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« Territoire Zéro Chômeur Longue Durée » : Jouques veut tenir sa promesse


Rédigé le Vendredi 17 Décembre 2021 par Jean-Christophe Barla


Pionnier en 2016 de l’expérimentation « Territoire Zéro chômeur longue durée », supervisée par Louis Gallois, volontaire pour 5 ans supplémentaires, le village du pays d’Aix a remis en emploi 116 personnes.


Pour Louis Gallois (debout), l'expérience de Jouques servira à l'extension du dispositif. (Photo JC Barla)
Pour Louis Gallois (debout), l'expérience de Jouques servira à l'extension du dispositif. (Photo JC Barla)
Louis Gallois, président du Fonds d’expérimentation contre le chômage de longue durée, s’est arrêté à Jouques ce 16 décembre pour tracer le bilan de la 1ère étape de l’opération « Territoire Zéro Chômeur Longue Durée » (TZCLD). Le village de plus de 4 000 habitants a été sélectionné en 2016 pour tenter l’expérience durant cinq ans et une large mobilisation locale, publique, privée, associative, bénévole, s’est déployée. L’idée avait été émise à l’origine par ATD Quart Monde, elle a été reprise ensuite par l’Etat sur la base d’une proposition de loi portée alors par le député Laurent Grandguillaume. ELAN, une « Entreprise à but d’emploi » (EBE) a vu le jour, en s’enrichissant de divers pôles d’activité : recyclerie, tourisme, multiservices, atelier bois et agriculture. « Elle est devenue le 1er employeur de la commune, avec près de 50 salariés qui ont retrouvé un travail mais aussi une dignité », explique le maire depuis 2020, Eric Garcin. « Le dispositif a pris en compte le parcours de chacun, ses compétences, ses attentes, par l’écoute et la confiance, et mis en œuvre les solutions les plus adaptées ». Pour Louis Gallois, « l’objectif de l’expérimentation repose sur deux caractéristiques : embaucher en CDI toutes les personnes en chômage longue durée, depuis plus d’un an, et volontaires pour accéder à un emploi. Personne n’est inemployable. En dialoguant, on peut remettre ces demandeurs d’emploi au travail, même si c’est difficile puisque le poste ne doit concurrencer ni un emploi privé, ni un emploi public ! Il y a 2,5 millions de chômeurs longue durée. C’est une plaie, la France est le seul pays d’Europe à en compter autant alors qu’il existe des outils quand tous les partenaires coopèrent sur le territoire ». A Jouques, les résultats sont positifs. ELAN, comme les EBE des autres territoires, a pleinement joué son rôle de « catalyseur du droit à l’emploi », avec un équilibre fondé sur du subventionnement de l’Etat et du Département, des subventions complémentaires pour l’investissement et la production d’un chiffre d’affaires généré par ses activités. Le Comité Local de l’Emploi lui a donné un socle et un accompagnement constant pour réussir sa mission.

Coûts bénéfiques

Près de 200 personnes « durablement privées d’emploi » avaient été identifiées comme éligibles. Au 1er décembre 2021, 116 personnes étaient sorties du chômage, 74 en passant par ELAN, 42 en retrouvant un CDI sans transiter par l’EBE. « Sur les 74, 25 sont aujourd’hui sorties de l’entreprise », explique Evelyne Juignet, la présidente d’ELAN qui compte désormais 49 salariés. « Nous avons choisi de confier le management intermédiaire de nos pôles d’activités à cinq salariés, c’est une responsabilité et une reconnaissance ». Ex-chauffeur routier, Patrick Jablonsky est l’un d’entre eux et coordonne le pôle multiservices. « Il y a des pépites chez les chômeurs longue durée, mais ils n’entrent plus dans les schémas classiques. Ce projet, il est juste ». ELAN pourrait intégrer de nouvelles activités dans la deuxième phase d’expérimentation, comme un atelier culinaire avec légumerie/conserverie. Mais le dispositif reste insuffisamment connu pour l’élargir au-delà de la douzaine de personnes mobilisables à ce jour. « Malgré tous nos efforts, nous sommes conscients qu’il faut mieux informer encore sur le territoire » admet Elvira Caspers, conseillère municipale en charge de l’emploi. Certains chômeurs longue durée ont fini par devenir « invisibles » de toutes les structures d’insertion. « L’expérimentation prend du temps, mais nous devons l’apprécier au regard de ses impacts économiques, sociaux, humains » rappelle Eric Garcin. Pour Louis Gallois, engagé dans le processus d’habilitation de 50 nouveaux territoires, l’objectif est de l’étendre dans cinq ans en France, « du stade artisanal au stade industriel », pour démontrer qu’il coûte moins, compte tenu de toutes les retombées personnelles sur l’estime de soi, la santé, l’éducation, ou collectives sur l’économie locale, les relations sociales, de remettre un chômeur longue durée au travail que de l’indemniser sans perspective…




Jean-Christophe Barla




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