en 2024, nous débutons l’acheminement par le rail de véhicules neufs », annonce Christine Rosso, directrice des ports de Toulon. Une opération mer/fer réalisée en collaboration avec la TAS (GCA). 

 

François Poyet, acheteur transport d’Alteo. ©NBC
François Poyet, acheteur transport d’Alteo. ©NBC

Une clause de report modal pour les logisticiens

A Fos, en juin dernier, Gazel Energie a accueilli son premier train chargé de grumes issus des forêts du Sud-Ouest, tracté par l’opérateur local RDT13. Alteo porte de son côté une grande opération de report modal. L’industriel, qui a délaissé la bauxite au profit de l’importation d’hydrates d’alumines, fait construire actuellement un entrepôt de 25 000 m2 d’une capacité de stockage de 90 000 tonnes à Fos. A l’achèvement du bâtiment, à horizon mi-2025, les navires ne feront plus escale dans les bassins Est, mais retourneront sur le terminal Carfos. « Il s’agit de décharger l’hydrate d’alumine depuis le navire, de le stocker dans l’entrepôt et d’approvisionner l’usine avec des trains chargés de wagons en vrac », explique François Poyet, acheteur transport d’Alteo. 

Sur Clésud, la Dreal va imposer pour la première fois une clause de report modal au logisticien qui exploitera (pour le compte du distributeur E-Leclerc) le futur bâtiment logistique contigu au terminal combiné TOP.  D’une superficie de 84 000 m2, la plate-forme sera construite par Grans Développement, filiale de JMG Partner, et sera livrée en juin 2025. Cette clause résulte de négociations serrées avec une association de défense de l’environnement.  « Cette clause, qui consiste à imposer le ferroviaire pour une partie des flux, résulte des négociations que nous avons eu avec France Nature Environnement. Suite à un recours en justice de leur part, la construction du lot A a été abandonnée et la construction du lot B intègre cette clause », explique Magali Monnier, chargée de mission port à la Dreal.

Peut-être à l’avenir cette clause sera-t-elle appelée à se généraliser sur des terrains situés à proximité du fleuve ou du rail. C'est en tout cas une piste à explorer dans le cadre de la valorisation du foncier économique sur l’axe Rhône-Saône.




Nathalie Bureau du Colombier




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