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​Les professionnels du maritime veulent peser sur la politique européenne


Rédigé le Samedi 27 Avril 2024 par Nathalie Bureau du Colombier


À l’approche des élections européennes du 6 au 9 juin, l’UPE13 a organisé aux côtés de l’UMF Marseille-Fos, un temps d’échanges avec les professionnels portuaires phocéens pour connaître leurs attentes et peser sur la politique européenne.


Pierre-Antoine Villanova, Arthur Gibon et Martin Feraud. © NBC
Pierre-Antoine Villanova, Arthur Gibon et Martin Feraud. © NBC

Les entreprises sont sur le pont, parées à peser sur les élections européennes… L'Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE13) et l'Union maritime et fluviale (UMF) Marseille-Fos ont créé pour cela les Matinales de l'Europe, une série de débat pour sensibiliser les professionnels. Les deux structures avaient choisi le sommet de la tour La Marseillaise, le 23 avril, pour débattre avec le secteur maritime des enjeux européens, sachant que 10 % des sièges du futur Parlement européen seront occupés par des Français. 

« Nous allons investir 800 000 € à Bruxelles pour faire du lobbying et il est important de porter la parole du territoire », souligne Michel Peytou, du cabinet de l’UPE13. « Le transport maritime est international par essence, il est évident d’accorder de l’intérêt aux sujets européens », précise Jakob Sidénius, président de l’UMF  Marseille-Fos. 

Aux côtés de Martin Féraud, président de TCSI et secrétaire général de l’UMF, des personnalités ont témoigné des retombées concrètes de ce qui se joue à Bruxelles. « Près de 70 % des règlements européens s’appliquent en droit français et conditionnent l’aménagement du territoire. L’Europe est une échelle pertinente pour la reconquête de la souveraineté que l’on parle de taxe carbone ou de fiscalité », a souligné Christophe Castaner, qui devrait être renouvelé, vendredi 26 avril, dans ses fonctions de président du Conseil de surveillance du Grand Port de Marseille-Fos. 

Pierre-Antoine Villanova, directeur général de Corsica Linea et président du Club Top 20 a expliqué à quel point les décisions européennes pèsent sur son activité de transporteur maritime. « L’avenir du port de Marseille, dans le cadre de la délégation de service public maritime, se joue à Bruxelles », souligne-t-il, faisant allusion à la bataille juridique engagée depuis des années par Corsica Ferries.

Christophe Castaner devrait être renouvelé, vendredi 26 avril, dans ses fonctions de président du Conseil de surveillance du Grand Port de Marseille-Fos. ©NBC
Christophe Castaner devrait être renouvelé, vendredi 26 avril, dans ses fonctions de président du Conseil de surveillance du Grand Port de Marseille-Fos. ©NBC

Quand le CO2 baisse, le prix des traversées augmente

Il a également évoqué le dumping social. « Nous sommes le deuxième employeur de marins français après Britanny Ferries et le premier en Méditerranée, mais nos coûts globaux sont deux fois plus importants que les navires sous pavillon italien », a-t-il ajouté. L’introduction de la taxe carbone (Emission Trading System) au 1er janvier 2024, a des répercussions financières pour les armateurs européens qui doivent, coûte que coûte, trouver des solutions pour réduire leurs émissions carbone. Nouveaux carburants, itinéraires intelligents, voire même des renoncements à effectuer certaines traversées… 

« En 2024, les compagnies doivent s’acquitter de 40 % de leurs émissions de CO2, taux relevé à 60 % en 2025 pour atteindre 100 % en 2026 », a détaillé Arthur Gibon, avocat du cabinet Richemont Delviso tout en rappelant l’introduction, l’an prochain, de la Méditerranée en zone ECA qui abaissera le taux d' émission de soufre des navires à 0,1 %. Avec un impact de l’ETS évalué à 14 M€ par an, Corsica Linea annonce un « renchérissement progressif
de 4 à 5 % du prix du billet pour les voyageurs  ».

Aujourd’hui, l’enjeu pour les armateurs consiste à capter une partie de cette nouvelle manne financière (dont une partie viendra directement alimenter les caisses de l’État français) pour financer des investissements dans la décarbonation du maritime. Un secteur qui pèse tout de même 3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.




Nathalie Bureau du Colombier

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