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Qista mise et gagne sur le Moyen-Orient


Rédigé le Mercredi 30 Avril 2025 par Jean-Christophe Barla


Le concepteur et fabricant de bornes anti-moustiques à Sénas a déployé près d’un millier de ses bornes aux Emirats Arabes Unis avec l’intention de ne pas s’arrêter là.


Qista piège les moustiques avec ses bornes de manière biologique (Photo JC Barla)
Qista piège les moustiques avec ses bornes de manière biologique (Photo JC Barla)
Avec le retour des beaux jours et après les pluies fréquentes de cet hiver, les moustiques brûlent d’impatience de retrouver sur les terrasses et jardins leurs mets estivaux préférés : nous ! S’ils se régalent de notre sang, leur appétit vorace véhicule aussi son lot de risques pour notre santé, de la simple piqûre qui gratouille à des maladies comme la dengue (plus de 80 cas autochtones et 11 foyers en 2024 principalement en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie) ou le chikungunya, le virus West Nile, dramatique pour les élevages de chevaux… Pour endiguer la prolifération, Qista a développé des bornes anti-moustiques sans insecticide qui consistent à leurrer les femelles en leur faisant prendre le piège de son dispositif pour un être humain et à éviter qu’elles répandent leurs œufs dans chaque flaque ou point d’eau où elles peuvent en pondre jusqu’à 200 en 48h.

Implantée à Sénas, l’entreprise dirigée par Pierre Bellagambi emploie une cinquantaine de personnes pour un chiffre d’affaires de près de 7 millions d’euros (contre 4 en 2023) et a diffusé dans le monde 14 000 unités de ses Qista One, plutôt réservées aux particuliers, et de ses Qista Optima, dernière génération ultra-connectée, apte à filmer les insectes qui s’en approchent pour distinguer chaque espèce. Certaines bornes peuvent même être adossées à une tour couverte de cellules photovoltaïques pour fonctionner en toute autonomie énergétique, comme elle en a installé à Abu Dhabi. « Nos bornes sont présentes dans 36 pays, explique le dirigeant. La France reste notre principal marché, avec 68 % de notre chiffre d’affaires, mais nous avons entamé une forte croissance au Moyen-Orient en 2024, à partir des Emirats Arabes Unis, puisque nous y comptons maintenant plus de 720 bornes connectées et 200 non connectées, dans des maisons individuelles, des palaces et des sites touristiques. Cette implantation nous ouvre d’autres perspectives sur Bahrein, l’Arabie Saoudite, le Qatar… ».

L’entreprise s’est rendue mi-avril à Dubaï au salon PestWorld, événement international consacré à la lutte anti-parasitaire, pour promouvoir les attraits de son innovation avec son partenaire local Al Khayyat Investments. Dans cette région, Qista traite à 80 % avec des gouvernements ou structures publiques alors qu’en France, 80 % de son marché concernent des particuliers déterminés à protéger les abords de leurs habitations. Dans des zones extrêmement exposées, l’entreprise équipe aussi des entreprises soucieuses de préserver leurs salariés ou leurs clients (bases de vie industrielles, hôtels, restaurants, clubs de vacances…).

Accélérer l’industrialisation

Ce qu'il reste des moustiques après avoir été piégés (Photo JC Barla)
Ce qu'il reste des moustiques après avoir été piégés (Photo JC Barla)
Pour poursuivre son expansion, Qista espère boucler une levée de fonds d’ici quelques semaines. Le projet était en vue déjà l’an dernier mais l’instabilité politique française a bouleversé les calendriers. Dans ses 1 400 m2 d’ateliers et laboratoires, sa capacité à sortir 60 bornes par jour lui laisse un peu de temps pour voir venir, mais l’acquisition de moyens supplémentaires, industriels et commerciaux, lui donnera l’opportunité d’accélérer l’approfondissement de ses marchés, à la fois au Moyen-Orient et en Europe où l’Espagne et la Scandinavie s’intéressent à son système qui ne menace pas la biodiversité. « La population est très sensibilisée aux risques des pesticides, c’est un atout pour Qista » indique Pierre Bellagambi. En Camargue, les bornes ont fait l’objet d’un suivi scientifique avec la fondation privée d’utilité publique, La Tour du Valat, à partir de 16 unités étalées sur 1,5 km le long du hameau du Sambuc, entre Arles et Salin-de-Giraud.

Leur taux d’efficacité s’inscrit dans une fourchette de 74 % à 98 %. Mais il reste encore à conquérir les collectivités toujours enclines à privilégier un traitement au BTI, larvicide biologique, malgré ses impacts sur nombre d’oiseaux et insectes (libellules, araignées…).




Jean-Christophe Barla




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