Menu

Congrès de l’ARE : Les clés pour rebondir après la crise


Rédigé le Vendredi 10 Septembre 2021 par Nathalie Bureau du Colombier


Près de 160 experts du redressement judiciaire et des chefs d’entreprises se sont réunis le 10 septembre au tribunal de Commerce de Marseille à l’occasion de la tenue du congrès annuel de l’Association pour le retournement des entreprises (ARE). Avec la fin des aides fin septembre et du PGE en décembre, les professionnels redoutent une hausse des procédures collectives et appellent unanimement à recourir à la conciliation avant qu’il ne soit trop tard.


Philippe Korsia, président de l'UPE 13, Jean-Marc Latreille, président du tribunal de Commerce de Marseille et le président de l'ARE Benoît Desteract. ©NBC
Philippe Korsia, président de l'UPE 13, Jean-Marc Latreille, président du tribunal de Commerce de Marseille et le président de l'ARE Benoît Desteract. ©NBC
« Tous les deux jours, en France, un chef d’entreprise se suicide. Nous intervenons généralement trop tard, le gérant d’une entreprise en difficulté vit dans le déni. Il n’est pas correctement alerté par ses conseils », lâche Florence Valentin qui accompagne, au sein de New Deal Factory, les entreprises en difficulté de Provence-Alpes Côte d’Azur. Le refus de l’échec, l’angoisse à l’idée de pousser la porte du tribunal de Commerce, autant de sujets encore tabous dans la sphère économique. « Notre tribunal fait peur. Raison pour laquelle nous avons déporté l’activité début 2021 dans les Maisons de la justice et du droit à Marseille et Aubagne. Nous invitons les chefs d’entreprise à prendre rendez-vous. La prévention des difficultés des entreprises se trouve au cœur des préoccupations des tribunaux de commerce. », plaide le président du tribunal de commerce de Marseille Jean-Marc Latreille, hôte du congrès organisé le 10 septembre par l’ARE en partenariat avec l’association prévention et retournement.  
 
 

Georges Richelme, ancien président du tribunal de commerce de Marseille et président de la Commission « Mission sur la justice économique ». ©NBC
Georges Richelme, ancien président du tribunal de commerce de Marseille et président de la Commission « Mission sur la justice économique ». ©NBC

« Dans 75% des cas, la prévention aboutit à un accord»

« La prévention fonctionne mais n’est pas utilisée. Elle ne représente que 6 000 procédures en France contre 51 000 dossiers de procédure collective et, dans 75% des cas, elle aboutit à un accord », détaille Georges Richelme, ancien président du tribunal de commerce de Marseille et président de la Commission « Mission sur la justice économique » qui délivre de nouveaux outils juridiques et préconise de consolider les capitaux. « Un tiers des entreprises sont entrées dans la crise avec des fonds propres négatifs », déplore-t-il. 
Le chef d’entreprise n’est pas seul. A ses côtés, de nombreux spécialistes, conseils aux entreprises sont en capacité de le conseiller dans ses démarches : avocat, banquier, mandataire, administrateur judiciaire, expert-comptable… Ces professionnels ont distillé durant près de quatre heures dans la salle des audiences du bâtiment consulaire de précieux conseils aux entreprises sous perfusion depuis mars 2020 qui vont être confrontées dès la fin septembre à la fin des aides d’État et aux premières échéances de remboursement du PGE.  Après un an et demi de stop and go, l’activité économique repart très fort en 2021 avec une courbe en « V » mais pour combien de temps ? 
 

Gratuité du diagnostic, le mandat ad hoc « low cost »

« Les entreprises vont devoir augmenter leur chiffre d’affaires de 5% pour être en capacité de le rembourser dans un contexte de pénurie de main d’œuvre et de l’absence de certaines matières premières qui perturbent l’économie », analyse Xavier Mesguich. Associé chez Eight Advisory, l’expert rappelle l’impact différent de la crise selon les secteurs et les conséquences de celles-ci notamment dans le secteur du textile et habillement.

Le patron de l’entreprise marseillaise Olly Gan, en procédure collective après avoir perdu 10 M€ de chiffre d’affaires, causé par sept mois de fermeture administrative, raconte : « J’ai l’expérience d’une première procédure et j’attendais la mise sous protection de l’entreprise. Les administrateurs judiciaires ont évolué et font un travail énorme. C’est un monde inconnu, avec un langage pas maîtrisé et il faut savoir se faire accompagner et accepter que l’on vous tende la main », souligne Stéphane Paya.
Et si le coût des conseils peut faire hésiter le gérant, l’administrateur judiciaire Frédéric Avazeri, a tenu à rappeler les dispositifs existants, à commencer par la gratuité du diagnostic, le mandat ad hoc low cost d’une durée de trois mois et de 1 500 € à 3 000 € selon les effectifs. Il a également rappelé une grande avancée obtenue avec l’Ordonnance du 20 mai 2020 autorisant lors de l’ouverture de la procédure de conciliation la suspension de l’exigibilité des créances échues. Et d’insister à son tour sur l’importance de la prévention, utilisée notamment dans le secteur de l’hôtellerie, dans un contexte où il s’attend à une hausse des procédures collectives en particulier dans le BTP. « Les carnets de commandes explosent, mais les entreprises sont confrontées à des difficultés d’approvisionnement et une hausse des matières premières », souligne-t-il. 

« Le « quoi qu’il en coûte » a repoussé l’arrivée des dossiers en affaire spéciale. Nous sommes confrontés à un phénomène inédit. Nous avons gelé les échéances en 2020 et lorsque les dossiers arrivent dans les mains des administrateurs judiciaires, ils nous demandent de geler les encours sur 17, 18 voire 20 mois ! Nous sommes face à un mur de dettes », prévient Thierry Crassard, responsable des engagements à CIC Lyonnaise de Banque.  Le bout du tunnel semble encore loin.
Congrès de l’ARE : Les clés pour rebondir après la crise




Nathalie Bureau du Colombier




Abonnement en ligne
à Businews le Mag