80 000 asperges vont sortir de terre sous la serre réalisée par Tenergie à Mallemort. (Photo JC Barla)
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« Avant de parler des projets, je préfère m’assurer qu’ils aient fait leurs preuves » indique Nicolas Jeuffrain, président et fondateur de Tenergie. Le 30 mars, il a jugé la situation suffisamment mûre pour évoquer sur le domaine Saint-Vincent, aux côtés de son propriétaire Laurent Chabert, les performances des 33 000 m2 des deux serres photovoltaïques conçues par ses équipes. Siégeant à Meyreuil, Tenergie emploie 120 personnes pour un chiffre d’affaires consolidé de 207 millions d’euros en 2020. Elle a porté l’investissement de 6 millions d’euros avec ses partenaires banquiers dans l’objectif d’accroître les synergies entre le monde de l’énergie dans lequel elle s’est imposée en devenant le 2ème acteur indépendant du solaire et celui de l’agriculture, en pleine transformation. « Nous avons essayé de nous insérer dans les préoccupations de Laurent Chabert pour cette 1ère installation Tenairlux sur-mesure » poursuit le dirigeant. Opérationnelle depuis avril 2017, la serre a d’abord abrité diverses productions (courgettes, navets, patates douces…). Mais l’activité de prédilection de l’exploitation familiale depuis 40 ans, ce sont les asperges vertes de Provence. Laurent Chabert tenait à l’expérimenter pour voir comment elle réagirait à ces conditions inédites de culture. Il juge aujourd’hui les résultats plus que prometteurs : « Nous sommes parvenus à un rendement de 4 tonnes à l’hectare, très correct pour une première année, avec surtout une qualité exceptionnelle de produit et un apport en eau inférieur de 30% à une culture sous tunnel. En 2022, nous espérons atteindre les 9 tonnes par hectare », explique-t-il. « En un an, nous n’avons utilisé ni pesticide, ni fongicide, grâce à la maîtrise des aérations et des températures qui n’ont jamais dépassé les 35° contre 50° sous tunnel. Enfin, les conditions de travail n’ont plus rien à voir ».
Engagés pour 30 ans
Le producteur n’a pas eu à contribuer à l’investissement, il a fourni son foncier pour le projet. « Tenergie voulait vraiment s’assurer qu’une production fonctionne sous sa serre. Cette approche m’a rassuré » dit-il. Le contrat lie les deux partenaires pour 30 ans. Gorgé d’innovations techniques sur les matériaux utilisés, le positionnement des panneaux, la gestion de la luminosité ou des aérations, le pilotage en fonction des conditions météorologiques, l’équipement aurait déjà dépassé les estimations initiales de production photovoltaïque (3,1 GWh). « Nous souhaitons accélérer désormais la prospection et la concrétisation de projets de ce type. Nous avons une dizaine de dossiers en cours d’instruction. L’exploitant peut participer à l’investissement. L’agriculture est confrontée à de nombreux défis et à des contraintes réglementaires croissantes en matière d’environnement. Nous lui apportons des solutions pour réduire son empreinte carbone dans un modèle vertueux et générateur de nouvelles ressources » confie Nicolas Jeuffrain pour qui l’accès au foncier reste encore l’un des freins majeurs. En France, Tenergie développe, détient et exploite un parc d’un millier de centrales solaires et éoliennes pour 615 MW de puissance installée, 750 sont déjà hébergées par des agriculteurs. Une trentaine de nouvelles serres pourrait être développée dans les trois prochaines années.