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​Emmanuel Macron : Entre copropriétés dégradées et la nouvelle gouvernance d’un grand port Marseille-Lyon


Rédigé le Mercredi 28 Juin 2023 par Nathalie Bureau du Colombier


Au troisième et dernier jour de sa visite à Marseille, le président Emmanuel Macron a présenté des mesures pour lutter contre la dégradation des copropriétés et a annoncé un projet de loi en ce sens. Sur un tout autre registre, il a insisté sur la nécessité d’accélérer sur le report modal et d’élargir l’hinterland de Marseille jusqu'au Danube via le Rhône et la Saône.


Emmanuel Macron, à la rencontre des habitants de la copropriété Benza. ©NBC
Emmanuel Macron, à la rencontre des habitants de la copropriété Benza. ©NBC
Trois jours à Marseille et une série d’annonces phares d’Emmanuel Macron sur la sécurité, la santé, les transports, les écoles. Le dernier jour de sa visite n’a pas échappé à la règle avec des équipes de communication rompues à synchroniser les annonces du président au rythme des séquences de terrain. 

C’est donc dans le quartier de Saint-Loup plus précisément, au cœur de la copropriété Benza, que le président Macron, après un bain de foule, a annoncé, ce 28 juin, sa volonté de changer la loi pour avancer sur le sujet des copropriétés dégradées en activant le levier des expropriations des propriétaires mauvais payeurs et des marchands de sommeil. 
 
Une décision saluée par le maire de la Ville, présent aux côtés de ses adjoints Samia Ghali et Patrick Amico. « Une copropriété comme celle de Benza avec 2 millions d’euros d’arriérés ; c’est impossible de faire l’avance des travaux or il est nécessaire de réparer les ascenseurs surtout pour les personnes âgées, malades, des mamans », a souligné Samia Ghali, maire-adjointe chargée de la stratégie municipale, des projets structurants de la ville. 
Emmanuel Macron a également lancé une « Initiative copropriétés Marseille en grand » en débloquant des moyens supplémentaires pour 13 copropriétés marseillaises. Quatre copropriétés, qualifiées d’intérêt national, vont bénéficier d’un dispositif dérogatoire au droit commun avec, à la clé 800 000 €, pour financer des études préalables à des opérations de requalification. 
Toujours au pas de charge, le président Macron a rejoint en fin de matinée, le toit terrasse de la gare maritime internationale de la Major. 
Aussitôt, la CGT du port et des dockers a mis sa menace à exécution et a cessé le travail une heure en guise de protestation contre la venue du président sur les quais. Un mouvement de grève qui a touché l’ensemble des ports français qui protestent toujours contre la réforme des retraites. S’adressant aux élus locaux, armateurs, industriels, il a réitéré son souhait d’accélérer le report modal sur le fleuve et le rail. Deux ans après l’annonce, au Palais du Pharo, de son souhait de rapprocher les ports de Lyon à Marseille, il a invité les acteurs à « réfléchir à une gouvernance capable de lever les contraintes pour aller plus vite » et pourquoi pas « prendre des lois d’exception ». Il a donné rendez-vous aux acteurs engagés sur la voie de l’intégration en 2024 pour passer à la phase d’exécution.  
 
 

150 M€ pour la décarbonation du port

Parmi les annonces marquantes pour le port, une enveloppe de 150 M€ sera allouée pour poursuivre l’équipement en courant de quai, financer un deuxième filtre à particules sur un deuxième cargo-mixte de la Méridionale et soutenir l’évolution des motorisations des navires avec l’avènement de carburants plus verts (hydrogène, bioGNL). Une nouvelle enveloppe en complément des 75 M€ de l‘État pour financer le volet portuaire du prochain contrat de plan Etat-Région. Rodolphe Saadé, président de CMA CGM, a annoncé la volonté de son groupe d’investir dans la future usine de fabrication de panneaux solaires à Fos. L’armateur qui construit à la Pointe Rouge son université Tangram, sera également au Nord de la ville associé à la création, à l’Estaque, d’une école dédiée à l’économie bleue en partenariat avec Aix-Marseille Université. Rodolphe Saadé a également annoncé l’arrivée de quatre car-carriers à Marseille.  
 

Des réacteurs nucléaires sur le port à l’étude

Séquence "port" sur le toit terrasse de la gare maritime de la Major. ©DR/Pool
Séquence "port" sur le toit terrasse de la gare maritime de la Major. ©DR/Pool
Avant de quitter le port, Emmanuel Macron a émis le souhait d’étudier l’installation de mini réacteurs, SMR et AMR, dans les bassins Ouest. « Il faut se poser la question sans tabou car les besoins que vous avez ne suffisent pas avec les capacités existantes. Les centrales à venir auront vocation à être plus près de la mer », a annoncé Emmanuel Macron. Aucune déclaration en revanche du chef de l’Etat sur une décision inédite dans l’histoire de la sidérurgie à Fos, d’arrêter temporairement l’usine Arcelor Mittal, suite à une décision de l’inspection du travail au motif que les salariés sont exposés à des produits cancérogènes dans l’atmosphère. 

Réagissant à ces diverses annonces Jakob Sidenius, le tout nouveau président de l’Union Maritime et Fluviale de Marseille-Fos, s’est réjoui de l’optimisme du chef de l’État et de la « cohésion des intervenants ». 

Benoît Payan satisfait

Au terme de ces trois journées, le maire de Marseille a déclaré « Je ne suis pas de la sensibilité politique du chef de l’État, je n’attends rien de lui. Donc, quand il fait bien les choses je le dis. Quand, il aide la ville, je sais le dire ».  

La Cité phocéenne serait-elle finalement le trait d’union malgré les clivages politiques ? Avec « Marseille en Grand », Emmanuel Macron veut redresser la barre, changer la ville. Au terme de ces trois journées intenses au contact, à l’écoute des Marseillais des cités, des édiles et des chefs d’entreprises, le chef de l’État serait-il reparti, lui aussi changé, vers la capitale ?... 




Nathalie Bureau du Colombier

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