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La redistribution réduit de moitié le nombre de travailleurs pauvres en Provence-Alpes-Côte d'Azur


Rédigé le Mardi 13 Décembre 2022 par Frédéric Dubessy



De gauche à droite, Olivier Sanzeri (chef de projet Insee), Stéphane Lhermitte (DR Insee) et Jean-Philippe Berlemont (DR Dreets) se sont penchés sur les travailleurs pauvres (photo : F.Dubessy)
De gauche à droite, Olivier Sanzeri (chef de projet Insee), Stéphane Lhermitte (DR Insee) et Jean-Philippe Berlemont (DR Dreets) se sont penchés sur les travailleurs pauvres (photo : F.Dubessy)
"Occuper un emploi ne met pas toujours à l'abri de la pauvreté", commente Olivier Sanzeri, chef de projet à l'Insee Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans cette région, 852 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté (17,1% des habitants contre 14,5% en France métropolitaine). Elle occupe le troisième rang en la matière derrière la Corse (18%) et les Hauts-de-France (17,6%).

Selon une étude de l'Insee réalisée en collaboration avec la DREETS (Direction régionale de l'Économie, de l'Emploi, du Travail et des Solidarités) et publiée mardi 13 décembre 2022, 365 000 travailleurs étaient considérés en 2019 comme touchant de faibles revenus d'activités. 292 000 d'entre eux se situaient à un niveau inférieur au seuil de pauvreté (de 1102 € par mois pour une personne seule à 2 304 euros pour un couple avec deux enfants), avant redistribution sociale, mais en prenant en compte l'ensemble des revenus d'activités financiers et fonciers du ménage.

En intégrant tous les autres revenus, ceux de la cellule familiale, les prestations sociales, les impôts directs, ce chiffre tombe. La
redistribution sociale (avec notamment 690€ en prestations mensuelles pour le ménage en moyenne) permet ainsi de réduire de pratiquement de moitié le nombre potentiel de travailleurs pauvres en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ils passent ainsi de 292 000 à 172 000. Ceci représente tout de même 9% des l'ensemble des actifs de la région. Un taux homogène puisqu'en France métropolitaine il est compris entre 8 et 9%. Et très stable depuis 2000.

"L'emploi est protecteur par rapport à la pauvreté"

Personnes actives occupées (au sens du Bureau international du travail) vivant dans un ménage pauvre, ils sont qualifiés de travailleurs pauvres. A contrario, "un travailleur peut avoir un revenu d'activité individuel en-dessous du seuil de pauvreté, mais ne pas être qualifié de pauvre, car le niveau de vie dépend aussi de la composition de son ménage ainsi que de l'ensemble des revenus perçus par ses membres, y compris ceux issus de la redistribution", précise Olivier Sanzeri.

Le portrait moyen d'un travailleur pauvre est un artisan, commerçant, ouvrier ou un employé des services direct aux particuliers disposant d'un emploi précaire et exerçant en temps partiel subi. "Ils se caractérisent aussi par un non-salariat ou un parcours d'activité instable avec une alternance de périodes d'inactivité et/ou de chômage", souligne le chef de projet de l'Insee. Les jeunes et les hommes sont surreprésentés.

"Cette étude valide que l'emploi est protecteur par rapport à la pauvreté. Travailler présente cinq fois mois de risque de se retrouver sous le seuil de pauvreté qu'être au chômage", explique Jean-Philippe Berlemont. Le directeur régional de la DREETS se félicite aussi d'"une politique de redistribution efficace pour éviter les situations où l'activité ne suffit pas à sortir de la pauvreté". Pour Stéphane Lhermitte, son homologue à l'Insee Provence-Alpes-Côte d'Azur, "le Smic est un élément protecteur du travail".

Un travailleur pauvre sur deux à un niveau de vie inférieur à 900 € par mois, contre 2 000 € pour l'ensemble des travailleurs.




Frédéric Dubessy




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