L’économie provençale tient bon face aux turbulences mondiales

Avec un chiffre d’affaires cumulé de 322 milliards d’euros sur 12 mois glissants, en hausse de +5,7 %, les entreprises régionales surperforment la moyenne nationale (+0,5 %). « C’est un des meilleurs chiffres depuis le lancement du Club Conjoncture », se félicite Philippe Renaudi, président de la CCI régionale. Le climat économique, malgré les secousses extérieures, reste donc positif, stimulé par la baisse continue des taux d’intérêt de la Banque Centrale Européenne, qui ont atteint 2,25 % le 17 avril, et un retour progressif de l’inflation en France à 1,5 % en 2025, sans récession.

Mais derrière cette dynamique se cache une inquiétude croissante. L’indice de confiance des chefs d’entreprise s’érode, passant sous la barre symbolique des 60 %. Au premier trimestre 2025, seuls 56 % des dirigeants régionaux se déclarent confiants, un chiffre en légère hausse (+1 point) par rapport à fin 2024, mais toujours loin des niveaux historiques (autour de 70 %). En cause, notamment : les tensions internationales et les barrières douanières érigées par les États-Unis. « Nous allons mettre en place un baromètre pour évaluer la capacité des entreprises à anticiper et gérer ces frais de douane », annonce Philippe Renaudi.

Le secteur viticole, pilier de l’agroalimentaire régional, encaisse de plein fouet cette nouvelle donne. « Les Côtes de Provence réalisent 300 millions d’euros à l’export, essentiellement vers les États-Unis », rappelle Claude Rossignol, vice-président de la Chambre régionale d’Agriculture. Face à l’envolée des droits de douane américains, les viticulteurs doivent composer avec une double peine : des débouchés menacés et une érosion du nombre d’exploitations (-9,8 % en trois ans). Pourtant, l’agriculture régionale continue d’attirer : le nombre d’actifs a progressé de 8 %, et 36 % des exploitations sont engagées en bio, un record national.
La création d’entreprises artisanales reste soutenue avec 27 000 nouvelles structures en 2024. Un chiffre en retrait par rapport à 2023, mais supérieur à celui de 2019. Les activités de services (VTC, bien-être, soins) tirent la dynamique. Dans le même temps, le marché du travail montre des signes contrastés : les embauches reculent de -2,6 %, avec un net repli des CDI (-11,7 %). La construction accuse une baisse de 15 % des recrutements. À l’inverse, le secteur cafés-hôtels-restauration repart à la hausse.
Le nombre d’allocataires du RSA atteint 122 580, en forte hausse. « La loi plein emploi a conduit à une réinscription massive au RSA, en progression de 12 à 20 % », indique Richard Spinosa, directeur de la performance à France Travail PACA, tout en pointant des tensions persistantes sur certains métiers. La situation des travailleurs indépendants devient elle aussi préoccupante, avec une hausse de 20 % des défaillances.
Dans ce contexte incertain, les priorités des chefs d’entreprise se précisent : maîtriser les coûts, conquérir de nouveaux marchés et attirer les talents. Des défis structurants dans un paysage économique qui doit composer avec une conjoncture mondiale instable.